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Les poésies les plus envoûtantes vous attendent...

Ne manquez plus jamais d'inspiration avec les poésies originales. Partagez l'émotion et la beauté des vers avec ceux qui vous entourent.

Poésies+7 000

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Adonis

@adonis

Toucher la lumière Par une nuit de pleine lune essaye de fixer la galaxie Tu verras qu’elle est cours d’eau avec tes bras pour affluents ta poitrine pour estuaire Aujourd’hui le ciel a écrit son poème à l’encre blanche Il l’a appelé neige Ton rêve rajeunit tandis que tu vieillis Le rêve grandit en marchant vers l’enfance Le rêve est une jument qui au loin nous emporte sans jamais se déplacer Le nuage est las de voyager Il descend à la plus proche rivière pour laver sa chemise A peine a-t-il mis les pieds dans l’eau que la chemise se dissout et disparaît Une rose sort de son lit prend les mains du matin pour se frotter les yeux Le palmier parle avec son tronc la rose avec son odeur Le vent et l’espace vagabondent main dans la main Arc-en-ciel ? Unité du ciel et de la terre tressés en une seule corde Il marche sur les versants de l’automne appuyé au bras du printemps Le ciel pleure lui aussi mais il essuie ses larmes avec le foulard de l’horizon Quand vient la fatigue le vent déroule le tapis de l’espace afin de s’y allonger Dans la forêt de mes jours aucune place sauf pour le vent Pour toucher la lumière tu dois t’appuyer sur ton ombre Je sens parfois que le vent est un enfant qui crie porté sur mes épaules Comment décrire à l’arbre le goût de son fruit ? A l’arc le travail de la corde ? Telle une main la lumière se déplace sur le corps des ténèbres C’est l’épaule de l’espace qui s’effondre là-bas sous les nuages noirs L’espace dans l’œil de la guillotine est lui aussi tête à couper Tu ne peux être lanterne si tu ne portes la nuit sur tes épaules Je conclurai un pacte avec les nuages pour libérer la pluie Un autre avec le vent pour qu’il nous libère les nuages et moi La parole est demeure dans l’exil chemin dans la patrie Qu’il est étrange ce pacte entre les vagues et le rivage – le rivage écrit le sable les vagues effacent l’écriture Mémoire – ton autre demeure où tu ne peux pénétrer qu’avec un corps devenu souvenir.

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A

Adélaïde Dufrenoy

@adelaideDufrenoy

La jalousie Dernier trésor d’une amie, Toi dont les chastes amours Aux jours sombres de ma vie Font succéder de beaux jours, Ah ! Pardonne à ma tendresse Le caprice et le soupçon ; Quand on aime avec ivresse On perd souvent la raison. Je sais que ton âme pure Méprise un art imposteur, Que je te fais une injure En soupçonnant ta candeur. J’abhorre la jalousie, Qui m’atteint de son poison ; Mais je t’aime à la folie ; Je perds souvent la raison. À mes injustes alarmes Loin d’opposer des froideurs, Lorsque tu verras mes larmes Presse ton cœur sur mon cœur ; Qu’un regard, un doux sourire, Bannissent mon noir soupçon ; Montre-moi plus de délire, Et j’aurai plus de raison.

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A

Adélaïde Dufrenoy

@adelaideDufrenoy

Le besoin d’aimer Pourquoi depuis un temps, inquiète et rêveuse, Suis-je triste au sein des plaisirs? Quand tout sourit à mes désirs, Pourquoi ne suis-je pas heureuse? Pourquoi ne vois-je plus venir à mon réveil La foule des riants mensonges? Pourquoi dans les bras du sommeil Ne trouvé-je plus de doux songes? Pourquoi, beaux-arts, pourquoi vos charmes souverains N’enflamment-ils plus mon délire? Pourquoi mon infidèle lyre S’échappe-t-elle de mes mains? Quel est ce poison lent qui pénètre mes veines, Et m’abreuve de ses langueurs? Quand mon âme n’a point de peines, Pourquoi mes yeux ont-ils des pleurs?

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A

Adélaïde Dufrenoy

@adelaideDufrenoy

Le bonheur d’aimer Il est auprès de moi, sa main presse ma main, Sa bouche s’embellit du plus charmant sourire, Son teint s’anime, je soupire, Sa tête mollement vient tomber sur mon sein ; Là je respire son haleine, Son haleine en parfum plus douce que la fleur. De ses bras l’amoureuse chaîne Rapproche mon cœur de son cœur ; Bientôt nos baisers se confondent, Ils sont purs comme nos amours : Nous demeurons sans voix ; Seuls nos yeux se répondent ; Ils se disent tout bas : Toujours, toujours, toujours !

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A

Adélaïde Dufrenoy

@adelaideDufrenoy

Le pouvoir d’un amant J’aime tout dans l’objet de ma fidèle ardeur, Le génie et le caractère ; J’aime son regard enchanteur, Son souris malin et flatteur, Et son humeur grave et légère. J’aime son esprit juste et fin ; J’aime encor les jaloux caprices Qui lui font haïr le matin Ce qui le soir fait ses délices ; J’aime son air noble et lutin. J’aime le pouvoir despotique Que son cœur orgueilleux exerce sur le mien ; Ses éloges adroits, son adroite critique, Me font chérir son entretien. Il n’a que plus de grâce alors qu’il est coupable : En vain se défend-on de vivre sous sa loi, On l’adore en dépit de soi ; Nul n’a plus de défaut, et nul n’est plus aimable. S’il est parfois un peu trompeur, Il sait par tant d’amour expier tant d’alarmes Qu’aux pleurs qu’il fait répandre on trouve encor des charmes. Son tendre repentir donne encor le bonheur. Sa flamme maintenant à la mienne est égale ; Mais, s’il pouvait changer un jour, Il me ferait, je crois, lui pardonner l’amour Qu’il sentirait pour ma rivale.

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A

Adélaïde Dufrenoy

@adelaideDufrenoy

Le répit C’est trop en des vœux superflus Perdre les jours de mon bel âge ; C’est trop par des soins assidus D’un ingrat mendier l’hommage : Dès ce moment ne l’aimons plus ; C’est le seul parti qui soit sage. Mais ce soir en secret il demande à me voir… Son cœur peut-être a su m’entendre ; Peut-être que ce soir l’entretien sera tendre… Aimons l’ingrat jusqu’à ce soir.

