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Poésies+7 000

Evariste de Parny

Evariste de Parny

@evaristeDeParny

Le songe (I) Corrigé par tes beaux discours J'avais résolu d'être sage, Et dans un accès de courage Je congédiais les amours Et les chimères du bel âge. La nuit vint ; un profond sommeil Ferma mes paupières tranquilles ; Tous mes songes étaient faciles ; Je ne craignais point le réveil. Mais quand l'aurore impatiente, Blanchissant l'ombre de la nuit, À la nature renaissante Annonça le jour qui la suit : L'amour vint s'offrir à ma vue ; Le sourire le plus charmant Errait sur sa bouche ingénue ; Je le reconnus aisément. Il s'approcha de mon oreille. Tu dors, me dit-il doucement, Et tandis que ton cœur sommeille, L'heure s'écoule incessamment. Ici bas tout se renouvelle, L'homme seul vieillit sans retour ; Son existence n'est qu'un jour Suivi d'une nuit éternelle, Mais encor trop long sans amour. À ces mots j'ouvris la paupière ; Adieu sagesse, adieu projets ; Revenez, enfants de Cythère, Je suis plus faible que jamais.

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Evariste de Parny

Evariste de Parny

@evaristeDeParny

Les adieux Séjour triste, asile champêtre, Qu'un charme embellit à mes yeux, Je vous fuis, pour jamais peut-être ! Recevez mes derniers adieux. En vous quittant, mon cœur soupire. Ah ! plus de chansons, plus d'amours. Eléonore !... Oui, pour toujours Près de toi je suspends ma lyre.

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Evariste de Parny

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@evaristeDeParny

Les regrets Justine est seule et gémissante, Et mes yeux avec intérêt La suivent dans ce lieu secret Où sa chute fut si touchante. D'abord son tranquille chagrin Garde un morne et profond silence : Mais des pleurs s'échappent enfin, Et coulent avec abondance De son visage sur son sein ; Et ce sein formé par les Grâces, Dont le voluptueux satin Du baiser conserve les traces, Palpite encore pour Valsin. Dans sa douleur elle contemple Ce réduit ignoré du jour, Cette alcôve, qui fut un temple, Et redit : Voilà donc l'Amour !

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@evaristeDeParny

Ma mort De mes pensers confidente chérie, Toi, dont les chants faciles et flatteurs Viennent parfois suspendre les douleurs Dont les Amours ont parsemé ma vie, Lyre fidèle, où mes doigts paresseux Trouvent sans art des sons mélodieux, Prends aujourd'hui ta voix la plus touchante, Et parle-moi de ma maîtresse absente. Objet chéri, pourvu que dans tes bras De mes accords j'amuse ton oreille, Et qu'animé par le jus de la treille, En les chantant, je baise tes appas ; Si tes regards, dans un tendre délire, Sur ton ami tombent languissamment ; À mes accents si tu daignes sourire ; Si tu fais plus, et si mon humble lyre Sur tes genoux repose mollement ; Qu'importe à moi le reste de la terre ? Des beaux esprits qu'importe la rumeur, Et du public la sentence sévère ? Je suis amant, et ne suis point auteur. Je ne veux point d'une gloire pénible ; Trop de clarté fait peur au doux plaisir. Je ne suis rien, et ma muse paisible Brave en riant son siècle et l'avenir. Je n'irai pas sacrifier ma vie Au fol espoir de vivre après ma mort. Ô ma maîtresse ! un jour l'arrêt du sort Viendra fermer ma paupière affaiblie. Lorsque tes bras, entourant ton ami, Soulageront sa tête languissante, Et que ses yeux soulevés à demi Seront remplis d'une flamme mourante ; Lorsque mes doigts tâcheront d'essuyer Tes yeux fixés sur ma paisible couche, Et que mon cœur, s'échappant sur ma bouche De tes baisers recevra le dernier ; Je ne veux point qu'une pompe indiscrète Vienne trahir ma douce obscurité, Ni qu'un airain à grand bruit agité Annonce à tous le convoi qui s'apprête. Dans mon asile, heureux et méconnu, Indifférent au reste de la terre, De mes plaisirs je lui fais un mystère : Je veux mourir comme j'aurai vécu.

