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Adieu

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Adieu

Poésies de la collection adieu

    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Oh ! pourquoi partir sans adieux Oh ! pourquoi partir sans adieux ? Pourquoi m'ôter ton doux visage, Tes lèvres chères et tes yeux Où je n'ai pas lu ce présage ? Pourquoi sans un mot de regret ? Est-ce que l'heure était venue ? Si ton cœur, hélas ! était prêt, Je ne t'aurais pas retenue. Pourquoi t'oublîrais-je ? La main De qui me vint cette blessure Eut ce cher caprice inhumain, Et pour me frapper fut peu sûre.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Adieu Adieu ! je crois qu'en cette vie Je ne te reverrai jamais. Dieu passe, il t'appelle et m'oublie ; En te perdant je sens que je t'aimais. Pas de pleurs, pas de plainte vaine. Je sais respecter l'avenir. Vienne la voile qui t'emmène, En souriant je la verrai partir. Tu t'en vas pleine d'espérance, Avec orgueil tu reviendras ; Mais ceux qui vont souffrir de ton absence, Tu ne les reconnaîtras pas. Adieu ! tu vas faire un beau rêve Et t'enivrer d'un plaisir dangereux ; Sur ton chemin l'étoile qui se lève Longtemps encor éblouira tes yeux. Un jour tu sentiras peut-être Le prix d'un coeur qui nous comprend, Le bien qu'on trouve à le connaître, Et ce qu'on souffre en le perdant.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Adieux à Suzon Adieu, Suzon, ma rose blonde, Qui m'as aimé pendant huit jours ; Les plus courts plaisirs de ce monde Souvent font les meilleurs amours. Sais-je, au moment où je te quitte, Où m'entraîne mon astre errant ? Je m'en vais pourtant, ma petite, Bien loin, bien vite, Toujours courant. Je pars, et sur ma lèvre ardente Brûle encor ton dernier baiser. Entre mes bras, chère imprudente, Ton beau front vient de reposer. Sens-tu mon coeur, comme il palpite ? Le tien, comme il battait gaiement ! Je m'en vais pourtant, ma petite, Bien loin, bien vite, Toujours t'aimant. Paf ! c'est mon cheval qu'on apprête. Enfant, que ne puis-je en chemin Emporter ta mauvaise tête, Qui m'a tout embaumé la main ! Tu souris, petite hypocrite, Comme la nymphe, en t'enfuyant. Je m'en vais pourtant, ma petite, Bien loin, bien vite, Tout en riant. Que de tristesse, et que de charmes, Tendre enfant, dans tes doux adieux ! Tout m'enivre, jusqu'à tes larmes, Lorsque ton coeur est dans tes yeux. A vivre ton regard m'invite ; Il me consolerait mourant. Je m'en vais pourtant, ma petite, Bien loin, bien vite, Tout en pleurant. Que notre amour, si tu m'oublies, Suzon, dure encore un moment ; Comme un bouquet de fleurs pâlies, Cache-le dans ton sein charmant ! Adieu ; le bonheur reste au gîte, Le souvenir part avec moi : Je l'emporterai, ma petite, Bien loin, bien vite, Toujours à toi.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Adieu Oui, j'ai quitté ce port tranquille, Ce port si longtemps appelé, Où loin des ennuis de la ville, Dans un loisir doux et facile, Sans bruit mes jours auraient coulé. J'ai quitté l'obscure vallée, Le toit champêtre d'un ami ; Loin des bocages de Bissy, Ma muse, à regret exilée, S'éloigne triste et désolée Du séjour qu'elle avait choisi. Nous n'irons plus dans les prairies, Au premier rayon du matin, Egarer, d'un pas incertain, Nos poétiques rêveries. Nous ne verrons plus le soleil, Du haut des cimes d'Italie Précipitant son char vermeil, Semblable au père de la vie, Rendre à la nature assoupie Le premier éclat du réveil. Nous ne goûterons plus votre ombre, Vieux pins, l'honneur de ces forêts, Vous n'entendrez plus nos secrets ; Sous cette grotte humide et sombre Nous ne chercherons plus le frais, Et le soir, au temple rustique, Quand la cloche mélancolique Appellera tout le hameau, Nous n'irons plus, à la prière, Nous courber sur la simple pierre Qui couvre un rustique tombeau. Adieu, vallons; adieu, bocages ; Lac azuré, rochers sauvages, Bois touffus, tranquille séjour, Séjour des heureux et des sages, Je vous ai quittés sans retour. Déjà ma barque fugitive Au souffle des zéphyrs trompeurs, S'éloigne à regret de la rive Que n'offraient des dieux protecteurs. J'affronte de nouveaux orages ; Sans doute à de nouveaux naufrages Mon frêle esquif est dévoué , Et pourtant à la fleur de l'âge, Sur quels écueils, sur quels rivages N'ai-je déjà pas échoué ? Mais d'une plainte téméraire Pourquoi fatiguer le destin ? A peine au milieu du chemin, Faut-il regarder en arrière ? Mes lèvres à peine ont. goûté Le calice amer de la vie, Loin de moi je l'ai rejeté ; Mais l'arrêt cruel est porté, Il faut boire jusqu'à la lie ! Lorsque mes pas auront franchi Les deux tiers de notre carrière, Sous le poids d'une vie entière Quand mes cheveux auront blanchi, Je reviendrai du vieux Bissy Visiter le toit solitaire Où le ciel me garde un ami. Dans quelque retraite profonde, Sous les arbres par lui plantés, Nous verrons couler comme l'onde La fin de nos jours agités. Là, sans crainte et sans espérance, Sur notre orageuse existence, Ramenés par le souvenir, Jetant nos regards en arrière, Nous mesurerons la carrière, Qu'il aura fallu parcourir. Tel un pilote octogénaire, Du haut d'un rocher solitaire, Le soir, tranquillement assis, Laisse au loin égarer sa vue Et contemple encor l'étendue Des mers qu'il sillonna jadis.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Adieu a Graziella Adieu ! mot qu'une larme humecte sur la lèvre ; Mot qui finit la joie et qui tranche l'amour ; Mot par qui le départ de délices nous sèvre ; Mot que l'éternité doit effacer un jour ! Adieu !.... Je t'ai souvent prononcé dans ma vie, Sans comprendre, en quittant les êtres que j'aimais, Ce que tu contenais de tristesse et de lie, Quand l'homme dit : "Retour !" et que Dieu dit : "Jamais !" Mais aujourd'hui je sens que ma bouche prononce Le mot qui contient tout, puisqu'il est plein de toi, Qui tombe dans l'abîme, et qui n'a pour réponse Que l'éternel silence entre une image et moi ! Et cependant mon coeur redit à chaque haleine Ce mot qu'un sourd sanglot entrecoupe au milieu, Comme si tous les sons dont la nature est pleine N'avaient pour sens unique, hélas ! qu'un grand adieu !

