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Poésies+7 000

A

Abdellatif Bhiri

@abdellatifBhiri

Genèse Avant l’éclosion d’un poème Il faut bien tout un rituel Même dans un lieu habituel La page blanche n’est plus blême La plume danse enchantée Les vers s’alignent en harmonie Les rimes chantent leur symphonie Orchestrée par des gorgées de café Malgré le vacarme qui règne Le poète semble en absence Il sourit aux gens avec aisance N’est-ce pas d’eux qu’il s’imprègne ? Dans le doute ce sont les ratures Qui ne durent qu’un laps de temps Le poète célèbre le printemps Et son texte est enfin mature C’est à ce moment seulement Que le rituel est en accalmie Le poète retrouve ses amis Satisfait de son « garnement » !

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Chronique de la citadelle d'exil Écrire, écrire, ne jamais cesser. Cette nuit et toutes les nuits à venir. Quand je suis enfin face à moi-même et que je dois déposer mes bilans. Plus d'uniforme. Je ne suis plus l'arpenteur égaré d'un espace calculé pour la promenade réglementaire. Je n'obéis plus à la misère des ordres. Mon numéro reste derrière la porte. J'ai fini de boire, manger, uriner, déféquer. J'ai fini de parler pour appeler les choses par leurs noms usés. Je fume d'interminables cigarettes dont la fumée ressort des poumons en éclats de chaînes, en volutes acres de rejets. La nuit carcérale a englouti les lumières artificielles du jour. Des étoiles échevelées peuplent la voûte des visions. Écrire. Quand je m'arrête, ma voix devient toute drôle. Comme si des notes inconnues s'accrochaient à ses cordes, poussées par des tempêtes étranges, venues de toutes les zones où la vie et la mort se regardent et s'épient, deux fauves aux couleurs inédites, chacun tapi, prêt à bondir, lacérer, anéantir le principe qui fonde l'autre. Écrire. Je ne peux plus vivre qu'en m'arrachant de moi-même, qu'en arrachant de moi-même mes points de rupture et de suture, là où je sens davantage la déchirure, la collision, là où je me fragmente pour revivre dans d'incalculables ailleurs : terre, racines, arbres d'intensité, effervescence grenue à la face du soleil. Écrire. Quand l'indifférence s'évanouit. Quand tout me parle. Quand ma mémoire devient houleuse et que ses flots viennent se fracasser contre les rivages de mes yeux. Je déchire l'amnésie, surgis armé et moissonneur implacable dans ce qui m'arrive, dans ce qui m'est arrivé. Doucement mon émoi. Doucement ma détresse de ce qui fuit. Doucement ma fureur d'être. Écrire. Quand il m'est impossible de seulement penser à toi. Et que ma main n'en peut plus de brûler à ton absence là, ton souffle régulier ou haletant, l'odeur de tes cheveux, l'infini de ton épaule, ce silence où je devine coulant tout doucement en moi chaque variation de ta sensibilité. Tu déplaces une main, tu croises ou décroises les jambes, tes paupières cillent, et je sais l'exact frisson qui te traverse, le moment où cette lumière t'incommode, l'instant où tes narines frémissent à la fragrance qui vient de naître, l'image, oui l'image filante qui a brouillé tes iris. Tant de bonheur, est-ce possible ? Tu as la chair de poule seulement au bras gauche et tu plonges de nouveau dans cette vague mutuelle qui nous berce. Mais doucement ma tendresse. Doucement ma fringale de certitude. Doucement mon rêve destructeur d'aphasie. Écrire, écrire, ne jamais cesser. Dix ans. C'est quoi dans l'équation d'une vie ? C'était une aube, au creux de ta chaleur. Quand t'étais-tu endormie ? Quand suis-je rentré ? Puis la sonnette s'est affolée. Ils défonçaient la porte à coups de poing. Nous avions su tout de suite. J'ai bondi hors du lit, me suis mis à la fenêtre, ai écarté précautionneusement le rideau. La voiture noire était en bas, dans la rue. Phares éteints. Une Fiat 125. Plus de doute. Puis nous avons entamé les préparatifs, comme pour un long voyage. La sonnette s'affolait, fis défonçaient la porte à coups de poing. Ecrire. Impossible de faire autrement. J'ai réfléchi à m'en trouer la cervelle sur ce besoin qui m'a investi. Depuis si longtemps. Et qui fait que la réalité qui se présente à moi est toujours fonction d'une autre, à venir. Qui fait que le présent est un projet permanent, le lieu où j'accumule la matière, les matériaux d'un édifice dont je ne connais encore rien, que je ne peux qu'appréhender comme la pulsation d'un nouvel organe qui s'est logé en moi, grossit à faire mal et petit à