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Palinodie Jadis, trahi par ma maîtresse, J'osais calomnier l'Amour ; J'ai dit qu'à ses plaisirs d'un jour Succède un siècle de tristesse. Alors, dans un accès d'humeur, Je voulus prêcher l'inconstance. J'étais démenti par mon cœur ; L'esprit seul a commis l'offense. Une amante m'avait quitté ; Ma douleur s'en prit aux amantes. Pour consoler ma vanité, Je les crus toutes inconstantes. Le dépit m'avait égaré. Loin de moi le plus grand des crimes, Celui de noircir par mes rimes Un sexe toujours adoré, Que l'amour a fait notre maître, Qui seul peut donner le bonheur, Qui sans notre exemple peut-être N'aurait jamais été trompeur. Malheur à toi, lyre fidèle, Où j'ai modulé tous mes airs, Si jamais un seul de mes vers Avait offensé quelque belle ! Sexe léger, sexe charmant, Vos défauts sont votre parure. Remerciez bien la nature, Qui vous ébaucha seulement. Sa main bizarre et favorable Vous orne mieux que tous vos soins ; Et vous plairiez peut-être moins, Si vous étiez toujours aimable.

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@evaristeDeParny

Projet de solitude Fuyons ces tristes lieux, ô maîtresse adorée ! Nous perdons en espoir la moitié de nos jours, Et la crainte importune y trouble nos amours. Non loin de ce rivage est une île ignorée, Interdite aux vaisseaux, et d'écueils entourée. Un zéphyr éternel y rafraîchit les airs. Libre et nouvelle encor, la prodigue nature Embellit de ses dons ce point de l'univers : Des ruisseaux argentés roulent sur la verdure, Et vont en serpentant se perdre au sein des mers ; Une main favorable y reproduit sans cesse L'ananas parfumé des plus douces odeurs ; Et l'oranger touffu courbé sous sa richesse, Se couvre en même temps et de fruits et de fleurs. Que nous faut-il de plus ? cette île fortunée Semble par la nature aux amants destinée. L'océan la resserre, et deux fois en un jour De cet asile étroit on achève le tour. Là je ne craindrai plus un père inexorable. C'est là qu'en liberté tu pourras être aimable, Et couronner l'amant qui t'a donné son cœur. Vous coulerez alors, mes paisibles journées, Par les nœuds du plaisir l'une et l'autre enchaînées : Laissez moi peu de gloire et beaucoup de bonheur. Viens ; la nuit est obscure et le ciel sans nuage ; D'un éternel adieu saluons ce rivage, Où par toi seule encore mes pas sont retenus. Je vois à l'horizon l'étoile de Vénus : Vénus dirigera notre course incertaine. Éole exprès pour nous vient d'enchaîner les vents ; Sur les flots aplanis Zéphyre souffle à peine ; Viens ; l'Amour jusqu'au port conduira deux amants.

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Raccommodement Nous renaissons, ma chère Éléonore ; Car c'est mourir que de cesser d'aimer. Puisse le nœud qui vient de se former Avec le temps se resserrer encore ! Devions-nous croire à ce bruit imposteur Qui nous peignit l'un à l'autre infidèle ? Notre imprudence a fait notre malheur. Je te revois plus constante et plus belle. Règne sur moi ; mais règne pour toujours. Jouis en paix de l'heureux don de plaire. Que notre vie, obscure et solitaire, Coule en secret sous l'aile des Amours ; Comme un ruisseau qui, murmurant à peine, Et dans son lit resserrant tous ses flots, Cherche avec soin l'ombre des arbrisseaux, Et n'ose pas se montrer dans la plaine. Du vrai bonheur les sentiers peu connus Nous cacheront aux regards de l'envie ; Et l'on dira, quand nous ne serons plus, Ils ont aimé, voilà toute leur vie.

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Réflexion amoureuse Je vais la voir, la presser dans mes bras. Mon cœur ému palpite avec vitesse ; Des voluptés je sens déjà l'ivresse ; Et le désir précipite mes pas. Sachons pourtant, près de celle que j'aime, Donner un frein aux transports du désir ; Sa folle ardeur abrège le plaisir, Et trop d'amour peut nuire à l'amour même.