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Adieux à la mer Murmure autour de ma nacelle, Douce mer dont les flots chéris, Ainsi qu'une amante fidèle, Jettent une plainte éternelle Sur ces poétiques débris. Que j'aime à flotter sur ton onde. A l'heure où du haut du rocher L'oranger, la vigne féconde, Versent sur ta vague profonde Une ombre propice au nocher ! Souvent, dans ma barque sans rame, Me confiant à ton amour, Comme pour assoupir mon âme, Je ferme au branle de ta lame Mes regards fatigués du jour. Comme un coursier souple et docile Dont on laisse flotter le mors, Toujours, vers quelque frais asile, Tu pousses ma barque fragile Avec l'écume de tes bords. Ah ! berce, berce, berce encore, Berce pour la dernière fois, Berce cet enfant qui t'adore, Et qui depuis sa tendre aurore N'a rêvé que l'onde et les bois ! Le Dieu qui décora le monde De ton élément gracieux, Afin qu'ici tout se réponde, Fit les cieux pour briller sur l'onde, L'onde pour réfléchir les cieux. Aussi pur que dans ma paupière, Le jour pénètre ton flot pur, Et dans ta brillante carrière Tu sembles rouler la lumière Avec tes flots d'or et d'azur. Aussi libre que la pensée, Tu brises le vaisseau des rois, Et dans ta colère insensée, Fidèle au Dieu qui t'a lancée, Tu ne t'arrêtes qu'à sa voix. De l'infini sublime image, De flots en flots l'oeil emporté Te suit en vain de plage en plage, L'esprit cherche en vain ton rivage, Comme ceux de l'éternité. Ta voix majestueuse et douce Fait trembler l'écho de tes bords, Ou sur l'herbe qui te repousse, Comme le zéphyr dans la mousse, Murmure de mourants accords. Que je t'aime, ô vague assouplie, Quand, sous mon timide vaisseau, Comme un géant qui s'humilie, Sous ce vain poids l'onde qui plie Me creuse un liquide berceau. Que je t'aime quand, le zéphire Endormi dans tes antres frais, Ton rivage semble sourire De voir dans ton sein qu'il admire Flotter l'ombre de ses forêts ! Que je t'aime quand sur ma poupe Des festons de mille couleurs, Pendant au vent qui les découpe, Te couronnent comme une coupe Dont les bords sont voilés de fleurs ! Qu'il est doux, quand le vent caresse Ton sein mollement agité, De voir, sous ma main qui la presse, Ta vague, qui s'enfle et s'abaisse Comme le sein de la beauté ! Viens, à ma barque fugitive Viens donner le baiser d'adieux ; Roule autour une voix plaintive, Et de l'écume de ta rive Mouille encor mon front et mes yeux. Laisse sur ta plaine mobile Flotter ma nacelle à son gré, Ou sous l'antre de la sibylle, Ou sur le tombeau de Virgile : Chacun de tes flots m'est sacré. Partout, sur ta rive chérie, Où l'amour éveilla mon coeur, Mon âme, à sa vue attendrie, Trouve un asile, une patrie, Et des débris de son bonheur, Flotte au hasard : sur quelque plage Que tu me fasses dériver, Chaque flot m'apporte une image ; Chaque rocher de ton rivage Me fait souvenir ou rêver...