petit organise sa fonction. Comment dire cet espionnage vigilant et maniaque du réel ? Et son arène, c'est le vaste théâtre de nos luttes, de nos douleurs, du génocide et des résurrections, de toute vitalité qui ploie sous le joug du silence, de tous les cris clandestins, de toutes les mémoires décapitées. J'ai réfléchi à m'en trouer la cervelle sur ce besoin qui m'a investi. Mais doucement ma lucidité. Doucement ma hargne contre les ténèbres de l'indicible. Ecrire. Ce matin glacial de janvier. Premier jour d'exil. J'étais couché sur un banc, pieds et mains ligotés. Un chiffon me couvrait entièrement le visage. L'eau coulait, traversait le linge, se versait dans le nez. Impossible d'en boire. - Verse par petites quantités, disait quelqu'un à un autre. - Et toi, maintiens-lui la tête bien collée au banc, chuchotait la même voix. - Verse encore, encore un peu, s'acharnait la voix. - Ça suffit maintenant, concluait la voix. On aurait dit une démonstration autour d'une table de dissection. « Conscience professionnelle », souci du travail « propre » et bien fait. Je ne les voyais pas. J'entendais des voix à distances inégales, le bruit des souliers raclant le sol. Des mains visqueuses aplatissaient ma tête contre le banc. J'étouffais lentement. Je pensais au rythme de la résistance et de la mort pressentie. Mais quelle image, quel éclair d'idée de ce foisonnement pourraient rendre l'ampleur de ce moment où la ligne de vie se distendait, s'amincissait comme une corde à linge tirée violemment par les deux bouts et qui arrive au point où les fils commencent à craquer un à un ? Écrire, ne pas s'arrêter. À chaque page triompher de ce malaise, de ce sentiment d'inanité qui me paralyse par à-coups. Peut-on écrire, seulement écrire pour ébranler la férule de l'état de siège, lorsque chaque rue est devenue un traquenard, lorsque les réduits de la torture affichent complet, lorsqu'un peuple entier se vide quotidiennement de son sang, lorsqu'un pays est mis aux enchères, découpé en petits et gros lots de lupanars, de bases de meurtre, de chairs-graisse à machines, de mains esclaves. Et que dire que Fhomme-de-la-rue, que le moindre adolescent jeté sur le trottoir du chômage et de l'errance ne connaissent et reconnaissent comme la face livide du malheur familier : attente, matraque, mépris, balles, haine solidifiée. Mais doucement affres du doute. Doucement ma nausée. Doucement mon volcan irrédentiste. Écrire. Cette nuit devant moi, neuve de son silence, des mots qui germent, s'ordonnent et qui viendront entrelacer mon souffle, l'agencer en voix. Il fait bon fumer. Un train siffle dans le lointain. S'approche. Essaim de lucioles invisibles. Chaleur dans les compartiments. Le bar bondé de consommateurs. Voyageurs somnolents aux rêves cahotés, plus ou moins erotiques. Un autre train s'en détache, roule dans la plaine andalouse, me restitue Grenade. Nous deux à Grenade. Tout était émerveillement : s'accouder à un zinc pour prendre un petit verre de jerez, se donner la main, épeler le nom des rues, regarder travailler les artisans calligraphies, dépositaires de l'héritage de l'Alhambra, demander son chemin à des passants avec lesquels le dialogue même le plus élémentaire vous transmet un frisson de fraternité, dormir, se réveiller au même degré d'intensité. Grenade où il était déchirant de s'aimer. Un train siffle dans le lointain. S'approche. Me traverse de part en part. Se détache du tunnel de mon corps. Et de nouveau le silence que trouble si peu l'aboiement timide d'un chien probablement dérangé dans son assoupissement. Écrire. Au jour le jour l'étau. Prisonnier ! Qu'est-ce à dire ? Une cellule tout ce qu'il y a de plus cellule : 2,30 mètres x 1,30 mètre environ. Écrire. Est-ce l'épreuve seule qui a fait de nous ce que nous sommes devenus, dans notre rapport l'un à l'autre, dans nos rapports aux autres ? Il a fallu nous connaître, nous faire mal, errer de piétinements en balbutiements, nous taire et nous isoler faute de comprendre, triompher allègrement lorsqu'un rayon de lumière venait nous révéler une nouvelle acception de la tendresse, épauler notre désarroi, nous ouvrir la voie pour une étape inédite. Puis nous nous sommes mis à parler à mesure que le monde autour de nous devenait plus réel, à mesure que la poésie nous humanisait, à mesure que notre peuple par ses luttes et ses sacrifices nous octroyait une patrie vivable, à mesure de notre propre réveil au don. Tout