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Souvenir Déjà la nuit s'avance, et du sombre Orient Ses voiles par degrés dans les airs se déploient. Sommeil, doux abandon, image du néant, Des maux de l'existence heureux délassement, Tranquille oubli des soins où les hommes se noient ; Et vous, qui nous rendez à nos plaisirs passés, Touchante illusion, Déesse des mensonges, Venez dans mon asile, et sur mes yeux lassés Secouez les pavots et les aimables songes. Voici l'heure où trompant les surveillants jaloux, Je pressais dans mes bras ma maîtresse timide. Voici l'alcôve sombre où d'une aile rapide L'essain des voluptés volait au rendez-vous. Voici le lit commode où l'heureuse licence Remplaçait par degrés la mourante pudeur. Importune vertu, fable de notre enfance, Et toi, vain préjugé, fantôme de l'honneur, Combien peu votre voix se fait entendre au cœur ! La nature aisément vous réduit au silence ; Et vous vous dissipez au flambeau de l'amour Comme un léger brouillard aux premiers feux du jour. Moments délicieux, où nos baisers de flamme, Mollement égarés, se cherchent pour s'unir ! Où de douces fureurs s'emparant de notre âme Laissent un libre cours au bizarre désir ! Moments plus enchanteurs, mais prompts à disparaître, Où l'esprit échauffé, les sens, et tout notre être Semblent se concentrer pour hâter le plaisir ! Vous portez avec vous trop de fougue et d'ivresse ; Vous fatiguez mon cœur qui ne peut vous saisir, Et vous fuyez sur-tout avec trop de vitesse ; Hélas ! on vous regrette, avant de vous sentir ! Mais, non ; l'instant qui suit est bien plus doux encore. Un long calme succède au tumulte des sens ; Le feu qui nous brûlait par degrés s'évapore ; La volupté survit aux pénibles élans ; Sur sa félicité l'âme appuie en silence ; Et la réflexion, fixant la jouissance, S'amuse à lui prêter un charme plus flatteur. Amour, à ces plaisirs l'effort de ta puissance Ne saurait ajouter qu'un peu plus de lenteur.

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@evaristeDeParny

T'aimer est le bonheur suprême Oui, j'en atteste la nuit sombre Confidente de nos plaisirs, Et qui verra toujours son ombre Disparaître avant mes désirs ; J'atteste l'étoile amoureuse Qui pour voler au rendez-vous Me prête sa clarté douteuse ; Je prends à témoin ce verrou Qui souvent réveilla ta mère, Et cette parure étrangère Qui trompe les regards jaloux ; Enfin, j'en jure par toi-même, Je veux dire par tous mes Dieux, T'aimer est le bonheur suprême, Il n'en est point d'autre à mes yeux. Viens donc, ô ma belle maîtresse, Perdre tes soupçons dans mes bras. Viens t'assurer de ma tendresse, Et du pouvoir de tes appas. Cherchons des voluptés nouvelles ; Inventons de plus doux désirs ; L'amour cachera sous ses ailes Notre fureur et nos plaisirs. Aimons, ma chère Éléonore : Aimons au moment du réveil ; Aimons au lever de l'aurore ; Aimons au coucher du soleil ; Durant la nuit aimons encore.

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@evaristeDeParny

T'en souviens-tu, mon aimable maîtresse T'en souviens-tu, mon aimable maîtresse, De cette nuit où nos brûlants désirs Et de nos goûts la libertine adresse À chaque instant variaient nos plaisirs ? De ces plaisirs le docile théâtre Favorisait nos rapides élans ; Mais tout-à-coup les suppôts chancelants Furent brisés dans ce combat folâtre, Et succombant à nos tendres ébats, Sur le parquet tombèrent en éclats. Des voluptés tu passas à la crainte ; L'étonnement fit palpiter soudain Ton faible cœur pressé contre le mien ; Tu murmurais, je riais de ta plainte ; Je savais trop que le Dieu des Amants Sur nos plaisirs veillait dans ces moments. Il vit tes pleurs ; Morphée, à sa prière, Du vieil Argus que réveillaient nos jeux Ferma bientôt et l'oreille et les yeux, Et de son aile enveloppa ta mère. L'aurore vint, plutôt qu'à l'ordinaire, De nos baisers interrompre le cours ; Elle chassa les timides amours ; Mais ton souris, peut-être involontaire, Leur accorda le rendez-vous du soir. Ah ! si les dieux me laissaient le pouvoir De dispenser la nuit et la lumière, Du jour naissant la jeune avant-courrière Viendrait bien tard annoncer le soleil ; Et celui-ci, dans sa course légère, Ne ferait voir au haut de l'hémisphère Qu'une heure ou deux son visage vermeil. L'ombre des nuits durerait davantage, Et les Amants auraient plus de loisir. De mes instants l'agréable partage Serait toujours au profit des plaisirs. Dans un accord réglé par la sagesse, Au doux sommeil j'en donnerais un quart ; Le Dieu du vin aurait semblable part ; Et la moitié serait pour ma maîtresse.