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A

Adélaïde Dufrenoy

@adelaideDufrenoy

L'espoir trompé Après un an de mortelles douleurs, Quand de mes feux j'allais guérir peut-être, Dans la retraite où je cachais mes pleurs Soudain j'ai vu l'infidèle apparaître. Son air ému, son discours enchanteur, Et son regard, qui, dangereux flatteur, Quand il le veut dit si bien je t'adore, D'un doux espoir ont fait battre mon cœur ; J'osai penser qu'il m'aimerait encore : Je recueillis ce regard, ce discours, Cet air ému, cette douce promesse D'être pour moi comme dans mes beaux jours ; Mais rien, hélas ! n'était de la tendresse. Je ne devais qu'au désir d'un moment De son retour l'ivresse mensongère ; Mon court bonheur ne fut qu'une chimère ; Je le paierai d'un éternel tourment.

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A

Ahmed Balbadaoui

@ahmedBalbadaoui

À ma fille Fadwa Lorsque j'ai écrit ton nom sur le poignet d'un minaret, celui-ci s'est écroulé. J'ai alors réparti les lettres du nom sur des palmes. Cela m'a donné une lune verte. J'ai essayé d'écrire le même nom sur la cuisse d'un minaret. Il s'est écroulé. J'ai de nouveau écrit le nom sur des palmes. Une pluie de dattes vertes m'a surpris et m'a ouvert la porte de la mer. Fadwa, porte de la mer ! Lorsque j'ai commencé à tracer la première lettre de ton nom mes doigts se sont comme étranglés Je me suis rappelé une femme vidant d'en haut un seau d'ordures sur la tête d'un enfant de deux ans qui marchait paisiblement sous le balcon J'ai ri, car dans mon pays les enfants sont une vigne sauvage une rivière de bananes et de mûres Fadwa, porte de la mer billet de douce union avec le monde sais-tu ce que coûte le voyage dans les îles de la pureté ? Ne crains rien, j'ai tout consigné .depuis les douleurs de l'enfantement jusqu'à ce jour J'avais pour plume le soufre, la pluie pour encre et les fleuves pour encrier J'ai noté que tu étais comme les enfants de mon pays tu as tété le lait d'un sein importé et à mesure que le prix du lait augmentait le taux du refus montait dans le sang C'est pourquoi le « non » fut le premier mot qui sortit tel un babil de ton index des hochements de ta tête de tes yeux couleur de feu C'est pour cela aussi que tu es venue au monde le soleil ce jour-là en était témoin Fadwa, ô oiseau né de nos espérances et de notre détermination Mehdi est mort Son cadavre se nourrit toujours de conjectures et de promesses trompeuses « pluie, pluie O fils de laboureurs » ont chanté les fils de laboureurs Voilà que des branches et des mains ont poussé à la faucille et Mehdi est mort Son cadavre se nourrit toujours de conjectures et de promesses trompeuses « pluie, pluie fils de laboureurs » Voici que la faucille remue les plaies du Rif Parle donc aux enfants de leur résidence dans les douleurs de la pluie car Mehdi est mort Viens reposer sur mon épaule, que je te raconte une histoire ma tête, cette tête que je mets maintenant entre tes mains est une station où les routes de gauche se tordent de rire Bien sûr, tu ne sais peut-être pas comment une tête, celle de ton père en l'occurrence peut devenir une station Bon je vais tout t'expliquer : Tu vois cette ligne qui saigne eh bien elle recoupe le carrefour des braises s'étire à gauche jusqu'à la capitale de la menthe traverse tous les balcons affamés au front desquels poussent des mûres et finit par s'unir à toi car tu es une vigne sauvage car les enfants sont une rivière de bananes et de mûres car l'aboutissement ou le fin fond de ce monde est soit une vigne soit un palmier Écoute, Fadwa : que dit cette radio dans son délire ? « Au quatrième top il sera exactement » Ce temps putride dégueule ses passagers au point le plus reculé de l'univers « Au quatrième top sera le Jugement dernier » Le chah Allah est accroupi, seul dans la place Le fil de la genèse lui glisse entre les mains et ton père cet Œdipe sorti du ventre de la baleine a tué père et mère Dans ses pupilles, les yeux de Zarqa se sont allumés Mais le sphinx dressé à l'entrée de Thèbes a été épargné, lui Viens donc ma fille, allons le tuer « Au quatrième top sera le Jugement dernier » La radio a interrompu une chanson insipide sur des amours défaites Fadwa m'a demandé ce qu'elle voulait dire J'ai répondu : Je ne sais pas sauf qu'en l'écoutant j'ai cherché mon cou et ne l'ai pas retrouvé Je me rappelle avoir chanté un soir la même chanson et une forêt de tabac s'est embrasée dans mon gosier Qui la chantait ? m'a-t-elle demandé Je ne sais pas. ai-je répondu puis je me suis repris : Peut-être Hafid ou Acide peu importe Ce que tu dois savoir, ma fille c'est que le vrai amour peut faire mourir et la terre a besoin, pour accomplir sa révolution d'un amoureux en forme de fruit Note Certains amis pourront se demander, ô Fadwa pourquoi je ne t'ai pas offert de fleurs pour ton anniversaire Je suis excusable, ma fille Les fleurs se t'ont rares ces temps-ci En vérité, j'en ai cherché mais je n'ai trouvé que des roses armées de serres et si je t'en avais offert qui m'aurait garanti qu'elles n'allaient pas s'avérer féroces ? C'est pour cela que j'ai mis longtemps à choisir ce qui serait le plus pur ce qui serait le plus précieux Alors des nuées de thym sont venues piailler et se prélasser dans ma paume