ce périple, au bout duquel nous avons découvert que nos mains se ressemblaient terriblement, où nous avons découvert la fraternité. Écrire. De nouveau cette nuit incommensurable. Un avion surgit brusquement dans le silence. Son vrombissement éclate comme des orgues aériennes détraquées. Il doit s'apprêter à atterrir. Pourquoi est-ce si poignant ? Et mon corps comme une caisse de résonance qui fourmille de partout. Tu vois, un rien déclenche en moi ta présence, ce qui ne peut être simple souvenir mais vécu vibratoire qui me secoue sur mon grabat, me serre la gorge, me fait déposer le stylo, allumer machinalement une cigarette et m'éloigne dans cet espace croisé qui défie le temps et où nous marchons côte à côte, comblés. Écrire. Dois-je l'avouer. Je n'ai qu'une relative confiance en les mots, quand bien même je les tourne et les retourne dans tous les sens, les prononce à haute voix pour vérifier si le timbre n'en est pas fêlé, s'il ne s'est pas glissé dans le nombre quelques unités de mauvais aloi. Et quand je les enfile et ordonne, je dois me relire et me relire pour m'assurer encore que ce que j'ai écrit n'est ni ésotérique ni étranger à ce qui est recevable comme le fonds commun de nos peines et espérances. Écrire est une telle responsabilité. Et du moment que je l'assume (oh oui je l'assume), il n'est pas possible de biaiser, de se contenter de l'à-peu-près. Il faut pouvoir défendre chaque mot, chaque phrase, et si possible n'avoir rien à défendre, faire en sorte qu'ils s'adressent et s'imposent à la sensibilité de chacun comme ce crépitement familier de la pluie indispensable à la terre, comme ces fleurs innombrables et souvent étranges sans lesquelles le printemps avorte. Mais doucement mon intransigeance. Doucement démon rationnel de la poésie. Écrire, écrire, ne jamais cesser. Cette nuit et toutes les nuits à venir. Encore une nuit où je ne peux qu'écrire, me heurter à ce silence qui me nargue dans son idiome d'exil. Je me tends entièrement pour explorer cette voix de la nuit carcérale. J'écoute, et peu à peu j'en perçois l'harmonie, j'en parcours l'étendue, reçois comme en contrepoint ses échos sanglants. Je traque le silence, lui arrache la puissante rumeur contre laquelle ses digues cèdent de plus en plus, s'effondrent en un fracas qui m'éblouit et s'éparpillent dans la nuit. Le pays vient à moi, chant aérien surgi du fond de l'histoire, forge d'incandescence et de sueurs, de muscles huilés battant l'enclume de la matière rebelle, semailles, moissons, pain et olives noires partagés, écume de thé brûlant dont on se passe le verre de main en main, trompes, musettes et tambours soulevant les ruelles en processions bariolées, rires et trémoussements d'enfants ivres de musiques et de parfums, chevilles rouges de femmes juchées sur des tables rondes, battant la mesure avec les pieds, les seins vibrant en mûres grenades de fraîcheur, frénésie de crotales, musiciens déconnectés égorgeant ostensiblement des violons surchauffés, électrocutant les tambourins, éventrant des luths dodus flambant de toutes leurs incrustations. Long silence puis le pays revient à moi, la face ravagée, méconnaissable. Cris ici ou là, d'une rixe, d'un viol, d'un meurtre. Cris d'enfants aux yeux hagards fouettés pour apprendre et se taire. Cris de deuils et de pleureuses se lacérant les joues, s'arrachant les cheveux, battant le sol de leurs foulards, se tapant les cuisses et se cognant la tête contre les murs. Cris de nourrissons abandonnés dans les baraques des bidonvilles, dans la pénombre de tous les manques. Cris chauffés à blanc de malnutrition et de fièvres. Cris de femmes battues à mort par des mâles saouls et désespérés. Gémissements et râles de ces femmes terrorisées, embrassant les pieds de leur agresseur pour demander pitié, pour l'amour de Dieu, pour les enfants, pour les misères partagées. Cris de Mars portés par le vent de haine des insurgés, écoliers mitraillés en plein soleil des fausses indépendances, blindés dinosauriens contre de tout petits rêves pressentis dans la germination des jours, la marée du soleil, le sourire des hommes. Cris de mes camarades sous le perchoir, la pau de ara, la magnéto. Cris quand le cri devient espéranto de résistance, mélopée épique du drame humain et de l'espérance. Oh mes doux camarades, ma chair hallucinée, mon cœur gros d'amour à n'en plus pouvoir, vos yeux inoubliables de promesses, notre tendresse irrépressible.