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Adieu Tu pars !... deux jours hélas, et tu n'es plus pour nous Qu'un de ces souvenirs solitaires et doux Dont le cœur s'empare en silence. Pourquoi donc venais-tu si tu devais nous fuir ? Hélas ! mes jours sereins au nonchalant loisir Ne renaîtront pas de l'absence. Ah ! je devais penser (mais comment le pouvoir Quand je laissais mes yeux s'égarer chaque soir Sur cette place où tu reposes) Que l'amour ici-bas n'a que de courts instants, Que la vie est un songe, et qu'avec le printemps Hélas ! s'en vont toutes les roses. Tu t'en vas donc aussi !... Pars, s'il est quelque bord Où tu sois plus aimée, où plus d'âmes d'abord Recherchent ton heureux empire, Où tu puisses ravir, sans effort et sans art, Plus de regards d'amour avec un seul regard, Plus de cœurs avec un sourire. Tu pars ! je les maudis ces lieux où tu n'es plus, Et cependant jamais ne furent répandus Plus de trésors sur les campagnes, Jamais Dieu n'épancha de son sein paternel Parfums plus purs aux fleurs, plus mol azur au ciel, Plus douce rosée aux montagnes. Tu parus, aussitôt tout s'embellit de toi ; Tu parus, et le jour devint plus doux pour moi, Et la nuit devint plus sereine... Adieu, gloire, avenir ! Oh ! j'aurais tout donné Pour sentir un moment sur mon front incliné L'ombre de tes cheveux d'ébène. Tu n'étais pas venue et déjà cependant Je ne sais quel parfum de ton nom s'exhalant Allait devant ta renommée ; Et le jour où sur moi s'abaissèrent tes yeux... Où t'avais-je donc vue ? En quel songe des cieux ? Je crus déjà t'avoir aimée. Oh ! comme lentement vont se traîner les mois ! Plus de brise dans l'air, plus d'ombre sous les bois, De rêverie au bord des fleuves !... Encore si ta voix eût laissé sur mon cœur Tomber un de ces mots d'ineffable douceur Qui consolent les âmes veuves ! Ce mot eût fait éclore un magique univers Où pour l'entretenir de mes regrets si chers J'aurais enseveli ma vie ; Ainsi pour se bercer d'une image d'amour Le cygne sous son aile en attendant le jour, Ramène sa tête endormie. Mais pas même ce mot ! A l'heure du départ Ma furtive douleur s'exhalant à l'écart Évitera jusqu'à ta vue, Et quand de ton exil tu reviendras enfin, Ton œil indifférent retrouvera le mien Sans y chercher la bienvenue.

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    La chanson d'adieu Je cherche au firmament une étoile nouvelle, Celle qui me fut chère a disparu des cieux ; Je ne la maudis pas, sa clarté me fut belle, Et son dernier rayon est encore dans mes yeux. Peut-être un autre cœur, à mes vœux moins rebelle, En vers mieux inspirés ou plus mélodieux Me rendra les soupirs qui s'égaraient vers elle Mais soyons-lui clément, à l'heure des adieux. Elle ira dans ce monde où celle qui fut Laure Entre ses jeunes sœurs murmure, à chaque aurore, Le doux nom de Pétrarque et sa chanson d'amour ; Mais jamais, dans le ciel, de sa bouche sévère, Elle ne redira le nom de son trouvère, Et son cœur, s'il l'a su, ne l'aura su qu'un jour.

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    Antoine-Vincent Arnault

    Antoine-Vincent Arnault

    @antoineVincentArnault

    Adieux Verts bosquets, paisible asile, Où tout sourit à mon cœur ; D'innocence et de candeur Séjour aimable et tranquille ; En vain je veux retracer Le bonheur qui vous habite : Est-ce l'instant d'y penser Que l'instant où je vous quitte ? Hélas ! quand les plaintes vaines Ont remplacé les désirs ; Quand ce qui fit mes plaisirs Désormais fera mes peines, Loin d'accuser de froideur Mon silence sur vos charmes, N'y voyez que ma douleur Et jugez-moi sur mes larmes. Echos de ce vert bocage, Vous n'entendrez plus ma voix ! Sans moi, nymphes de ces bois, Vous danserez sous l'ombrage. Ah ! je le sens aux regrets Que ce penser a fait naître, Qui dut vous quitter jamais N'eût jamais dû vous connaître. Écrit en 1791.