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A

Ahmed Khettaoui

@ahmedKhettaoui

Destinée Éphémère Même si nous salissons les murs, les sapins des Mon âme côtoie l’argile de son tombeau . voisins Même si nous falsifions l’appel du muezzin Mon parcours éteint son flambeau Même si nous agitons l’amertume du « divin » le fossoyeur atteint son dessein . même si les pieux réagissent autrement même si on peint le seuil des ténèbres le trépas guette la peur des mourants . à quoi bon glorifier les idoles et les « célèbres ». !!? L’agonie ne reflète que ses bourgeons : ne sème que nos mœurs et nos destins . A quoi bon s’accrocher à une destinée éphémère. A quoi bon fructifier cette ultime vérité A quoi bon sublimer nos péchés ancrés dans notre terre . Cloués par un jalon, qui tenaille notre leurre Puisque que la tombe reste notre demeure, Puisque le sable ronge comme un rat notre honneur Au fond des ténèbres … Depuis le temps d’ Adam et d’ Eve , La mule est toujours ,restée veuve .. !!! pourquoi simplifier ,en vain, notre ère . Car, nul ne peut échapper aux affres de la mort Messieurs , dames, dites - moi, si j’ai tort . Je retire ma jacasserie de mes dires .. Et je gomme ces délires Toutefois,. je professe ma pénitence Car à la soixantaine , tout doit frémir Jambes lourdes, et blême endurance. Où est-elle ma convenance .. ? Où est-elle ,en ce monde , ma présence. ? Où est-elle l’assurance ??? Hélas , la santé est en vacance .. De quoi payer mes redevances Gagées dans mon linceul . Que d’irriguer , alimenter ma bienfaisance . Ou se soumettre aux ordres du cercueil . Par mesure de sagesse … Par mesure de clémence Par mesure de mon timide passage Par mesure d’une stricte vigilance Il faut que je règle mes créances Et rendre ce que j’ai bu !! Sinon je me prive de son jus .. Paradis souhaité dernier lieu eternel .. Désirez- vous déguster son arôme et son vin ? Ici ou là-bas…tout est Saint !! Indulgents, non croyants ,… bienveillants Je m’excuse si je partage cette éventuelle amnistie. Hélas …hélas ,grands- pères et « mamies » Hélas, hélas , mes frères , mes amis(es) mes copains Musulmans , chrétiens ,bouddhistes, juifs ou païens. Il fut un temps J’avais que vingt ans .. Comme Aznavour a déjà proclamé: « Du meilleur et du pire En jetant le meilleur J'ai figé mes sourires Et j'ai glacé mes pleurs Où sont-ils à présent A présent mes vingt ans ? »(1) Note/ 1) « Hier encore » texte Charles Aznavour .

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A

Ahmed Khettaoui

@ahmedKhettaoui

Mes allées ensommeillées A la mémoire de: Arthur Rimbaud, René Char, Jean Sénac **** Quand on me dit ,en vain : Fugace , tu touches à ta fin .. Je me sens : Monarque éternel Suprême insecte paternel . En réunifiant les odeurs des taudis, Je maudis le triomphe hérité Récemment et jadis . Je vomis l’empire des ancêtres. Je fermes les portes du mystère . Je peins les galeries de mes rites .. d’où vinrent les ténèbres de mes rides . je peins aussi les reliefs de mes gîtes . sans tacher les joues d’André Gide.… je repeins les tableaux de Dinet (1)) Venant de mes allées ensommeillées … Où gambadent mes médisances D’où surgissaient mes Croyances erronées D’où vinrent mes redoutes ensoleillées . *** **** au bout du chemin , je salue René Char En cheminant les pentes de « Renard » 2)… Jubilant , avant d’agiter mes plaies purulentes . Dans mes ailleurs naufragés… Avant que je répudiait mon opulence. Adoptée par mes pénitences Exposée aux quatre vents Dorlotée, comme une fée par le temps Je mâchais mes métaphores érigées …. Au long de mes allées engendrées.. *** **** Avant de se pâmer aux contrées des étangs Où j’engendrais mon sinistre présage. !!! Où Meriem ,divulguait ses secrets... Révélait Comme les Cieux son auguste honorable Au seuil des funérailles vénérables …. Car les tonneaux vides ne font que du bruit . Ne font que gêner le calme d’autrui . Ahmed Khettaoui. Notes / 1)L’artiste Alphonse - Étienne Dinet . 2)L’écrivain :Jules Renard

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Ahmed Yahia Messaoud

@ahmedYahiaMessaoud

Absent J’attends que mes heures poussent Je les arrose Je prends quelques étoiles à souper Je compte Je fixe des notions au mur Elles se meurent Je saisie ma pudeur malade Elle expire Les étoiles sont à Dieu Les heures aussi Moi aussi Et mes notions Et moi Surtout moi Arrive vers moi une femme Ou une chose Un phénomène Symboles de rien Demain, demain, oui demain tout sera Je connais le mouvement de la terre Mais je ne le sens pas

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Ahmed Yahia Messaoud

@ahmedYahiaMessaoud

Eloge a la masturbation Madame ; Depuis déjà une menterie j’existe dans un canular Le temps s’attrape et se rattrape. Le vil, l’infect temps, celui des bazars Ma formidable solitude récolte des ampoules sur la paume de ma main C’est douloureux, c’est merveilleux… fort-minable je le deviens Madame ; Des Lynda, des Lydia, des Luna… Des joyaux Des divinités plein la tête, au suprême instant je frotte la chose aux journaux Je la lange dans le drapeau. En guettant la prochaine envie j’en fais une momie. Depuis déjà un mensonge j’ai grandi.La première vue nue fut mamie Madame ; Je me vois dans l’oubli inondé de nuit, je loge chez une de mes couilles. Je travaille à l’entretien d’un cauchemar pour une Djazair de Rouille Je me fabrique, je me produis, je ne veux point me faire éjaculer Je, Je, je… Je veux que toute la petitesse cesse de m’enculer Madame ; Je devrai faire la cour à ma mère, oui ma mère, ma dame. Manigancer pour y retourner, aborder ce qui jadis fut mon âme Faire de mon borgne un aveugle, le préparer à la damnation Le sacrifier pour rien, pour hier, pour demain, pour la nation Madame ; La masturbation est contemporaine, elle est écologique, une solution Améliorer la race, ne laisser vivre que le spermatozoïde, on parle de promotion N’est-il pas offensant pour une femme, un homme qui se masturbe ?! Certes, fade et misérable constat mais bien mieux que des hommes-courbes.

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Ahmed Yahia Messaoud

@ahmedYahiaMessaoud

Ânnerie Femme affublée de nu Et la terre sur un visage Et l’âne gémisseur Raidissant son blasphème Et moi Les portes lépreuses Et le tyran en sanglots Et ma pitié éveillée Encore il m’a eu Et moi ou pas Les sponsors de Dieu Les courtisanes du seigneur Les âmes comestibles Le souvenir de mon avenir Et rien Ce qui vient Ce qui passe Ce qui se passe Parfois repasse Et je reviens