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Des rêves a la pelle Des rêves à la pelle comme si mes jours débordaient et que ma plume était verte Je dors avec mes ombres et me réveille sans ô nuit résiste Le dieu de l'aube dévore tes enfants

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Faculte Naturelle Entendons-nous bien : je ne chante pas la rareté je n'appelle pas à de nouveaux privilèges Pour moi l'amour est un levier du poème intégral Je le veux donc bien public je le veux faculté naturelle

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Gloire a ceux qui nous torturent De vous à moi la vérité jurez-moi de ne pas me croire nous attendons qu'une roue fissure des chairs non comestibles ou qu'un œil s'éteigne pour avoir été témoin nul carnassier ne viendra repriser les césariennes on torture apothéose artifice de pogroms feu de squelettes gloire gloire la face paisible du bourreau la main douce qui charcute et l'univers coule son petit train-train de morales encore encore le doux nectar du mal la vivifiante souffrance écumoire de diaphragmes bille de bulbes gloire ô le noble regard du coupeur de têtes le fond musical des pilules de cyanure ô l'effluve de ce vitriol nous attendons cadavres ou fossiles et la fête macabre monte une ordalie sans prévenir l'on torture et l'on tenaille ce qui bat et l'on pilonne ce qui puise et l'on sectionne ce qui ligature crimes sur table gloire gloire nous sommes le peuple élu érigé sur les pointes de fatalité pour nous les lendemains qui chantent les fleuves de miel et de lait le sacrifice frères le sacrifice exil dans le sacrifice ô l'apothéose des gorges prêtes au sacrifice l'héritage le sadisme d'Abraham l'héritage la foi terrassée par les miracles l'abondance spontanée du désert miracle nous ne souffrons pas ô l'arcade pure du tueur à gages le chatouillis des électrodes et le bistouri nettoyant les vertèbres encore encore respirer tous les gaz gloutonnement avaler des grenades gloire au peloton d'exécution embrasser l'envers et l'endroit du doigt mûr qui caresse la gâchette qui nous tue la fonte étincelle mort-né échappé au scalp de l'ordre je ne voulais pas être de ce théâtre non marionnette je ne voulais pas qu'on m'exécute comiquement sur les gradins mais rester valve algue corps battant de respiration élémentaire diastole rester pharynx sans une possibilité pour la plus forte vie être de cette nuit que ne démantèle pas le jour de ce levain non de cette pâte être enfin de ces tubercules vénéneux de racines refus net cette soi-disant complication d'organismes parlants je refuse cette procréation d'automates vous avez dépeuplé le langage et le monde vous avez dépeuplé la vie désappris le pardon de toute roche masse solidifiée de masse en masse confrontation l'air vicié des cases les jardins surélevés on meurt encore de faim je ne parle pas de la guerre de la recolonisation du tiers-monde des greffes qui ne prennent pas c'est moi seul que je congratule de ces tortures comme une outre qu'on bat dans ma chair le poème je réponds à la violence par la violence je ne contrôle pas les impulsions de mon poing patience toutes ces vies m'appartiennent je parlerai de tout avant qu'une main payée ne vienne me poignarder dans le dos patience je vais parler des morts qui m'ont devancé ceux que je fréquente et ceux à venir tout sera dit je vous en fais serment ces chiens ont sali notre mémoire qui voudra de cette histoire où des rats visqueux ont trotté abolir pour commencer ensuite la récidive les textes formels on ne nous la fera pas le napalm coince la mitraillette la sarbacane par-derrière la lune pour bientôt les îles les steppes et basculer le tas dans un désert de salines quelques martiens viendront achever les rescapés laideurs laideurs dans la rigueur des jours-termes je ne vois que des assassins cette fraternité assassine qui boucle l'arc la cible propulsée dedans le crime salut barbarie des grandes famines salut silex tribal salut jungle de crudité quelque chose en moi se réveille encore une fois le miracle du corps je commence par nier ma main se dresse se casse et se retourne prend le sexe froidement l'étalé

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Grève de la faim Parlons d'ailleurs de cette grève de la faim C'est une forme de lutte que les hommes de ma condition ont expérimentée au cours de la longue histoire des mutilations Certes c'est un acte passif mais lorsqu'on n'a que sa poitrine nue à opposer à l'arsenal de l'arbitraire la seule arme qui nous reste c'est ce souffle irrépressible en nous l'épuiser jusqu'à la limite extrême risquer son extinction pour que sauve soit notre dignité Le soleil est fade quand on a faim et les nuits d'insomnie sont glaciales On pense à tellement de choses sérieuses ou cocasses J'avoue que quand j'étais le moins grave c'était l'idée des nourritures terrestres qui me tourmentait J'imaginais un tas de bonnes choses à manger toute ma culture gastronomique y passait mais va, je n'ai pas honte de ces pensées-là car ce qui domine dans cette attente cette croisière vers l'inconnu c'est le sentiment de l'immense force au sein de la faiblesse la supériorité de celui qui résiste face à celui qui l'opprime Oui la vie est une arme redoutable qui effrayera toujours les cadavres armés Ce qui domine c'est encore une fois la fraternité des douleurs La torture des affamés c'est donc ce goût putride et blessant dans la bouche ces yeux exorbités et froids dans le brouillard du jour ces tripes qui se tordent et plient sous le désespoir du vide Ce qui domine c'est encore une fois la fraternité des douleurs Les idées foncent à travers la nuit deviennent matérielles elles ne sont pas les miennes ou celles de l'autre ou de l'autre mais celles de tous les exclus du soleil Ce qui domine c'est encore une fois la fraternité des douleurs car notre faim n'est pas mirage de pactoles n'est pas concupiscence des mégalopoles à genoux devant le veau d'or et de stupre notre faim est d'une nouvelle terre habitée par des hommes nouveaux d'un soleil partagé sans mesure mercantile d'une paix irrémédiable au grand dam des bâtisseurs de différences Aussi en ces jours d'abstinence c'était une fierté pour moi que d'avoir faim et de troubler ainsi la misérable quiétude des affameurs de notre peuple

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Histoire des sept crucifies de l'espoir Gongs d'annonce tambours témoins la forêt s'est tue pour écouter le bruissement de sept rigoles de sang Le fleuve coule et chuinte dans le brouillard Que s'est-il passé et quel vent de meurtre criblé de haine et de vengeance a soufflé sur la ville Pourquoi la nuit était-elle irrespirable le sommeil lacéré de cauchemars Pourquoi le pain crissait-il sous la dent l'eau avait-elle cet arrière-goût de charogne D'où venait ce râle de sirène détraquée qui affola toutes les bêtes et ne s'éteignit qu'avec les premiers rayons du soleil ? Gongs d'annonce tambours témoins ce n'est que maintenant que nous déchiffrons vos lamentations que nous recollons les bribes de cette histoire que vous battiez sauvagement désespérément dans le crépuscule des commencements et lorsque nous comprîmes enfin gongs d'annonce tambours témoins le fleuve avait déjà avalé sept rigoles de sang et repu coulait impassiblement vers la mer Ô nuit des dupes aube de traîtrise vous êtes entrées dans notre histoire comme une écharde infrangible enracinée au centre de mémoire Notre peuple n'oubliera pas jamais n'oubliera Battez résonnez battez tam-tams hilares mains de potences et de hachoirs caillots d'étoiles à vau-l'eau giclant de la nuque et se perdant dans les gouttières du temps Battez résonnez battez gongs et cymbales tambours cannibales de Sodome et Gomorrhe narguant la justice au zénith de leurs sévices Gongs de satrape espiègle résonnez Que sa volonté soit faite dans cette nuit à carapace venimeuse où nous vomissons nos tripes Et vous gongs d'annonce tambours témoins battez résonnez battez plus fort pour raconter l'histoire des sept crucifiés de l'espoir