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    Arsène Houssaye

    Arsène Houssaye

    @arseneHoussaye

    Adieu aux bois Bois où je voudrais vivre, il faut vous dire adieu ! Depuis l'aube égayant les moissons ondoyantes, Jusqu'au soleil pâli des vendanges bruyantes, J'ai voulu contempler la grande œuvre de Dieu. Au bois j'ai vu passer, avec ma rêverie, L'altière chasseresse et la chaste Egérie ; J'ai vu faucher le trèfle à l'ombre du moulin ; J'ai vu dans les froments la moissonneuse agile, Telle que la chantaient Théocrite et Virgile, Presser la gerbe d'or sur son corset de lin ; J'ai vu, quand les enfants se barbouillaient de mûres, La vendangeuse aller aux grappes les plus mûres, Et répondre aux amants par un rire empourpré : Le vin coule au pressoir, le vigneron est ivre, Le regain est fauché ; j'ai vu le premier givre Frapper le bois ; la neige ensevelir le pré. Je pars, je vais revoir l'amitié qui m'oublie, Ton peintre et ton poète, ô charmante Ophélie ! Beau rêve de Shakespeare en ces deux cœurs tombé ; Sainte-Beuve, qui pleure un autre Sainte-Beuve, Hugo, Vigny, Musset, Banville, urnes du fleuve Qui verse l'ambroisie aux rêveurs, comme Hébé. Gérard le voyageur m'écrira du Méandre, Valbreuse me dira : Trente ans ! adieu, Léandre ; Ariel à Paris me parlera du Rhin. Gautier, d'un fourreau d'or tirant un paradoxe, Viendra te battre en brèche, ô sottise orthodoxe ! De Philine et Mignon je rouvrirai l'écrin. Esquiros, Thoré, Süe, armés de l'Évangile, Bâtiront sous mes yeux leur Église fragile Avec Saint-Just pour saint et pour Dieu Jésus-Christ. La Fayette, amoureux de poésie ardente, M'allumera l'enfer de son aïeul le Dante : Janin, Karr et Gozlan diront : Voilà l'esprit ! Lamartine au banquet de Platon me convie ; Sand, Balzac et Sandeau me conteront la vie ; Grisi va me verser les perles de sa voix. Point d'hiver à Paris ! car s'il pleut ou s'il neige, J'irai voir le soleil au Louvre dans Corrége, Ou dans votre atelier, Diaz, Decamps, Delacroix ! Oui, je retourne à toi, poétique bohème, Où dans le nonchaloir on fait un beau poème Avec un peu d'amour tombé du sein de Dieu. Bois où je voudrais vivre, il faut vous dire adieu ! Bruyères, le 15 novembre 1845.

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    Arsène Houssaye

    Arsène Houssaye

    @arseneHoussaye

    Adieu à Paris Adieu, Paris, adieu, ville où le cœur oublie ! Je reconnais le chemin vert Où j'ai quitté trop tôt ma plus douce folie ; Salut, vieux mont de bois couvert ! J'ai perdu dans ces bois les ennuis de la veille ; J'ai vu refleurir mon printemps ; Après un mauvais rêve enfin je me réveille Sous ma couronne de vingt ans ! C'est au milieu des bois, c'est au fond des vallées, Qu'autrefois mon âme a fleuri, C'est à travers les champs que se sont envolées Les heures qui m'ont trop souri ! Les heures d'espérance ! adorables guirlandes Qui se déchirent dans nos mains Quand nous touchons du pied le noir pays des landes Familier à tous les humains. Ne trouverai-je pas le secret de la vie, Seul, libre, errant au fond des bois, À la fête suprême où le ciel me convie, À la source vive où je bois ? Ignorant ! Je lisais gravement dans leur livre ; Maintenant que je vais rêvant, Dans la verte forêt mon cœur rapprend à vivre Et mon cœur redevient savant. Approchez, approchez, Visions tant aimées ; Comme la biche au son du cor, Vous fuyez à ma voix sous les fraîches ramées, Et pourtant je suis jeune encor. Vous fuyez ! Et pourtant vous n'êtes pas flétries, Sous ce beau ciel rien n'est changé : J'entends chanter encor le pâtre en ses prairies, Et dans les bois siffler le geai. Ah ! ne vous cachez pas, ô Nymphes virginales ! Sous les fleurs et sous les roseaux. Suspendez, suspendez vos courses matinales, Sirènes, montez sur les eaux ! Amour, Illusion, Chimère, Rêverie, Sans moi vous allez voyager. Arrêtez ! Vous fuyez ? Adieu ! Dans ma patrie Je ne suis plus qu'un étranger. Il ne s'arrête pas, blondes enchanteresses, Votre cortège éblouissant. Heureux sont les amants, heureuses les maîtresses, Que vous caressez en passant.

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    L'acceptation Je te vis dans un rêve après un triste adieu : Tu marchais dans les plis pesants et magnifiques D'une robe en velours d'un plus céleste bleu Que celui des glaciers ou des flots atlantiques. Quand vers l'orient clair jaillit un premier feu ; Une gorgone d'or aux cruels yeux tragiques L'agrafait à ton cou, mais un doux désaveu Descendait de tes yeux azurés et pudiques ; Derrière toi luisait une mer de lapis Dont les flots étages montaient comme un parvis Vers un grand ciel limpide aux bleuâtres splendeurs ; Tu tenais dans tes mains de frais myosotis, Sans me dire un seul mot tu me tendis ces fleurs, Et j'y plongeai mon front pour y cacher mes pleurs.

