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Couple

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Poésies de la collection couple

    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Couples prédestinés Peut-être un jour l'époux selon l'amour, l'épouse Selon l'amour, selon l'ordre d'Emmanuel, Sans que lui soit jaloux, sans qu'elle soit jalouse, Leurs doigts libres pliés au travail manuel, Fervents comme le jour où leurs cœurs s'épousèrent, Nourriront dans leur âme un feu venu du ciel ; Le feu du dieu charmant que les bourreaux brisèrent, Le feu délicieux du véritable amour, Dont les âmes des Saints lucides s'embrasèrent ; Tourterelle et ramier, au sommet de leur tour Mystique, ils placeront leur nid sur lequel règne La chasteté, couleur de l'aurore et du jour, L'entière chasteté, celle où l'âme se baigne, Qui prend l'encens de l'âme et les roses du corps, Que symbolise un lis et que l'enfant enseigne ; Celle qui fait les saints, celle qui fait les forts, Mystérieuse loi que notre âme devine En voyant les yeux clos et les doigts joints des morts Rêvant de Nazareth, sous cette loi divine, Ils fondront leurs regards et marieront leurs voix Dans l'idéal baiser que l'âme s'imagine. Qu'ils dorment sur la planche ou sur le lit des rois, Le monde les ignore, et leur secret sommeille Mieux qu'un trésor caché sous l'herbe au fond des bois. La nuit seule le conte à l'étoile vermeille ; Pour eux, laissant la route aux cavaliers fougueux Dans le discret sentier où l'âme les surveille, Ils ne sont jamais deux, le nombre belliqueux, Jamais deux, car l'amour sans fin les accompagne, Toujours ''Trois'', car Jésus est sans cesse avec eux. Paisibles pèlerins à travers la campagne Et la ville où leurs pieds fleurent l'odeur du thym ; Et l'époux reste amant, et la Vierge est compagne. De l'aurore de soie au couchant de satin, Leur doux travail embaume, et leur pur sommeil prie, De l'étoile du soir et celle du matin. Ce sont des enfants blancs de la Vierge Marie, Rose de l'univers par la simplicité, Et mère glorieuse autant qu'endolorie. C'est Elle qui leur ouvre, étonnant la clarté, Sur ses genoux un livre, où leur cœur voit le rêve, Sous son manteau céleste et bleu comme l'été. Pudique autant que Jeanne, autant que Geneviève, L'épouse file et songe au lys du charpentier ; L'époux travaille et songe à l'innocence d'Ève. Avec sa main trempée au flot du bénitier, Chaque jour dans l'Église où son âme s'abreuve, Les doigts fiers de tourner les pages du psautier, Pour les pauvres amours qui marchent dans l'épreuve, Les membres de Jésus dont le faubourg est plein, Pour le lit du vieillard et l'habit de la veuve, Elle file le chanvre, elle file le lin, Comme elle file aussi le sommeil du malade, Et le rire innocent du petit orphelin. Musique d'or du cœur qui vibre et persuade, Sa parole fait croire et se mettre à genoux Le plus méchant, qu'elle aime ainsi qu'un camarade. Elle est plus sérieuse et meilleure que nous ; Il n'a que les beaux traits de notre ressemblance ; Couple prédestiné, délicieux époux ! Ils ont la joie, ils ont l'amour par excellence ! Leurs cœurs extasiés de grâce sont vêtus ; Car ils ont dépouillé toute la violence. Sortis forts des combats vaillamment combattus, Ils font vaguer leur corps et se mouvoir leur âme Dans le jardin vivant de toutes les vertus. Pour plaire à la beauté pure qui les réclame, Elle veut demeurer intacte, ainsi qu'un fruit, Dans la virginité naturelle à la femme. Docile au rayon d'or qui traverse sa nuit, Écoutant vaguement le monde qui va naître, Comme des grandes eaux dont on entend le bruit, Pour lui, content d'aimer Jésus et de connaître Le sens prodigieux de ses simples discours, Il met en Dieu son cœur, ses sens et tout son être, Respirant l'humble fleur de ses chastes amours, Ne prenant que l'odeur de la race éternelle, Ne cueillant pas le fruit qui réjouit toujours. Car cette part amère à la race charnelle, C'est la part du mystère et la part du lion, Et c'est votre avenir, Seigneur, qui couve en elle. Car nous sommes les fils de la rébellion ; Nos fronts sont irrités et nos cœurs taciturnes, Et la mort est pour nous la loi du talion. Fils du désir d'Adam sous des ailes nocturnes, Engendrés hors la loi des chastes paradis, Nous errons sur la terre, et puisons dans nos urnes, Avec des vins impurs l'oubli des jours maudits ; Partageant nos trésors tout pleins de convoitise, Tel autour d'une table un groupe de bandits. Mais peut-être qu'un jour, sous les yeux de l'Église, Verra luire l'époux comme un diamant pur, Et l'épouse fleurir comme une perle exquise. Et ce couple idéal brûlera d'un feu sûr.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Couples maudits Les criminels parfois ne sont pas les méchants, Mais ceux qui n'ont jamais pu connaître en leur vie Ni le libre bonheur des bêtes dans les champs, Ni la sécurité de la règle suivie. Que d'amour ténébreux sans lit et sans foyer ! Que de coussins foulés en hâte dans les bouges ! Que de fiacres errants honteux de déployer Par des jours sans soleil leurs sales rideaux rouges ! Tous ces couples maudits, affolés de désir, Après l'atroce attente (ô la pire des fièvres !), Dévorent avec rage un lambeau de plaisir Que le moindre hasard dispute au feu des lèvres ; Car tous ont attendu de longs jours, de longs mois, Pour ne faire, un instant, qu'une chair et qu'une âme, Au milieu des terreurs, sous l'œil fixe des lois, Dans un baiser qui pleure et cependant infâme...