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Ahmed Yahia Messaoud

@ahmedYahiaMessaoud

Être Les ombres se frottaient au store, signe de l’existence de quelques marionnettes mises en mouvement par des fils invisibles. D’un réseau de cordes qui se croisaient, pendaient des habits qui séchaient au vent brûlant de l’été. Des figurines en cire se consumaient. Ces choses vivantes se mettaient à fredonner, la mort dansait derrière la nuit. Un minuscule humanoïde de sexe masculin fondu dans un haillon en ruine déambulait sur la planche, il était taillé, modelé d’un bois pâle et dur. Ses petits pieds chaussés de deux sandales grotesques avaient peine à toucher le sol. Une jolie poupée en polyester fardée d’une beauté d’un genre commun, une copie d’une série de mille autres identiques l’arrêta et l’embrassa sur sa bouche mal usinée. Cette vie en bois était l’œuvre d’un artisan maladroit, quelque apprenti-menuisier qui était probablement destiné à faire autre chose dans sa vie. La poupée, elle, était l’œuvre d’une machine, elle sortait d’une boîte colorée, l’œuvre d’une industrie de mensonges à multi-usage. Certes la cire qui fondait témoignait d’un climat chaud, mais l’atmosphère était glaciale, un froid qui terrifiait le bois, la cheminée ouvrait sa gueule, l’âtre était vide, même ce baiser était aussi froid et sec, il n’avait ni goût ni odeur, il annonçait l’hiver. La musique s’arrêta net et l’homme de bois laissant ses sandales effleurer le plancher dit sans ouvrir la bouche : — La musique est la forme la plus abjecte de l’art, n’importe quel trou de cul peut en produire. Moi-même j’en fais ! — Ce que toi tu fais est magnifique. lui dit le polyester femelle. — Ce que je fais est toujours magnifique, mais c’est ce que je ne fais pas qui est utile. Les fils qui le suspendaient se desserraient, on eut dit qu’il allait s’effondrer. — Arrête de réfléchir et viens avec moi. lui proposa la poupée. — La réflexion est une nécessité pour certains, une passion pour d’autres, mais une chimère pour ceux qui croient réfléchir. C’est d’ailleurs leur unique sujet de réflexion. Ils pensent à penser ou à ne pas penser. Il était complètement étiré sur le plateau. Eparpillé serait le mot juste. — Arrête de poignarder ta jeunesse ! lui cria la poupée. — Ma jeunesse ! Je serai à jamais jeune, il n y a pas de temps, on ne vieillit pas on s’use. On tira les fils et il se releva (Il se ramassa). — Viens avec moi, et on inventera le temps, on vieillira ensemble et on mourra, inventons des années, inventons l’espoir. — Si l’espoir était un homme, son dos serait voûté, on le verrait tendre la main pour ramasser, on le verrait se prosterner devant un semblable, devant ce néant qu’on appelle par pitié pour nous-mêmes dieu, devant n’importe quoi. Il voudrait exclure le doute, il voudrait voir ce qu’il n’y a pas, créer des insanités. On aurait pitié de lui. Ce n’est pas rien la pitié, c’est un noble sentiment……………. La pitié est une horreur et non un sentiment. — Tu dois m’aimer. reprit la poupée. — Si l’amour est un devoir, j’irai louer la haine, si la haine devient devoir je me ferai indifférent. lui répondit l’homme de bois. — Il n’y a rien à faire, je ne puis me taire, je dois bien jouer à être quelqu’un, c’est plus facile en bavant. J’ai pris à la vie ce qu’elle avait de mieux : la chair, de la bonne viande rouge, ou plutôt rose, je préférais la rose, sans âme et sans vertu. -Une prostituée fera l’affaire- Je m’étais dit. C’était inutile, j’étais fait de bois, j’étais la mort qui vivait dans ma sève. Je suis censé être un arbre, pas un guignol. — Arrête de te faire des nœuds dans la tête, moi aussi je n’aime pas trop le monde, mais je ne me fais pas chier à lui lancer des flèches, se serait humiliant de s’arquer pour les ramasser. Il y a certes des natures insondables, néanmoins le fossé qui sépare deux de ces natures peut renseigner le Spinoza sur la dimension de l’une et l’autre, non en les mettant sur une échelle mais en traversant lui-même cet abîme. L’empreinte du silence sur un visage est beaucoup plus expressive que toutes les phrases qui s’impriment sur un vulgaire papier. Le silence est la forme la plus raffinée et subtile de l’art, c’est sa forme la plus élevée. Le non dit n’est pas l’oublié, il n’est pas le non su, il n’est même pas l’indicible, Il est l’art, il est la pensée qui redoute les mots. — Viens avec moi. lui dit le polyester femelle en posant ses lèvres sèches sur les siennes et ces dernières restèrent indifférentes à ce baiser volé. — Tu ne vois donc pas que je suis suspendu. — Il te suffit de dire oui, de décider de venir avec moi et tu seras libéré de ces cordes… Viens avec moi, nous traverserons les champs, nous serons heureux, nous vaincrons cette honte qui t’accable. Nous serons riches. — Les riches de notre époque jouent au golf ou je ne sais à quels autres jeux futiles, les riches d’une certaine époque écrivaient des livres. Ce n’est pas pour dire qu’il y a une évolution dans le temps, mais pour dire que rien n’a changé. C’est toujours la même histoire. Avoir pour être. Je préfère mes cordes. On tirait sur les fils et il se releva. — Nous autres poupées, on court chercher les balles. C’est cela ? dit la poupée en s’éloignant. — On est les balles, des sujets, des trucs. — Non, les balles sont identiques, pas nous. Moi je suis une femme et tu es un homme. — Ce n’est pas ce qui nous distingue, on est des poupées le sexe est une différence banale. — Tu es insensible, tu es de bois, fais-moi confiance, viens avec moi, je ne pourrai bouger d’ici sans toi, j’ai besoin de toi, j’ai besoin de t’avoir pour être. Viens, viens… Sa voix s’éteignait. — Il est vrai que je parais insensible, c’est toi-même qui le dis, je suis de bois. Mais je peux aimer, je peux aimer cette fleur (Il n’y avait aucune fleur sur scène) et si je te le montre, si je te fais voir cet amour, tu aurais honte du tien. Tu comprendrais certainement que tu es incapable d’amour. — Pourquoi tu ne me le montres pas ? Tu n’as rien à faire d’autre, aime-moi, il n’existe aucune autre, il n’y a que moi et toi, aime-moi. Ton attente est ridicule. — Qu’est ce que tu en sais ? — Il y a dans une femme ce qu’il n’y aura jamais dans un homme, un vagin. Il y a dans un homme ce qu’il n’y aura jamais dans une femme, un pénis. Il y a là le véritable sens de l’existence : baiser en attendant ton godot, ce n’est que du théâtre. — Il n’y a dans l’existence, ce théâtre de guignol aucune intrigue, aucun style, aucun sens c’est à peine un endroit.

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Aimé Césaire

Aimé Césaire

@aimeCesaire

Beau sang giclé Ta forme est un éclair qui laisse les bras vides, Ton sourire est l’instant que l’on ne peut saisir… Tu fuis, lorsque l’appel de mes lèvres avides T’implore, ô mon Désir ! Froide comme l’Espoir, ta caresse cruelle Meurtrit sans assouvir ; il n’en reste en effet Que l’éternelle faim et la soif éternelle Et l’éternel regret. Tu frôles sans étreindre, ainsi que la Chimère Vers qui tendent toujours tes vœux inapaisés… Rien ne vaut ce tourment ni cette extase amère De tes rares baisers !