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À mes amis Rions, chantons, ô mes amis, Occupons-nous à ne rien faire, Laissons murmurer le vulgaire, Le plaisir est toujours permis. Que notre existence légère S'évanouisse dans les jeux. Vivons pour nous, soyons heureux, N'importe de quelle manière. Un jour il faudra nous courber Sous la main du temps qui nous presse ; Mais jouissons dans la jeunesse, Et dérobons à la vieillesse Tout ce qu'on peut lui dérober.

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@evaristeDeParny

À un ami trahi par sa maîtresse Quoi ! tu gémis d'une inconstance ? Tu pleures, nouveau Céladon ? Ah ! le trouble de ta raison Fait honte à ton expérience. Es-tu donc assez imprudent Pour vouloir fixer une femme ? Trop simple et trop crédule amant, Quelle erreur aveugle ton âme ! Plus aisément tu fixerais Des arbres le tremblant feuillage, Les flots agités par l'orage, Et l'or ondoyant des guérets Que balance un zéphyr volage. Elle t'aimait de bonne foi ; Mais pouvait-elle aimer sans cesse ? Un rival obtient sa tendresse ; Un autre l'avait avant toi ; Et dès demain, je le parie, Un troisième, plus insensé, Remplacera dans sa folie L'imprudent qui t'a remplacé. Il faut au pays de Cythère À fripon fripon et demi. Trahis, pour n'être point trahi ; Préviens même la plus légère ; Que ta tendresse passagère S'arrête où commence l'ennui. Mais que fais-je ? et dans ta faiblesse Devrais-je ainsi te secourir ? Ami, garde-toi d'en guérir : L'erreur sied bien à la jeunesse. Va, l'on se console aisément De ses disgrâces amoureuses. Les amours sont un jeu d'enfant ; Et, crois-moi, dans ce jeu charmant, Les dupes mêmes sont heureuses.

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À un homme bienfaisant Cesse de chercher sur la terre Des cœurs sensibles aux bienfaits ; L'homme ne pardonne jamais Le bien que l'on ose lui faire. N'importe, ne te lasse pas ; Ne suis la vertu que pour elle ; L'humanité serait moins belle, Si l'on ne trouvait point d'ingrats.