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    De loin Du bonheur qu'ils rêvaient toujours pur et nouveau Les couples exaucés ne jouissent qu'une heure. Moins ému, leur baiser ne sourit ni ne pleure ; Le nid de leur tendresse en devient le tombeau. Puisque l'œil assouvi se fatigue du beau, Que la lèvre en jurant un long culte se leurre, Que des printemps d'amour le lis, dès qu'on l'effleure, Où vont les autres lis va lambeau par lambeau, J'accepte le tourment de vivre éloigné d'elle. Mon hommage muet, mais aussi plus fidèle, D'aucune lassitude en mon cœur n'est puni ; Posant sur sa beauté mon respect comme un voile, Je l'aime sans désir, comme on aime une étoile, Avec le sentiment qu'elle est à l'infini.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Juin Pendant avril et mai, qui sont les plus doux mois, Les couples, enchantés par l'éther frais et rose, Ont ressenti l'amour comme une apothéose ; Ils cherchent maintenant l'ombre et la paix des bois. Ils rêvent, étendus sans mouvement, sans voix ; Les cœurs désaltérés font ensemble une pause, Se rappelant l'aveu dont un lilas fut cause Et le bonheur tremblant qu'on ne sent pas deux fois. Lors le soleil riait sous une fine écharpe, Et, comme un papillon dans les fils d'une harpe, Dans ses rayons encore un peu de neige errait. Mais aujourd'hui ses feux tombent déjà torrides, Un orageux silence emplit le ciel sans rides, Et l'amour exaucé couve un premier regret.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    L'obstacle Les lèvres qui veulent s'unir, À force d'art et de constance, Malgré le temps et la distance, Y peuvent toujours parvenir. On se fraye toujours des routes ; Flots, monts, déserts n'arrêtent point, De proche en proche on se rejoint, Et les heures arrivent toutes. Mais ce qui fait durer l'exil Mieux que l'eau, le roc ou le sable, C'est un obstacle infranchissable, Qui n'a pas l'épaisseur d'un fil. C'est l'honneur ; aucun stratagème, Nul âpre effort n'en est vainqueur, Car tout ce qu'il oppose au cœur, Il le puise dans le cœur même. Vous savez s'il est rigoureux, Pauvres couples à l'âme haute Qu'une noble horreur de la faute Empêche seule d'être heureux. Penchés sur le bord de l'abîme, Vous respectez au fond de vous, Comme de cruels garde-fous, Les arrêts de ce juge intime ; Purs amants sur terre égarés, Quel martyre étrange est le vôtre ! Plus vos cœurs sont près l'un de l'autre, Plus ils se sentent séparés. Oh ! Que de fois fermente et gronde, Sous un air de froid nonchaloir, Votre souriant désespoir Dans la mascarade du monde ! Que de cris toujours contenus ! Que de sanglots sans délivrance ! Sous l'apparente indifférence, Que d'héroïsmes méconnus ! Aux ivresses, même impunies, Vous préférez un deuil plus beau, Et vos lèvres, même au tombeau, Attendent le droit d'être unies.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    La volupté Deux êtres asservis par le désir vainqueur Le sont jusqu'à la mort : la volupté les lie. Parfois, lasse un moment, la geôlière s'oublie, Et leur chaîne les serre avec moins de rigueur. Aussitôt, se dressant tout chargés de langueur, Ces pâles malheureux sentent leur infamie ; Chacun secoue alors cette chaîne ennemie, Pour la briser lui-même ou s'arracher le cœur. Ils vont rompre l'acier du nœud qui les torture, Mais elle, au bruit d'anneaux qu'éveille la rupture, Entr'ouvre ses longs yeux où nage un deuil puissant, Elle a fait de ses bras leur tombe ardente et molle : En silence attiré, le couple y redescend, Et l'éphémère essaim des repentirs s'envole...

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