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Aimé Césaire

Aimé Césaire

@aimeCesaire

Blanc a remplir sur la carte voyageuse du pollen N'y eût-il dans le désert qu'une seule goutte d'eau qui rêve tout bas, dans le désert n'y eût-il qu'une graine volante qui rêve tout haut, c'est assez, rouillure des armes, fissure des pierres, vrac des ténèbres désert, désert, j'endure ton défi blanc à remplir sur la carte voyageuse du pollen.

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Aimé Césaire

Aimé Césaire

@aimeCesaire

C'est le courage des hommes qui est démis L'extraordinaire téléphonie du feu central aux nébuleuses installée en une seconde et pour quels ordres ! La pluie, c'est la manière rageuse dès maintenant et dès ici de biffer tout ce qui existe, tout ce qui a été créé, crié, dit, menti, sali. Où a-t-on pris que la pluie tombe ? C'est le courage des hommes qui est démis. La pluie est toujours de tout cœur. La pluie exulte. C'est une levée en masse de l'inspiration, un sursaut des sommeils tropicaux ; un en-avant de lymphes ; une frénésie de chenilles et de facules ; un assaut tumultueux contre tout ce qui se terre dans les garennes ; la lancée à contre-sens des gravitations de mille folles munitions et des tur-ra-mas qui sautent en avançant - hippocampes vers les enfin et les faubourgs. Enfin! L'arbre pète à la grenade. La roche éclate. Tendresse : de loin en loin ce grand repos. Tendresse : de loin en loin cet orchestre qui joue et entrelace des pas comme de l'osier qu'on tresse. Tendresse, mais celle des tortures adorables : la mise en marche d'un incendie de vilebrequins qui forent et forcent le vide à crier étoile. C'est du sang. Du reste on comprend mal comment ça suffit à alimenter la formidable dévolution de chevaux qui de crête en crête rebroussent l'élan des ravins. Il n'y a plus de royauté. Et l'invention est perpétuelle de chants d'extase, de prières écourtées, de cérémonial minutieux d'araigne, de scies qui clapotent, de chevelures dénouées, de lampes de mosquée en verre émaillé qui s'entrechoquent, de mers qui filent et refluent, d'alambics, de serpentins qui à toute vapeur claironnent les condensations inoubliables. Certes inoubliables. Une danse de sagaies comme on n'en a jamais vu et dix mille drapeaux de victoire arrachés aux cétacés et que la terre agite. La vigne de la colère a colporté jusqu'au ciel l'alcool de son repos et du salut.

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Aimé Césaire

Aimé Césaire

@aimeCesaire

Cheval A Pierre Loeb Mon cheval bute contre des crânes joués à la marelle de la rouille mon cheval se cabre dans un orage de nuages qui sont des putréfactions de chairs à naufrage mon cheval hennit dans la petite pluie de roses que fait mon sang dans le décor des fêtes foraines mon cheval bute aux buissons de cactus qui sont les nœuds de vipère de mes tourments mon cheval bute hennit et bute vers le rideau de sang de mon sang tiré sur tous les ruffians qui jouent aux dés mon sang mon cheval bute devant l'impossible flamme de la barre que hurlent les vésicules de mon sang Grand cheval mon sang mon sang vin de vomissure d'ivrogne je te le donne grand cheval je te donne mes oreilles pour en faire des naseaux sachant frémir mes cheveux pour en faire une crinière des mieux sauvages ma langue pour en faire des sabots de mustang je te les donne grand cheval pour que tu abordes à l'extrême limite de la fraternité les hommes d'ailleurs et de demain avec sur le dos un enfant aux lèvres à peine remuées qui pour toi désarmera la mie chlorophyllienne des vastes corbeaux de l'avenir.

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Aimé Césaire

Aimé Césaire

@aimeCesaire

Corps perdu Moi qui Krakatoa moi qui tout mieux que mousson moi qui poitrine ouverte moi qui laïlape moi qui bêle mieux que cloaque moi qui hors de gamme moi qui Zambèze ou frénétique ou rhombe ou cannibale je voudrais être de plus en plus humble et plus bas toujours plus grave sans vertige ni vestige jusqu'à me perdre tomber dans la vivante semoule d'une terre bien ouverte. Dehors une belle brume au lieu d'atmosphère serait point sale chaque goutte d'eau y faisant un soleil dont le nom le même pour toutes choses serait RENCONTRE BIEN TOTALE si bien que l'on ne saurait plus qui passe ou d'une étoile ou d'un espoir ou d'un pétale de l'arbre flamboyant ou d'une retraite sous-marine courue par les flambeaux des méduses-aurélies Alors la vie j'imagine me baignerait tout entier mieux je la sentirais qui me palpe ou me mord couché je verrais venir à moi les odeurs enfin libres comme des mains secourables qui se feraient passage en moi pour y balancer de longs cheveux plus longs que ce passé que je ne peux atteindre. Choses écartez-vous faites place entre vous place à mon repos qui porte en vague ma terrible crête de racines ancreuses qui cherchent où se prendre Choses je sonde je sonde moi le porte-faix je suis porte racines et je pèse et je force et j'arcane j'omphale Ah qui vers les harpons me ramène je suis très faible je siffle oui je siffle des choses très anciennes de serpents de choses caverneuses Je or vent paix-là et contre mon museau instable et frais pose contre ma face érodée ta froide face de rire défait. Le vent hélas je l'entendrai encore nègre nègre nègre depuis le fond du ciel immémorial un peu moins fort qu'aujourd'hui mais trop fort cependant et ce fou hurlement de chiens et de chevaux qu'il pousse à notre poursuite toujours marronne mais à mon tour dans l'air je me lèverai un cri et si violent que tout entier j'éclabousserai le ciel et par mes branches déchiquetées et par le jet insolent de mon fût blessé et solennel je commanderai aux îles d'exister