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À Éléonore (III) Ah ! si jamais on aima sur la terre, Si d'un mortel on vit les dieux jaloux, C'est dans le temps où, crédule et sincère, J'étais heureux, et l'étais avec vous. Ce doux lien n'avait point de modèle : Moins tendrement le frère aime sa sœur, Le jeune époux son épouse nouvelle, L'ami sensible un ami de son cœur. Ô toi, qui fus ma maîtresse fidèle, Tu ne l'es plus ! Voilà donc ces amours Que ta promesse éternisait d'avance ! Ils sont passés ; déjà ton inconstance En tristes nuits a changé mes beaux jours. N'est-ce pas moi de qui l'heureuse adresse Aux voluptés instruisit ta jeunesse ? Pour le donner, ton cœur est-il à toi ? De ses soupirs le premier fut pour moi, Et je reçus ta première promesse. Tu me disais : « Le devoir et l'honneur Ne veulent point que je sois votre amante. N'espérez rien ; si je donnais mon cœur, Vous tromperiez ma jeunesse imprudente On me l'a dit, votre sexe est trompeur. » Ainsi parlait ta sagesse craintive ; Et cependant tu ne me fuyais pas ; Et cependant une rougeur plus vive Embellissait tes modestes appas ; Et cependant tu prononçais sans cesse Le mot d'amour qui causait ton effroi ; Et dans ma main la tienne avec mollesse Venait tomber pour demander ma foi. Je la donnais, je te la donne encore. J'en fais serment au seul dieu que j'adore, Au dieu chéri par toi-même adoré ; De tes erreurs j'ai causé la première ; De mes erreurs tu seras la dernière. Et si jamais ton amant égaré Pouvait changer, s'il voyait sur la terre D'autre bonheur que celui de te plaire, Ah ! puisse alors le ciel, pour me punir, De tes faveurs m'ôter le souvenir ! Bientôt après, dans ta paisible couche Par le plaisir conduit furtivement, J'ai malgré toi recueilli de ta bouche Ce premier cri si doux pour un amant ! Tu combattais, timide Eléonore ; Mais le combat fut bientôt terminé : Ton cœur ainsi te l'avait ordonné. Ta main pourtant me refusait encore Ce que ton cœur m'avait déjà donné. Tu sais alors combien je fus coupable ! Tu sais comment j'étonnai ta pudeur ! Avec quels soins au terme du bonheur Je conduisis ton ignorance aimable ! Tu souriais, tu pleurais à la fois ; Tu m'arrêtais dans mon impatience ; Tu me nommais, tu gardais le silence : Dans les baisers mourut ta faible voix. Rappelle-toi nos heureuses folies. Tu médisais en tombant dans mes bras : Aimons toujours, aimons jusqu'au trépas. Tu le disais ! je t'aime, et tu m'oublies.

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Élégie Oui, sans regret, du flambeau de mes jours Je vois déjà la lumière éclipsée. Tu vas bientôt sortir de ma pensée, Cruel objet des plus tendres amours ! Ce triste espoir fait mon unique joie. Soins importuns, ne me retenez pas. Eléonore a juré mon trépas ; Je veux aller où sa rigueur m'envoie, Dans cet asile ouvert à tout mortel, Où du malheur on dépose la chaîne, Où l'on s'endort d'un sommeil éternel, Où tout finit, et l'amour et la haine. Tu gémiras, trop sensible Amitié ! De mes chagrins conserve au moins l'histoire, Et que mon nom sur la terre oublié Vienne parfois s'offrir à ta mémoire. Peut-être alors tu gémiras aussi, Et tes regards se tourneront encore Sur ma demeure, ingrate Eléonore, Premier objet que mon cœur a choisi. Trop tard, hélas ! tu répandras des larmes. Oui, tes beaux yeux se rempliront de pleurs. Je te connais, et malgré tes rigueurs, Dans mon amour tu trouves quelques charmes. Lorsque la mort, favorable à mes vœux, De mes instants aura coupé la trame, Lorsqu'un tombeau triste et silencieux Renfermera ma douleur et ma flamme ; Ô mes amis ! vous que j'aurai perdus, Allez trouver cette beauté cruelle, Et dites-lui : c'en est fait, il n'est plus. Puissent les pleurs que j'ai versés pour elle N'être rendus !... Mais non ; dieu des Amours, Je lui pardonne ; ajoutez à ses jours Les jours heureux que m'ôta l'infidèle.

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@evaristeDeParny

Ô la plus belle des maîtresses Ô la plus belle des maîtresses, Fuyons dans nos plaisirs la lumière et le bruit ; Ne disons point au jour les secrets de la nuit ; Aux regards inquiets dérobons nos caresses. L'amour heureux se trahit aisément ! Je crains pour toi les yeux d'une mère attentive ; Je crains ce vieil argus, au cœur de diamant, Dont la vertu brusque et rétive Ne s'adoucit qu'à prix d'argent. Durant le jour, tu n'es plus mon Amante. Si je m'offre à tes yeux, garde-toi de rougir ; Défends à ton amour le plus léger soupir ; Affecte un air distrait ; que ta voix séduisante Évite de frapper mon oreille et mon cœur ; Ne mets dans tes regards ni trouble, ni langueur. Hélas ! de mes conseils je me repens d'avance. Ma chère Éléonore, au nom de nos amours, N'imite pas trop bien cet air d'indifférence ; Je dirais, c'est un jeu ; mais je craindrais toujours.

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