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Inseparables Pauvre corps étriqué et mal foutu Je te remercie de ton hospitalité Tu pousses la tolérance jusqu'au vice J'en profite sans vergogne Je t'use et tu m'uses Inséparables nous sommes mais pas dupes

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

J'aime notre expérience humaine J'aime notre expérience humaine Quand je pense à ce que fut notre histoire depuis l'apparition de la vie de ses formes les plus élémentaires jusqu'à cet être controversé qu'est l'homme le déploiement foudroyant de l'intelligence oui cette expérience valait la peine et je le dis sans ambages je suis un fanatique de notre espèce

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

L'adieu au Père Le cheval hennit au fond de la vieille ruelle Son cri monte par les escaliers pousse la porte de la terrasse et fuse dans le ciel moutonneux Les voix décalées des muezzins lui répondent Les premiers beignets chauds embaument et l'aube retient son souffle Je suis là, ô mon alezan malgré la distance et le poids des ans Je n'ai pas oublié de puiser l'eau pour toi et de remplir ta mangeoire Je t'écoute Mon père referme la porte de la maison Ses pas résonnent dans la vieille ruelle et peu à peu s'éloignent

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

L'usage de la liberté Cela fait déjà quelque temps il m'arrive d'être tiré brutalement de mes rêveries et de regarder autour de moi en me demandant Qu'est-ce que je fais là est-il bien vrai que je sois en prison ? Étrange sensation qui fait qu'à l'instant où par une impulsion irrésistible vous éprouvez le besoin de faire usage de votre liberté à l'instant même votre condition réelle vous éblouit vous strangule de son évidence et votre geste tombe la main qui en portait l'offrande votre liberté émigré vers d'autres rêves qui se mettent à prendre un goût sauvage des formes irrédentistes Ils se multiplient tournoient follement autour de votre acte-rêve manqué devenu noyau du tourbillon qui tourne tourne jusqu'à le digérer pour en nourrir tous les possibles tout ce qui ne peut se détruire qu'une fois ayant réveillé et nourri l'exigence des hommes qu'une fois ayant brisé l'étau Maison centrale de Kénitra, 1975-1976

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Le soleil n'a pas de patrie Parfois oh si rarement tu n'en pouvais plus du tourbillon du quotidien de l'érosion du travail visible et invisible de ce vide qui s'élargit autour de toi fait de la lâcheté des uns du désert intérieur des autres et tes larmes coulaient indépendamment de ta volonté mais bien vite le sourire revenait soulevait ton poing fermé avant les adieux À ces moments j'étais désemparé et l'exemple permanent d'espoir qui me venait à l'esprit était celui de ces femmes des rizières portant bien haut aujourd'hui la voûte du ciel de Hô Chi Minh Qui dit qu'elles n'ont jamais pleuré lorsqu'elles transportaient la terre piquaient le riz moissonnaient sous les bombes ? Mais toujours elles peinaient guettant le ciel les oiseaux d'acier et de carnage et plus encore le soleil rouge de la victoire certaine Nous aussi nous avons comme une guerre à soutenir Elle est moins dévastatrice mais peut-être plus subtile Nous aussi nous guettons notre ciel ses promesses Alors tu finissais par convenir avec moi que nous serons toujours les plus forts car le soleil n'a pas de patrie

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Les tueurs sont à l’affût Mère, ma superbe mon imprudente Toi qui t’apprêtes à me mettre au monde De grâce, ne me donne pas de nom Car les tueurs sont à l’affût Mère, fais que ma peau soit d’une couleur neutre Les tueurs sont à l’affût Mère, ne parle pas devant moi Je risque d’apprendre ta langue et les tueurs sont à l’affût Mère, cache-toi quand tu pries laisse-moi à l’écart de ta foi Les tueurs sont à l’affût

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Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi

@abdellatifLaabi

Liberté Ton nom peu importe Dame-des-Douleurs dans l'absence torride se dénudant à l'aube incorruptible fulgurante comme le sein impétueux de l'aimée Peu importe ton nom terre où vivre après le déluge du sang insomniaque phénix migrateur éparpillant les cendres de la mort lente sur les champs magnétiques du souvenir Ton nom peu importe si tu es dégel d'aurores boréales dans le rêve prémonitoire du prisonnier rebelle si tu es cascade de fraîcheur dans le désert des nuits claquemurées Dame-des-Douleurs Terre Phénix migrateur pour toi relever la tête face à la courbe de l'horizon restitué pour saluer ta résurrection secrète