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Aimé Césaire

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Dit d'errance Tout ce qui jamais fut déchiré en moi s'est déchiré tout ce qui jamais fut mutilé en moi s'est mutilé au milieu de l'assiette de son souffle dénudé le fruit coupé de la lune toujours en allée vers le contour à inventer de l'autre moitié Et pourtant que te reste-t-il du temps ancien à peine peut-être certain sens dans la pluie de la nuit de chauvir ou trembler et quand d'aucuns chantent Noël revenu de songer aux astres égarés voici le jour le plus court de l'année ordre assigné tout est du tout déchu les paroles les visages les songes l'air lui-même s'est envenimé quand une main vers moi s'avance j'en ramène à peine l'idée j'ai bien en tête la saison si lacrimeuse le jour avait un goût d'enfance de chose profonde de muqueuse vers le soleil mal tourné fer contre fer une gare vide où pour prendre rien s'enrouait à vide à toujours geindre le même bras Ciel éclaté courbe écorchée de dos d'esclaves fustigés peine trésorière des alizés grimoire fermé mots oubliés j'interroge mon passé muet Ile de sang de sargasses île morsure de rémora île arrière-rire des cétacés île fin mot de bulle montée île grand cœur déversé haute la plus lointaine la mieux cachée ivre lasse pêcheuse exténuée ivre belle main oiselée île maljointe île disjointe toute île appelle toute île est veuve Bénin Bénin ô pierre d'aigris Ifé qui fut Ouphas une embouchure de Zambèze vers une Ophir sans Albuquerque tendrons-nous toujours les bras ? jadis ô déchiré Elle pièce par morceau rassembla son dépecé et les quatorze morceaux s'assirent triomphants dans les rayons du soir. J'ai inventé un culte secret mon soleil est celui que toujours on attend le plus beau des soleils est le soleil nocturne Corps féminin île retournée corps féminin bien nolisé corps féminin écume-né corps féminin île retrouvée et qui jamais assez ne s'emporte qu'au ciel il n'emporte ô nuit renonculée un secret de polypier corps féminin marche de palmier par le soleil d'un nid coiffé où le phénix meurt et renaît nous sommes âmes de bon parage corps nocturnes vifs de lignage arbres fidèles vin jaillissant moi sibylle flébilant. Eaux figées de mes enfances où les avirons à peine s'enfoncèrent millions d'oiseaux de mes enfances où fut jamais l'île parfumée de grands soleils illuminée la saison l'aire tant délicieuse l'année pavée de pierres précieuses ? Aux crises des zones écartelé en plein cri mélange ténébreux j'ai vu un oiseau mâle sombrer la pierre dans son front s'est fichée je regarde le plus bas de l'année Corps souillé d'ordure savamment mué espace vent de foi mentie espace faux orgueil planétaire lent rustique prince diamantaire serais-je jouet de nigromance ? Or mieux qu'Antilia ni que Brazil pierre milliaire dans la distance épée d'une flamme qui me bourrelle j'abats les arbres du Paradis

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Aimé Césaire

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Histoire de vivre Et les collines soulevèrent de leurs épaules grêles, de leurs épaules sans paille, de leurs épaules d'eau jaune, de terre noire, de nénuphar torrentiel, la poitrine trois fois horrible du ciel tenace. C'était l'aube, l'aube ailée d'eau courante, la vraie, la racine de la lune. Et midi arriva. Je m'y accrochai de toutes mes forces à ce midi furieux. Je m'y accrochai avec l'énergie du désespoir. La potiche dans l'étreinte innombrable de la pieuvre, d'avoir senti perler à ses yeux la mélodie prénatale du baobab de mon enfance, sursauta. Et ce n'était que le commencement! La potiche, la natte, la lampe, les pincettes, le mannequin. Je bousculais les frontières. J'avalais les bornes indicatrices. Je mâchais la prohibition. Je suçais, goûtais, à même : plis, corridors, labyrinthes, mon souffle effaçait tout. Je cueillis des algues sur la mer très froidement démontée du microdion. J'embrassai turbines et diatomées - comme le soir les épaves jumelles dans la stupeur des anses. La vie faisait ciel, ou naufrage, à votre guise. Je me laissai couler à pic. Ainsi vint le temps que, depuis, de mes grêles mains, je tâche de ressaisir, le temps de la grande fraternité, de la grande négation de la totale affirmation, le temps de la grande impatience... Des avalanches de méduses crachées du plankton sommaire me gorgeaient à même le sable de ma défaite d'or du sang tiède des lianes de la forêt. Je refis connaissance avec le connu, l'animal, l'eau, l'arbre, la montagne. Je cultivai leurs noms dans le creux de ma main sous-marine. O Sylve des déserts, solitaires pyramides des babils de femmes télescopaient une étoile camouflée des mots d'enfants chevauchaient des mondes dociles Je me réveillai panthère avec de brusques colères et la panique gagna de proche en proche. La très stupide savane de Fort-de-France prit feu à la bougie enfin réveillée de ses palmiers. Des acanthes monstrueuses y parurent, piys disparurent, le temps de sonner à toute volée les cloches brisées de la mer - tocsin - Au rond-point des Trois Flammes dans le sproum du désespoir, des eaux se poignardèrent. L'eau n'était plus l'eau. Le ciel n'était plus le ciel. Le ciel n'était qu'un pavillon de trombone où soufflaient les trente mille chameaux du roi de Gana. Et voici que cette terre plus haut que les mangliers plus haut que les pâmoisons créoles des lucioles bleues se mit à parler de manière solennelle. Et le ciel s'écroula. Le ciel cessa de nous regarder. De ses gros yeux de nasse. De ses gros yeux pédoncules. De ses gros yeux giclant des cacades et des chiques. Ah! vous ne m'empêcherez pas de parler, moi qui fais profession de vous déplaire. Le vent chavira très douces voilures à mes narines bruissantes vos belles correctes pourritures de flics bien descendus dans la touffeur des mornes. Mais qui m'a amené ici ? Quel crime ? Pèlerin... Pèlerin... Lyddite, Cheddite, pèlerin des dynamites Je maudis l'impuissance qui m'immobilise dans le réseau arachnéen des lignes de ma main, car dans les replis d'une cervelle béate se lovent amoureusement trois dents d'ivoire et des yeux caressants. Des éclairs. Des feux. Et ce doux rire de la lumière. Ma vie, elle aussi : Ce train qui s'élance avec la tranquille furie des rivières pierreuses par les journées étincelantes. Fosse aux ours ! Fosse aux ours ! à l'heure sans faute de l'acide carbonique Quoi ! Toujours maudire ! Un midi ténébreux. La tige éblouissante du silence. Les surfaces isolantes disparurent. Fenêtres du marécage fleurissez ah ! fleurissez Sur le coi de la nuit pour Suzanne Césaire de papillons sonores. Amie Nous gonflerons nos voiles océanes, Vers l'élan perdu des pampas et des pierres Et nous chanterons aux basses eaux inépuisablement la chanson de l'aurore. (Tropiques n°4, janvier 1942)