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    Auguste Barbier

    Auguste Barbier

    @augusteBarbier

    L'adieu Ah ! quel que soit le deuil jeté sur cette terre Qui par deux fois du monde a changé le destin, Quels que soient ses malheurs et sa longue misère, On ne peut la quitter sans peine et sans chagrin.   Ainsi, près de sortir du céleste jardin, Je me retourne encor sur les cimes hautaines, Pour contempler de là son horizon divin Et longtemps m’enivrer de ses grâces lointaines : Et puis le froid me prend et me glace les veines, Et tout mon cœur soupire, oh ! comme si j’avais, Aux champs de l’Italie et dans ses larges plaines,   De mes jours effeuillé le rameau le plus frais, Et sur le sein vermeil de la brune déesse Épuisé pour toujours ma vie et ma jeunesse.

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    C

    Charles Dumas

    @charlesDumas

    L’adieu Jadis les trois fils du Roi M’ont aimée au clair de lune... Jadis les trois fils du Roi Se sont perdus dans les bois. J’étais près de la fontaine, Je regardais l’eau couler, Quand trois voix encor lointaines L’une après l’autre ont parlé. La plus haute dit : « J’ai froid. » (J’entendis les fils du Roi.) — « Ce n’est pas l’eau qui murmure. Rêvait sans fin la plus claire. — « Il y a de la lumière, » Chanta la plus pure. Jadis les trois fils du Roi Sont venus la nuit vers moi. Le premier sourit : « Jolie, Où que tu sois née, J’aime ta mélancolie De princesse abandonnée. » Le plus fier n’avait pas vu Que j’étais pieds nus. Le plus jeune, à deux genoux, S’embaumant de mes cheveux, Modulait très doux : « C’est Vous, C’est Toi seule que je veux. » Le plus beau des fils du Roi, Le plus beau m’a dit : « Je t’aime. » Jadis les trois fils du Roi M’ont baisé les mains tous trois... — Messeigneurs, laissez mes mains Et passez votre chemin... — Nous partirons dès l’aurore... — Monseigneur, restez encore... — L’on ne peut pas vivre ici, Tu viendras aussi... — Seigneur, ma pauvre couronne Est de fleurs d’automne, Mes pauvres bijoux, Seigneur, Sont gemmés de pleurs... C’était l’aube. Je me tus. L’un dit alors : « C’est dommage. » L’autre reprit : « Je suis triste... » Le plus beau ne disait rien : Ses yeux bleus au fond des miens Ne me voyaient plus... — Seigneur, Seigneur, vos deux frères Sont déjà dans la clairière... Alors il mit à mon doigt Son anneau de fils de Roi. — Allez-vous-en, Monseigneur... — J’ai promis de t’épouser... — Voici votre anneau, Seigneur, Moi je garde le baiser. »

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    Edmond Rostand

    Edmond Rostand

    @edmondRostand

    La dernière lettre de Cyrano Roxane, adieu, je vais mourir ! ... c'est pour ce soir, je crois, ma bien-aimée ! j'ai l'âme lourde encor d'amour inexprimée, et je meurs ! Jamais plus, jamais mes yeux grisés, mes regards dont c'était les frémissantes fêtes, ne baiseront au vol les gestes que vous faites ; j'en revois un petit qui vous est familier pour toucher votre front, et je voudrais crier... " adieu ! ... " ma chère, ma chérie, mon trésor... " mon amour ! ... " mon cœur ne vous quitta jamais une seconde, et je suis et serai jusque dans l'autre monde celui qui vous aima sans mesure, celui...

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Quand je te dis adieu, pour m'en venir ici Quand je te dis adieu, pour m'en venir ici, Tu me dis, mon La Haye, il m'en souvient encore : Souvienne-toi, Bellay, de ce que tu es ore, Et comme tu t'en vas, retourne-t'en ainsi. Et tel comme je vins, je m'en retourne aussi : Hormis un repentir qui le coeur me dévore, Qui me ride le front, qui mon chef décolore, Et qui me fait plus bas enfoncer le sourcil. Ce triste repentir, qui me ronge et me lime, Ne vient (car j'en suis net) pour sentir quelque crime, Mais pour m'être trois ans à ce bord arrêté : Et pour m'être abusé d'une ingrate espérance, Qui pour venir ici trouver la pauvreté, M'a fait (sot que je suis) abandonner la France.

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Adieux a la Poésie Mes pleurs sont à moi, nul au monde Ne les a comptés ni reçus ; Pas un œil étranger qui sonde Les désespoirs que j'ai conçus. L'être qui souffre est un mystère Parmi ses frères ici-bas ; Il faut qu'il aille solitaire S'asseoir aux portes du trépas. J'irai seule et brisant ma lyre, Souffrant mes maux sans les chanter ; Car je sentirais à les dire Plus de douleur qu'à les porter. Paris, 1835.