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Abdelmajid Benjelloun

@abdelmajidBenjelloun

L'éternite ne penche que du côté de l'amour Je ne m'aime pas même si je suis mon tout premier prochain. Cette image de l'homme sautillant sur la Lune n'est pas plus extraordinaire que la pierre immobile. Tel homme est malade. Sa maladie est sociale. Sa maladie s'appelle la haine. Il vit. mais il se soigne à la haine d'autrui. Ce comique imite quelqu'un qui n'existe pas. C'est la barque qui montre l'ondulation de la mer. La paix ne s'exporte pas, la guerre, si. Il est des courtoisies qui surviennent par défaut de noblesse. Elle m'apporte un verre de soif. Et elle le boit avec moi. Mes mains accomplissent, ô miracle, la pierre dans ses seins ! Des dessins rupestres m'attendent chez une jeune fille. Je dois les recopier sur ma vie. Qu'elle le sache ou non. Les pas, étincelles du voyage. Le silence est un effet secondaire de l'infini. C'est drôle : la goutte de pluie tombée sur l'arbre s'accroche encore à l'une de ses branches avant de tomber au sol. Tel poète se retire dans le monde. Ce que j'aime chez cet artiste flamand, c'est qu'il est un peintre de l'inaudible. La pierre a la tête dans l'immobilité et les pieds dans le silence. Par l'immobilité, la pierre fait front à l'absolu. De la pierre monte l'immobilité comme le rêve premier. Chez la pierre, l'immobilité est labeur.

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Abderrahmane Amalou

@abderrahmaneAmalou

Avoir encore de l'amour Avoir encore de l'amour Dans un coeur ému Par la trace des maux, Lui qui a tant reçu, Aujourd'hui fait le sourd Aux coups de la faux! Prier dans son coeur Plus que de raison Car les maudits moments, Abandonnés ailleurs, Rendent au visage enfoui Le sourire puis l'oubli! Alors des sources bénies L'eau sans cesse jaillit En redonnant aux fruits Le vrai goût si chéri: Avoir encore de l'amour Un peu plus chaque jour!

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Abderrahmane Amalou

@abderrahmaneAmalou

Effrayé par tant de tourage Souvent les pièges anciens Se tendent près des buissons, Avec la lyre et l'épée: Ils attendent d'un air serein Que le naif fasse le bond Pour obtenir la bonne clé! Quand les fossés sont comblés Et les sentiers empruntés Que certains,sans dire,convoitent: Alors suivre l'aigle à la hâte, Accepter les traces de griffe Mais en refusant la gifle! Effrayé par ce courage Que tant de pics ont fauché, Dans le fond trop remué Juste pour le mettre en cage Où celui des "Autres" est passé Bien qu'il soit âgé et futé!

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Abderrahmane Amalou

@abderrahmaneAmalou

Habiter son silence Sentir une caresse, Un souffle sur le visage, Un murmure à l'oreille... Qui giflent le sommeil! Et l'Autre ,en face,se dresse Comme invité au partage! Tel un revenant Accroupi dans l'ombre , Distant ,il attend, Occupe toute la chambre, Se blottit dans le lit Puis devient "l'ami"! Se brûler de souffrance Pour peu de joies volées Qui dévoilent le secret En habillant le silence Que l'artiste de décor Retient jusqu'à l'aurore!

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Abderrahmane Amalou

@abderrahmaneAmalou

Mentir un peu, se mentir Mentir un peu, se mentir Mentir comme un bleu, En laissant partir De ses yeux La rengaine de la malvie ! Pourtant les scènes Qui font tant réfléchir , Qui font tout hair , Souvent collent Pendant la nuit Pour une simple parole ! Entrer dans la danse Pour quelques séquences , Aller dans ce sens En se donnant raison , Oublier son rang En s'oubliant un peu !

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Abderrahmane Amalou

@abderrahmaneAmalou

O doute dormant Céder à l'invitation, Au doute dormant Qui regagne l'escorte Du feu et de la flamme Pour prêter main forte A la prise des armes! Arranger son propre camp A la taille du "blessé" Juste pour la journée, Le brouillard si frappant Tente d'en faire un errant Du fade au salé!! Enfin le gourmet-gourmand Troublé par le bruit dans l'oeil Se fait promener par l'oreille jusqu'à la graine mise en terre Dévorée par son propre ver: Là,il s'écoute dans le vent!

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Abderrahmane Amalou

@abderrahmaneAmalou

Souffrir d'une tendresse Souffrir d'une tendresse Offerte même sans reflet Changeante à chaque réponse Lorsque l'innocence s'abaisse Craintive comme l'égaré A la recherche des sens! Trembler à son réveil Ebloui de beaux songes Sur lesquels l'espoir veille Quand s'invite le mensonge Par la porte entre ouverte Mettant tout en alerte! Décevoir cette tendresse Quand le pardon se dresse Pour faire la même prière: Chercher le meilleur mot, Beaucoup plus de lumière Pour calmer les assauts!

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Abderrahmane Amalou

@abderrahmaneAmalou

Venir de loin... Regarder les uns Gagner du terrain D'un pas si certain Avec absolument rien! Ecouter les autres Arranger aux "apôtres" Le fond de leur bourse Avec des peaux d'ours! Certains les yeux baissés Par peur de vérité Préfèrent se cacher Dans les lieux truffés! Quand le vent souffle le sable Que rien ne retient : Quitter sans mot la table En repartant d'où l'on vient!