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Aimé Césaire

Aimé Césaire

@aimeCesaire

Le temps de la liberté Le whisky avait dénoué ses cheveux sales et flottait sur la force des fusils la carapace des tanks et les jurons du juge O jour non lagunaire plus têtu que le bœuf du pays baoulé qui a dit que l'Afrique dort que notre Afrique se cure la gorge mâche du kola boit de la bière de mil et se rendort la TSF du Gouverneur avait colporté ses mensonges amassé le fiel dans la poche à fiel des journaux c'était l'an 1950 au mois de février qui dans le vocabulaire des gens de par ici s'appellera la saison du soleil rouge Cavally Sassandra Bandama petits fleuves au mauvais nez qui à travers vase et pluie d'un museau incertain cherchez petits fleuves au ventre gros de cadavres qui a dit que l'Afrique se terre frissonne à l'harmattan a peur et se rendort Histoire je conte l'Afrique qui s'éveille les hommes quand sous la mémoire hétéroclite des chicotes ils entassèrent le noir feu noué dont la colère traversa comme un ange l'épaisse nuit verte de la forêt Histoire je conte l'Afrique qui a pour armes ses poings nus son antique sagesse sa raison toute nouvelle Afrique tu n'as pas peur tu combats tu sais mieux que tu n'as jamais su tu regardes les yeux dans les yeux des gouverneurs de proie des banquiers périssables belle sous l'insulte Afrique et grande de ta haute conscience et si certain le jour quand au souffle des hommes les meilleurs aura disparu la tsé-tsé colonialiste

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Aimé Césaire

Aimé Césaire

@aimeCesaire

Nocturne d'une nostalgie Rôdeuse oh rôdeuse à petits pas de cicatrice mal fermée à petites pauses d'oiseau inquiet sur un dos de zébu nuit sac et ressac à petits glissements de boutre à petites saccades de pirogue sous ma noire traction à petits pas d'une goutte de lait sac voleur de cave ressac voleur d'enfant à petite lampe de marais ainsi toute nuit toute nuit des côtes d'Assinie des côtes d'Assinie le courant ramène sommaire toujours et très violent

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Aimé Césaire

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Survie Je t'évoque bananier pathétique agitant mon cœur nu dans le jour psalmodiant je t'évoque vieux hougan des montagnes sourdes la nuit juste la nuit qui précède la dernière et ses roulements d'ennui frappant à la poterne folle des villes enfouies mais ce n'est que le prélude des forêts en marche au cou sanglant du monde c'est ma haine singulière dérivant ses icebergs dans l'haleine des vraies flammes donnez-moi ah donnez-moi l'œil immortel de l'ambre et des ombres et des tombes en granit équarri car l'idéale barrière des plans moites et les herbes aquatiques écouteront aux zones vertes les truchements de l'oubli se nouant et se dénouant et les racines de la montagne levant la race royale des amandiers de l'espérance fleuriront par les sentiers de la chair (le mal de vivre passant comme un orage) cependant qu'à l'enseigne du ciel un feu d'or sourira au chant ardent des flammes de mon corps

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Aimé Césaire

Aimé Césaire

@aimeCesaire

Et ce pays cria Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ; que les pulsations de l’humanité s’arrêtent aux portes de la négrerie ; que nous sommes un fumier abondant hideusement prometteur de cannes tendres et de coton soyeux et l’on nous marquait au fer rouge et nous dormions dans nos excréments et l’on nous vendait sur les places et l’aune de drap anglais et la viande salée d’Irlande coûtaient moins cher que nous, et ce pays était calme, tranquille, disant que l’esprit de Dieu était dans ses actes. Nous vomissure de négrier nous vénerie des Calabars Quoi ? Se boucher les oreilles ? Nous, soûlés à crever de roulis, de risées, de brume humée ! Pardon tourbillon partenaire ! J’entends de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit d’un qu’on jette à la mer... les abois d’une femme en gésine...des raclements d’ongles cherchant des gorges...des ricanements de fouet... des farfouillis de vermine parmi les lassitudes... Rien ne put nous insurger jamais vers quelque noble aventure désespérée. Ainsi soit-il. Ainsi soit-il. Je ne suis d’aucune nationalité prévue par les chancelleries. Je défie le craniomètre. Homo sum, etc. Et qu’ils servent et trahissent et meurent. Ainsi soit-il. Ainsi soit-il. C’était écrit dans la forme de leur bassin.

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Aimé Nouma

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Crescendo dans ta life Crescendo dans ta life Problèmes au taf, blem-pros avec ton keum ou ta wife, quand tu sens la galère monter crescendo dans ta life. Quand pour tout dire , aujourd'hui est encore pire qu'hier et la veille ...A des années-lumière d'avant-hier. Quand t'as envie de mettre sur veille, de tout zapper parce que tu ne t'en sors plus, que tu sombres, happé par tes sombres et nombreux remue-meninges. En couple, en famille, entre amis tu aurais pu le laver le sale linge!!! Mais c'est trop tard, tu n'en peux plus, ça pue trop, ça schlingue! Et même que maintenant tu montes tout en épingle Parce que tu es plus qu’ agacé, parce que tu en as plus qu'assez de tout laisser passer et de te faire escagasser par des gens qui ,à chaque occase ne songent qu'à te casser (tous des nases) Problèmes au taf, blems-pro avec ton keum ou ta wife, Quand tu sens la galère monter crescendo dans ta life Tu serais presque prêt à prendre un flingue, te coller une bastos ou variante, une seringue, pour dire adios à tout ce bastringue Qui pue , qui schlingue! Problèmes au taf, blems-pro avec ton keum ou ta wife, Quand tu sens la galère monter crescendo dans ta life Toi, ça va pas fort! T'aurais besoin de réconfort, qu’on t’aide à retrouver le nord, et peut-être même d’un mentor, en tout cas de quelqu’un qui sans de donner de torts te révèle que tu as laissé entrer en toi, un cheval de Troie. Un spam, un hoax sournois chargé de t'empêcher de voir la vie en rose et qui mettait du gris, puis du noir sur toutes les choses qui t'entourent, te touchent, te douchent, te mouchent et te foutent sur la touche. Mais il y a un antidote, mon pote et tu vas voir, ça dépote. ça revigore, ça ravigote ! Enregistre mon flow et ma voix sur ton baladeur et ton mobile Comme ça, à chaque fois que tu te feras de la bile où que tu sois Ecoute la voix amie d'Aimé Nouma Son slam sera ton anti-spam, ton baume à l'âme Un cadeau perso de moi Juste pour toi