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Le départ Il est donc vrai ? Je garde en quittant la patrie, Ô profonde douleur ! un cœur indifférent. Pas de regard aimé, pas d'image chérie, Dont mon œil au départ se détache en pleurant. Ainsi partent tous ceux que le désespoir sombre Dans quelque monde à part pousse à se renfermer, Qui, voyant l'homme faible et les jours remplis d'ombre, Ne se sont pas senti le courage d'aimer. Pourtant, Dieu m'est témoin, j'aurais voulu sur terre Rassembler tout mon cœur autour d'un grand amour, Joindre à quelque destin mon destin solitaire, Me donner sans regret, sans crainte, sans retour. Aussi ne croyez pas qu'avec indifférence Je contemple s'éteindre, au plus beau de mes jours, Des bonheurs d'ici-bas la riante espérance : Bien que le cœur soit mort, on en souffre toujours.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Jamais adieu Ne t'en va pas, reste au rivage ; L'amour le veut, crois-en l'amour. La mort sépare tout un jour : Tu fais comme elle ; ah ! quel courage ! Vivre et mourir au même lieu, Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! » Quitter l'amour pour l'opulence ! Que faire seul avec de l'or ? Si tu reviens, vivrai-je encor ? Entendras-tu dans mon silence ? Vivre et mourir au même lieu, Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! » Leur diras-tu : « Je suis fidèle ! » Ils répondront : « Cris superflus, Elle repose, et n'entend plus. Le ciel du moins eut pitié d'elle ! » Vivre et mourir au même lieu, Dire : « Au revoir ! », jamais : « Adieu ! »

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    L'adieu Adieu pour toujours, Mes amours ; Ne pleure pas, Tes pleurs ont trop d'appas ! Presse encor ma main ; Mais, demain, Il aura fui, Le bonheur d'aujourd'hui. Quand une fleur Va perdre sa couleur, On n'y doit plus De regrets superflus : Et le flambeau, Dont l'éclat fut si beau, Quand il s'éteint, Cède au froid qui l'atteint. Adieu pour toujours, Mes amours ; Ne pleure pas, Tes pleurs ont trop d'appas ! Presse encor ma main ; Mais, demain, Il aura fui, Le bonheur d'aujourd'hui. Ton doux regard M'éclaira par hasard ; Et dans mes yeux Il répandit les cieux : Dès ce moment, Si fatal... si charmant, Mon cœur perdu Ne me fut pas rendu ! Adieu pour toujours, Mes amours ; Ne pleure pas, Tes pleurs ont trop d'appas ! Presse encor ma main ; Mais, demain, Il aura fui, Le bonheur d'aujourd'hui.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Adieu Hélas ! je n'étais pas fait pour cette haine Et pour ce mépris plus forts que moi que j'ai. Mais pourquoi m'avoir fait cet agneau sans laine Et pourquoi m'avoir fait ce coeur outragé ? J'étais né pour plaire à toute âme un peu fière, Sorte d'homme en rêve et capable du mieux, Parfois tout sourire et parfois tout prière, Et toujours des cieux attendris dans les yeux ; Toujours la bonté des caresses sincères, En dépit de tout et quoi qu'il y parût, Toujours la pudeur des hontes nécessaires Dans l'argent brutal et les stupeurs du rut ; Toujours le pardon, toujours le sacrifice ! J'eus plus d'un des torts, mais j'avais tous les soins. Votre mère était tendrement ma complice, Qui voyait mes torts et mes soins, elle, au moins. Elle n'aimait pas que par vous je souffrisse. Elle est morte et j'ai prié sur son tombeau ; Mais je doute fort qu'elle approuve et bénisse La chose actuelle et trouve cela beau. Et j'ai peur aussi, nous en terre, de croire Que le pauvre enfant, votre fils et le mien, Ne vénérera pas trop votre mémoire, Ô vous sans égard pour le mien et le tien. Je n'étais pas fait pour dire de ces choses, Moi dont la parole exhalait autrefois Un épithalame en des apothéoses, Ce chant du matin où mentait votre voix. J'étais, je suis né pour plaire aux nobles âmes, Pour les consoler un peu d'un monde impur, Cimier d'or chanteur et tunique de flammes, Moi le Chevalier qui saigne sur azur, Moi qui dois mourir d'une mort douce et chaste Dont le cygne et l'aigle encor seront jaloux, Dans l'honneur vainqueur malgré ce vous néfaste, Dans la gloire aussi des Illustres Époux !

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Adieu, belle Cassandre, et vous, belle Marie Adieu, belle Cassandre, et vous, belle Marie, Pour qui je fus trois ans en servage à Bourgueil, L'une vit, l'autre est morte, et ores, de son œil Le Ciel se réjouit, dont la terre est marrie. Sur mon premier Avril, d'une amoureuse envie J'adorais vos beautés, mais votre fier orgueil Ne s'amollit jamais pour larmes ni pour deuil, Tant d'une gauche main la Parque ourdit ma vie. Maintenant en Automne, encore malheureux, Je vis comme au Printemps, de nature amoureux, Afin que tout mon âge aille au gré de la peine. Et or que je deusse être affranchi du harnois, Mon Colonel m'envoie, à grand coups de carquois, Rassiéger Ilion pour conquérir Hélène.