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Achille Chavée

@achilleChavee

Art Poétique Écrit sur un drapeau qui brûle le collage des contrastes le colloque des contraires union confusion fusion action l'oiselet dans le vent le désir dans le rêve la neige de l'intégrité le désespoir qui brise sa rapière L'invisible se proportionne aux dialectes de nos rêves J'en parle pour nous être utile pour mesurer notre puissance Calvaire calcaire broyer souffrir la laine de la pensée les mots copulent nous nous aimons indivisibles les mots sont faits pour obéir

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Achille Chavée

@achilleChavee

Au jour la vie Antan qui veut dire jadis est un piège de seins fanés voyageur nain dans le wagon géant entends tourner le long disque des roues sur l'aiguille du rail Danse chante pense ou pleure au rythme de la matière selon ta nocturne et profonde nature et tu verras bientôt dans le disque lunaire plus belle que Phryné une femme faisant l'amour avec le grand aventurier de marbre noir Sur la hampe de la mort il y a un calice d'or où boit l'hirondelle de sel Le temps est Temps Le grand rideau de la mémoire s'est déchiré dans le temple du Seul Le ver est dans le fruit le fruit est dans le ventre le ventre est dans le corps le corps est dans le temps le temps est dans l'horloge l'horloge est dans l'attente l'attente est une pincée de tapioca L'univers est un poing fermé qui laisse couler du sable dans un gant de cristal L'univers est un bouchon de liège sur un litre de néant Sur le tillac du cargo fantôme un gentleman en habit noir conduit une brouette de réverbères Vieillir devenir vieux se sentir incapable de signer le moindre crime passionnel Sous un ciel pavé de mauvaises intentions lorsque tu la pousses du pied dans l'abîme reconnais que la terre est ronde pour Louis Van de Spiegele Convenons du signal de la révolution : une femme nue sélective tachée de lumière et de sang tombant en parachute rouge sur la place de la républiqu Un spacieux tombeau d*ardoise où pour tuer l'éternité le mort enraciné dans l'esprit de révolte écrirait à la craie le récit de ses démêlés avec Dieu Dans le mauve violacé pour qui s'éveille dans son ombre il y a des dentelles de sexe bleu un viol inscrit dans un labyrinthe fatal Couleur ô couleur couverte de blessures tu saignes silencieuse et des âmes désespérées s'écoulent de tes plaies tordant en moi leur longue chevelure O couleur je t'aime et je te bois je bois ton sang de lumière panique éclairant ma mémoire d'abîme qui est source métaphysique de la nuit

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Achille Chavée

@achilleChavee

Cristal de vivre J'aurais voulu écrire un livre sur le bonheur de vivre où la joie éclatait en explosions successives où le matin était l'angoisse heureuse d'être où le crépuscule du soir était un apaisant baiser de l'inconnu j'aurais voulu être mangé comme un fruit de lumière être bu comme une tisane de bonté j'aurais voulu vous présenter le merveilleux bouquet de roses sans épines que je n'ai pas trouvé Du temps que j'étais milliardaire un éléphant vêtu de noir près de moi vint s'asseoir en me disant pardon confrère Du temps que j'étais souris blanche je suis sorti de souricière au jour perdu de ma naissance mais je n'ai pas gagné au change Du temps que j'étais hanneton je fus aussi dans la prison de l'allumette et dans celle des horizons Du temps trouvé pour être un homme et pour penser à moi aussi je n'ai cueilli sur l'arbre que la pomme pleine des vers de mon souci à Edouard Faucon O nuit horrible aurore horrible soleil horrible mémoire horrible ô dérisoire identité universelle vacherie Et si le Jésus-Christ est Dieu tant mieux et mieux vaut lui qu'un autre crocodile spirituel Vous le voyez j'ai quelquefois la connerie de croire en des instants d'immense lassitude que je me ferais bien à sa mâchoire ainsi qu'un très petit oiseau du Nil Fusillez-moi je l'autorise Et ne pas faire le dresseur de puces intellectuelles et ne pas oublier lorsque je mange que mon petit chien me regarde et penser quand je fais l'amour que c'est acte de dieu et dévorer le monde en affame de vérité à Armand Simon N'importe quel homme peut bien m'assassiner au tout premier tournant venu et je dirai adieu veaux vaches cochons couvées très calmement ainsi que se prononce le mot dormir dormir dans la voiture du néant traînée par quatre sauterelles sans mémoire chacun sachant ce que parler veut dire Douce maman soyez heureuse auprès de Dieu ne pensez plus à moi je vous en prie oubliez-moi dans l'inconnu dans Pinescamotable aventure de vivre dans son atrocité autorisez que s'accomplissent les derniers pas d'irréparable à Paul Michel Avoir tiré des dizaines de fois à boulets rouges sur son âme son cœur et progresser avec l'imprudence du sage dans les ruines de son propre destin c'est vivre c'est modeler dans l'invisible la matière indissoluble de son noyau c'est graver dans la muraille d'ombre les traits secrets de son dernier visage Hommes vous m'entourez de toutes parts hommes ma bonne volonté vous cerne hommes vous torturez les étendues les façades de l'incidence les oripeaux de la saison les sédiments spirituels hommes je suis en vous à votre insu je suis la belle négation de vos maîtresses prétendues hommes je suis toujours en vous comme un serment de contingence d'étonnante fidélité d'aromatique probité hommes vous ne pourrez jamais m'atteindre que dans le sang que je vous donne à Albert Snchelbaut Un jour viendra sans doute où nous serons en communication avec le monde des insectes avec les termites muets avec les aveugles fourmis Qu'est-ce que parler humain veut dire au fond du gouffre de la pensée ! Et je me vois très bien buvant un bock avec un insecte asexué à la table effrayante de l'éternité Insecte je bois à ta santé à nos bonnes santés interminables Écrire le poème unique qui a plus d'importance que d'être né que d'être encore en vie Écrire le poème unique intraduisible de survie l'ayant porté en soi humainement comme a porté Marie