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Aimé Nouma

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Marianne change de disque Marianne change de disque Marianne change de disque ,cesse donc d’être amnésique Marianne change de disque ,cesse donc d’être amnésique C’est toujours toi qui cours les risques ! Tu as su enterrer la francisque avec tes voisins teutons qui te l’avaient fait baisser de bien plus de deux tons pendant tout le temps de l’Occupation. Drôle de passe-temps qui a du te sembler long. Envahie, coupée en deux, rasée,dévastée, tondue. Ton dû, pour avoir voulu croire en ton statut de grande nation. Tondue pour avoir voulu croire et faire croire à l’illusion d’une quelconque comparaison entre le puissant aigle Prussien et le colérique coq Gaulois dont la règle, la loi depuis les temps les plus anciens ; Semble être de ne jamais faire bloc. Oui ,depuis Vercingétorix, tu n’a jamais songé à changer de disque. Marianne change de disque, cesse donc d’être amnésique Marianne change de disque, cesse donc d’être amnésique C’est toujours toi qui cours les risques Une demi décennie , décimée, résignée entre Système D, délation résistance poussive et collaboration pas si passive . Tu attendais des jours meilleurs qui ne pouvaient venir que d’ailleurs, de soldats,moins râleurs, plus batailleurs comme tes nombreux tirailleurs , qui d’ailleurs jusqu’à cette heure attendent toujours que tu leur rendes enfin honneur. Marianne change de disque,cesse donc d’être amnésique Marianne change de disque, cesse donc d’être amnésique C’est toujours toi qui cours les risques Libération , libres actions, libations. Tu as su enterrer tes morts, renouer avec ton folklore et sans le moindre remords, retrouver tes faux airs de matamore. Tu te voulais de nouveau une grande nation mais tu avais mal au colon: Alors tu as crié :Sus à l’Indochinois ! Sus à l’Algérois ! Qui n’avaient pour seul tort qu’être moins forts que toi, comme l’histoire ne le démontra pas ! Marianne change de disque, cesse donc d’être amnésique Marianne change de disque, cesse donc d’être amnésique C’est toujours toi qui cours les risques ! Après ces deux nouvelles cuisantes désillusions Tu as du faire face à une trop reluisante situation: Tes rues , tes bancs d’école, se coloraient de rires d’enfants noirs, Créoles,Pieds-noirs, Espagnols,Italiens, Lusitaniens,Malgaches, Vietnamiens, et toute la gouache d’ Algériens : Mzabis, Chawis, Kabylles et Harkis Que tu parquais comme des maudits dans les taudis boueux des bidonvilles des bourgs au ban de Paris Et des grandes villes de la France de mon enfance. Marianne change de disque, cesse donc d’être amnésique Marianne change de disque, cesse donc d’être amnésique C’est toujours toi qui cours les risques !

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Aimé Nouma

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Mon blase Mon blase On m’appelle comme ça depuis que j’suis né . Bien avant même que je n’ai montré le bout du nez , boudiné comme un bon gros bébé, un beau baigneur né donc vainqueur que ne peuvent snober ni moqueurs ni maux de coeur Aimé, Aimé, Aimé, Aimé, Aimé, Aimé, Aimé Ça c’est mon blase depuis le bas-âge Un label, un message qui je cite, nécessite du courage Du vrai cœur à l’usage Et que j’ai dissimulé pendant mes années d’apprenti-sage A l’écoute du mal qu’on peut bien faire à son nom, à son image . Car c’est mon blase, j’dois être en phase avec mon blase J’veux être en phase avec mon blase, mes sens en phase, Mais sans emphase car c’est mon blase, car c’est ma base C’est mon ancrage qui fait couler de source l’encre dans mon sillage, qui fait papillonner des cils les sages ou les pas sages sylphides sur mon passage. Qui fait japper les gens qui jasent,jacassent et jactent parce que du mal, j’ai tourné la page C’est mon ancre, sympathique ou non, comme un oui ou un prénom Ce simple article aux rayons multiples des appellations Qui peut paraître être comme le sommaire De certains traits de caractère, ou de tout leur contraire. Mais sinon le prénom assume et assure toujours ses fonctions Personnaliser ton nom et te relier à ton Saint Patron – N’imagine pas qu’on te l’a donné par égard ou par hasard Et que tu ressusciteras parce que tu t’appelles « Lazare ». Gare! Car j’ai connu des “Marine “aux yeux bleu clair qui avaient le mal de mer Une Lune et une Celeste très terre à terre qu’on avait l’une et l’autre du mal à faire taire . Sans parler d’un Aimé qui avait du mal à s’humer, à s’aimer ! Sans parler d’un Aimé , qui avait du mal à assumer de s’aimer! Mais c’est mon blase, j’dois être en phase avec mon blase J’veux être en phase avec mon blase, mes sens en phase, Mais sans emphase car c’est mon blase, car c’est ma base Et y’a plus naze comme base. Aimé, Aimé, Aimé, Aimé, Aimé C’est très grisant quand on m’appelle ou que j’m’appelle Et dégrisant quand ce que j’épelle m’interpelle Chaque fois que je me l’épelle : je me les pèle. a….. i…..m…..é a.i........m.é haï..... aimé Oui c’est comme ça que ça s’écrit et on entend un ou deux cris Le premier « haï » est proscrit, Le deuxième « aimé » est prescrit et même dernier cri . Haï / Aimé, juste comme n’importe quel être humain Auquel il importe juste de faire son chemin Ma résonnance sonore dans la résidence des humains résonnance qui s’honore dans le réseau dense humain Danse Humain ! Danse humain !

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Alain Bosquet

Alain Bosquet

@alainBosquet

À l'enfant J'écris à l'enfant russe que j'étais autrefois. Pas plus haut que trois puces, il me répond, narquois : « Je dors dans ta poitrine ; pourquoi me déranger ? » Aussitôt je devine qu'il m'est un étranger. J'écris à l'enfant corse que j'étais autrefois. Pas plus lourd qu'une écorce, il me répond, narquois : « Je rêvais dans ton crâne ; pourquoi m'as-tu chassé? » Pardon, je me condamne à l'oubli du passé. J'écris à l'enfant tchèque que j'étais autrefois. Plus dodu que pastèque, il me répond, matois : « J'habite en tes entrailles; est-ce un malentendu ? » Il faut que je m'en aille : cet enfant est perdu. J'écris à l'enfant basque que je n'ai pas été. Petit comme son casque, il répond, irrité : À Sais-tu qui est mon père? » Je ne suis pas content car je dois contrefaire la mémoire et le temps.

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Alain Bosquet

Alain Bosquet

@alainBosquet

À un cheval Je trahis le cheval en l'appelant « cheval » car il mérite un nom plus beau, comme « crinière » ou « paturon ». Si je me tais, le temps d'un livre, je n'en suis que plus fourbe : un silence à brouter vaut-il une herbe ? Mon regard, qui le déforme, fait de lui, je ne sais de quel droit, un zébu, une antilope, une girafe au cou trop long, ce qui n'est pas flatteur. Souvent par amitié - ou est-ce par amour ? - j'imite son galop, et me voilà son frère, un bizarre poulain qui agite les bras et porte des lunettes. Tout est malentendu désormais entre nous : je l'admire en rêvant qu'il se met à écrire, lui qui n'a que mépris pour un pauvre poète.

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