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    P

    Pierre Gamarra

    @pierreGamarra

    Pour une femme vive Je ne saurai jamais quand tu m’as dit : je t’aime je ne saurai jamais quand tu m’as dit : adieu Si le fleuve et la mer effaçaient les poèmes, mes mots seraient vaisseaux sur les lacs de tes yeux. Je ne saurai jamais où commença la neige, où revient le soleil pour les roses de mai, où ta voix dit : je sais, quand je disais : que sais-je ? où commença mon coeur, je ne saurai jamais. Tu ne m’as rien donné, tu m’as donné le monde. Lorsque tu me quittas, tu m’attendais toujours. Si mon ciel était mort, j’aurais ta flamme blonde, et si je revivais, je me mourrais d’amour. Salut à toi, femme de l’aube, ma corolle, princesse d’un hiver promise à l’églantier, salut à toi, ma paix, mon pain, ma parabole, salut mon indomptable et salut ma pitié. Je te porte la palme et la farine pure, je te livre l’orgueil avec l’humilité Quand ces chants passeront, il restera l’été, quand mon coeur se taira, je revivrai blessure. Je te chante ce soir devant le monde lourd, aux frontières d’un ciel labouré de promesses. Je sais que je mourrai pour revivre sans cesse et quand je revivrai, je me mourrai d’amour.

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    Rainer Maria Rilke

    Rainer Maria Rilke

    @rainerMariaRilke

    Notre avant-dernier mot Notre avant-dernier mot serait un mot de misère, mais devant la conscience-mère le tout dernier sera beau. Car il faudra qu'on résume tous les efforts d'un désir qu'aucun goût d'amertume ne saurait contenir.

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    Ralph Waldo Emerson

    Ralph Waldo Emerson

    @ralphWaldoEmerson

    Au revoir Au revoir, monde fier! je rentre à la maison: Tu n’es pas mon ami, le tien je ne suis guère, J’ai traversé longtemps les foules, les saisons; Sur la mer des larmes, frêle esquif de rivière, Longtemps fus balloté comme l’écume amère; Maintenant, monde fier, je rentre à la maison. Adieu, la Flatterie et sa face servile; Au revoir la Grandeur, les grimaces subtiles; L’arrogante Richesse à l’œil indifférent; Au Pouvoir complaisant, qu’il soit petit ou grand ; Aux foules des palais, à la rue, à la cour; Aux cœurs toujours gelés, aux pieds pressés qui courent; Adieu pour ceux qui viennent, adieu pour ceux qui vont; Adieu, toi, monde fier ! je rentre à la maison. Je m’en vais tout là-bas, vers ma propre chaumine, Solitaire et cachée dans ces vertes collines,- Un coin secret niché dans un doux paysage, Dont les joyeuses fées ont prévu le bocage ; Où les vertes ramures, tout au long des jours Retentissent du chant des merles alentour, Dont les gens du commun n’ont jamais vu les lieux, Un endroit consacré pour l’esprit et pour Dieu. Oh! quand dans ma forêt je savoure mon home, Je piétine l’orgueil de la Grèce et de Rome; Quand je suis sous les pins couché nonchalamment, Que l’étoile du soir brille si saintement, Je moque le savoir et la gloire de l’homme, Les écoles sophistes, les clans, les diplômes; Tous dans leur vanité, que feraient-ils donc mieux Quand l’homme dans les bois peut rencontrer son Dieu?