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Achille Chavée

@achilleChavee

De vie et mort naturelles L'heure Exacte C'était la nuit l'incomparable c'était la haute solitude comme si j'avais été encore dans le ventre qui m'a créé m'etreignant dans la totalité de sa poitrine invulnérable Septembre 1961

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Achille Chavée

@achilleChavee

Pour mieux aimer a Irène Hamoir Dans la beauté menacée menaçante il y a place encore pour un duel désespéré et pour la fuite éperdue d'une gazelle dans les savanes du rêve Dans la beauté menacée menaçante il y a place toujours pour une femme prisonnière dans la cloche de cristal qui sonne son temps d'être perdue et d'être aimée chaque fois que ses seins se mettent à luire comme des cibles de phosphore Dans la beauté menacée menaçante il y a place pour un lit de corail toujours sanglant sous le baiser de l'œil et pour un échafaud de papier rouge il y a place encore pour les corolles de la solitude bouquet qui se fane dans un soleil d'arrière-saison Dans la beauté menacée menaçante il y a place pour une statue aux vaincus refusant de civiliser les vainqueurs et pour une grande avenue de marbre noir se perdant dans les sables de l'avenir Il y a place encore pour un musée qui n'ouvre que la nuit avec ses fantômes assermentés qui trichent au poker et des souris d'hôtel fuyant dans les galeries en maillot noir collant comme le vice Dans la beauté menacée menaçante il y a place encore et toujours pour un décor d'intempéries mentales comme la pluie rouge d'angoisse l'orage des prédestinations pour un trou mutilé faisant figure de symbole et pour quelques reproductions légères dans le goût triomphant du jour Dans la beauté menacée menaçante il y a place pour un alibi d'épave un cimetière de rire pour un faux timbre-poste un vrai clou un nénuphar il y a place enfin et toujours pour tous les cataclysmes naturels sexuels et sociaux qui font un levain de révolte de la sciure de cadavre 5 septembre 1941

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Adonis

@adonis

Entre tes yeux et moi Quand je plonge mes yeux dans les tiens je vois l'aube profonde je vois l'hier ancien Je vois ce que j'ignore et je sens que passe l'univers entre tes yeux et moi

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Adonis

@adonis

Hier J'ai fermé la porte de ma chambre avec la prime étoile J'ai tiré l'unique rideau et j'ai dormi avec ses lettres Et voilà l'oreiller mouillé et les mots pleins je suis magicien, son nom est encens et encensoir je suis magicien, elle est étincelles et temple aux primes braises je m'étends dans l'épaisseur de la fumée je dessine les signes je jette un charme à sa blessure L'efface avec ma peau O toi blessure ô enfer éclairant Ô toi blessure ô mort ma familière Dans la blessure il y a des tours avec des anges Une rivière ferme ses portes, des herbes marchent Un homme se dénude Il effeuille la myrte sèche et il rend grâces, L'eau tombe goutte à goutte sur sa tête, Il se prosterne et disparaît je rêve - Je lave la terre jusqu'au miroir je la frappe d'une muraille de nuages d'une haie de feu Et je bâtis une coupole de larmes je les façonne Que m'as-tu préparé comme ultime cadeau ? « - Ma chemise, celle qui le jour des noces nous entourait. Et je descendrai avec toi dans la tombe Pour te rendre facile la mort de l'amour te mélange avec mon eau et je te donne à boire à la mort je te donne mon bien : la tombe et la gratuité de la mort. » Une fois je l'ai vue sur la terre un flacon Mer qui se penche Pleine de conques et créatures réincarnées Oiseaux et ailes Et lors j'ai dit Que la transparence de femme soit la transparence du ciel Que le monde devienne une pierre de sexe Et je la verrai mer qui se penche J'aimerai son écume et creuserai pour elle un coin près de mon œil je jurerai aux vagues qu'elles sont mes voisines Promenant selon leur sel mes angoisses Elles veillant avec moi ou s'endormant Lisent en moi leur propre écho : Il dit : (Tu es ange et tu ne vois que sous la peau C'est entre toi et l'ange l'unique ressemblance Ne veux-tu découvrir le continent des profondeurs? Donc, abandonne À quelque autre que toi le continent des cimes.)

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Adonis

@adonis

Index des travaux du vent J'ai écrit mon identité A la face du vent Et j'ai oublié d'écrire mon nom. Le temps ne s'arrête pas sur l'écriture Mais il signe avec les doigts de l'eau Les arbres de mon village sont poètes Ils trempent leur pied Dans les encriers du ciel. Se fatigue le vent Et le ciel déroule une natte pour s'y étendre. La mémoire est ton ultime demeure Mais tu ne peux l'y habiter Qu'avec un corps devenu lui-même mémoire. Dans le désert de la langue L'écriture est une ombre Où l'on s'y abrite. Le plus beau tombeau pour un poète C'est le vide de ses mots. Peut-être que la lumière T'induira en erreur Si cela arrive Ne craint rien, la faute est au soleil

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