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le dernier adieu Quand l'être cher vient d'expirer, On sent obscurément la perte, On ne peut pas encor pleurer : La mort présente déconcerte ; Et ni le lugubre drap noir, Ni le Dies irae farouche, Ne donnent forme au désespoir : La stupeur clôt l'âme et la bouche. Incrédule à son propre deuil, On regarde au fond de la tombe, Sans rien comprendre à ce cercueil Sonnant sous la terre qui tombe. C'est aux premiers regards portés, En famille, autour de la table, Sur les sièges plus écartés, Que se fait l'adieu véritable.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Les adieux Les jeunes filles Amis, amis, nous voilà grandes ; Nos jours ont changé de saison. Allez préparer vos offrandes, Allez suspendre les guirlandes À la porte de la maison. Elle a sonné, l'heure fatale Qu'on tremblait de voir approcher ; Des fleurs que la prairie étale Semez la route triomphale Où l'hymen en blanc va marcher. LES JEUNES GENS. Quelle solitude est la nôtre ! Ou dans les bras de l'homme, ou dans les bras de Dieu, Nos compagnes, hélas ! tombent l'une après l'autre. Adieu !... Un soir s'en va l'enfant aimée : Sa vie en s'éteignant nous laisse un corps tout froid, Comme d'un cierge pur la flamme parfumée Décroît... Un matin c'est une épousée : Elle marche à l'autel, l'œil baissé mais vainqueur ; Aux lèvres va fleurir la joie ensemencée Au cœur ! Qui êtes-vous, vierges de la veille ? Ange ? épouse ? pour vous quel est le meilleur sort ? Plus d'une ombre en passant nous répond à l'oreille ; « La mort... » LES JEUNES FILLES. Pourquoi cette parole amère ? Pourquoi ces pleurs dans vos adieux ? La fille imite enfin sa mère ; Mais l'amitié reste sincère, Bien qu'elle ait dû baisser les yeux. Cherchez autour de vous laquelle N'a pas reçu son maître un jour. Le cœur se fixe où Dieu l'appelle ; Mais l'amitié reste fidèle, Bien que le cœur ait un amour. LES JEUNES GENS. Ah ! vous nous oublierez avant demain sans doute ! Vierges, notre jeunesse est la rosée au vent : Elle tombe avec vous de nos cœurs goutte à goutte ; Une seule en partant peut nous l'emporter toute Et n'en sait rien souvent. Hélas ! où voulez-vous que nous posions nos âmes, Si vous changez de ciel, ô fleurs de la maison ? Que peuvent les vieillards, dispensateurs des blâmes, Qui versent à toute heure et sur toutes nos flammes Comme une neige la raison ? Que peuvent nos amis, ceux que l'orgie entraîne, De nos soupirs cachés insouciants moqueurs ? Ou ceux qui, délaissés, ressentent notre peine ? Que peuvent-ils pour nous ? La gloire serait vainc À vous supplanter dans nos cœurs ! LES JEUNES FILLES. Chacune de nous est l'aînée De sœurs qui la supplanteront ; Notre fleur d'oranger ne sera pas fanée Avant que leur seizième année Ne la demande pour leur front. Leurs jeux nous font encore envie, Ils vont nous être défendus ; À de graves devoirs doucement asservie, S'éloigne de vous notre vie ; Peut-être ne rirons-nous plus... LES JEUNES GENS. Puisque l'âge est passé des gaîtés familières, Que la pudeur craintive a touché vos paupières Et qu'on vous prend la main pour l'offrir à l'époux, Puisque l'âge est passé des gaîtés familières, Mariez-vous. Puisque Dieu lentement disperse les familles, Ravit aux jeunes gens l'amour des jeunes filles Et nous laisse gémir dans un ennui jaloux, Puisque Dieu lentement disperse les familles, Mariez-vous. Nous sommes des enfants, on vous promet des hommes, D'un prospère foyer protecteurs économes, Peut-être moins aimants, mais plus sages que nous ; Nous sommes des enfants, on vous promet des hommes : Mariez-vous. LES JEUNES FILLES. Amis, votre âme n'est que tendre ; Rendez-la forte pour attendre, Pensez beaucoup et rêvez moins, La vierge ne peut vous entendre ; Portez à la vertu vos soins. Vouez à quelque objet suprême Un feu plus grand que l'amour même ; Luttez pour devenir plus tôt Des fiancés comme on les aime Et des hommes comme il en faut.

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    Rosemonde Gerard

    Rosemonde Gerard

    @rosemondeGerard

    Ceci est mon testament Je vous laisse, Ami cher, cette frivole estampe Que vous aviez trouvé me ressembler beaucoup ; La mèche de cheveux qui frisait sur ma tempe, Le pâle médaillon que je portais au cou. Et je vous laisse aussi ma robe en mousseline, Celle que vous aimiez ; mes souliers de satin ; Mon cœur de tous les jours ; et ces vers de Racine Que j’apprenais le soir pour les dire au matin. Je vous laisse mes gants et mon ombrelle rose ; Et je vous laisse encor – n’ayant rien autre chose – Tous mes petits rubans de toutes les couleurs ; Le livre que, pour vous, je lisais à la messe ; Le cher anneau d’argent, témoin de ma promesse… Et ma tombe légère avec toutes ses fleurs !

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    Sappho

    Sappho

    @sappho

    Les adieux Atthis n'est point sur ses pas retournée. Vraiment, je voudrais être morte. En me quittant, elle pleurait, Elle pleurait et me disait: "Ah! Saphô, terrible est ma peine. C'est malgré moi que je m'en vais..." Et je lui répondais moi-même: "Pars en joie, souviens-toi de moi. Ah! tu sais bien comme je t'aime! "Sinon, je veux te rappeler Nos heures si belles, si chères, (Les as-tu vraiment oubliées?) "Les guirlandes entrelacées, Autour de ta gorge fragile, Les fleurs adorables mêlées, "Et le parfum mystérieux, Les flacons de parfum royal, Qui inondaient tes beaux cheveux, "Et l'heure, où, sur un lit couchée, Mollement et entre mes bras, Tu calmais ta soif altérée..."

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Adieux à la poésie Allons, ange déchu, ferme ton aile rose ; Ôte ta robe blanche et tes beaux rayons d’or ; Il faut, du haut des cieux où tendait ton essor, Filer comme une étoile, et tomber dans la prose. Il faut que sur le sol ton pied d’oiseau se pose. Marche au lieu de voler : il n’est pas temps encor ; Renferme dans ton coeur l’harmonieux trésor ; Que ta harpe un moment se détende et repose. Ô pauvre enfant du ciel, tu chanterais en vain Ils ne comprendraient pas ton langage divin ; À tes plus doux accords leur oreille est fermée ! Mais, avant de partir, mon bel ange à l’oeil bleu, Va trouver de ma part ma pâle bien-aimée, Et pose sur son front un long baiser d’adieu !

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