splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Humour

18 poésies en cours de vérification
Humour

Poésies de la collection humour

    A

    Abdelkrim Tabbal

    @abdelkrimTabbal

    Rire Parfois, en temps de canicule un enfant fou lance des cailloux ou des roses sur le corps de l'eau folle nue. assoupie sous les branches obstruées de silence Alors les cailloux protestent, les roses pleurent Il ne reste plus au monde qui ne s'interroge ou ne se mette en colère De son berceau bleu une vague demande : Qui me réveille en plein rêve ? De son château vert un oiseau demande : Pourquoi cette anarchie ? Les poissons des profondeurs demandent : Qu'est-ce ? Un séisme dans l'âme ou le cauchemar de la nuit ? Et moi je demande : Cela veut dire quoi que quelqu'un d'autre parle en mon nom ?

    en cours de vérification

    Auguste Barbier

    Auguste Barbier

    @augusteBarbier

    Iambes, le Rire Nous avons tout perdu, tout, jusqu' à ce gros rire Gonflé de gaîté franche et de bonne satire, Ce rire d' autrefois, ce rire des aïeux Qui jaillissait du coeur comme un flot de vin vieux Le rire sans envie et sans haine profonde, Pour n' y plus revenir est parti de ce monde. Quel compère joyeux que le rire autrefois! Maintenant il est triste, il chante à demi-voix, Il incline la tête et se pince la lèvre; Chaque pli de sa bouche est creusé par la fièvre: Adieu le vin, l' amour, et les folles chansons! Adieu les grands éclats, les longues pamoisons! Plus de garçon joufflu, bien frais, et dans sa gloire Chantant à plein gosier les belles après boire; Près d' un jambon fumé plus de baisers d' époux, Plus de bruyants transports, plus de danse de fous, Plus de boutons rompus, plus de bouffonnerie: Mais du cynisme à force et de l' effronterie, De la bile à longs flots, des traits froids et mordants, Comme au fond de l' enfer des grincements de dents, Et puis la lâcheté, l' insulte à la misère, Et des coups au vaincu, des coups à l' homme à terre... Ah! Pour venir à nous le front morne et glacé, Par quels affreux chemins, vieux rire, as-tu passé? Les éclats de ta voix, comme hurlements sombres, Ont retenti longtemps à travers des décombres; Dans les villes en pleurs, sur le blé des sillons, Ils ont réglé longtemps les pas des bataillons; Longtemps ils ont mêlé leurs notes infernales Au bruit du fer tombant sur les têtes royales, Et, suivant dans Paris le fatal tombereau, Mené plus d' un grand homme au panier du bourreau: Rire! Tu fus l' adieu qu' en délaissant la terre De son lit de douleur laissa tomber Voltaire; Rire de singe assis sur la destruction, Marteau toujours brûlant de démolition, Depuis ce jour, Paris te remue à toute heure, Et sous tes coups puissants rien de grand ne demeure. Ah! Malheur au talent plein de vie et d' amour Qui veut se faire place et paraître au grand jour! Malheur, malheur cent fois à la muse choisie Qui veut livrer son aile au vent de poésie! En vain elle essaîra, dédaigneuse du sol, Sur le bruit des cités de prendre son beau vol, Le rire à l' oeil stupide est là, qui la regarde, Et qui, jaloux des lieux où son pied se hasarde, Comme miasmes brûlants, ou comme plomb mortel, Montera la frapper aux campagnes du ciel; Et cette âme perdue aux voûtes éternelles, Qui, devant le soleil ouvrant ses larges ailes, Allait, dans son transport, chez la divinité Exhaler quelque chant plein d' immortalité; Pauvre âme, atteinte encore au bord de la carrière, Triste, penchant la tête et fermant la paupière, Elle retombera dans son cloaque impur, Et s' en ira bien loin vers quelque coin obscur, Gémissante, traînant l' aile et perdant sa plume, Mourir avant le temps, le coeur gros d' amertume.

    en cours de vérification

    Blaise Cendrars

    Blaise Cendrars

    @blaiseCendrars

    Rire Je ris Je ris Tu ris Nous rions Plus rien ne compte Sauf ce rire que nous aimons Il faut savoir être bête et content

    en cours de vérification

    C

    Caroline Baucher

    @carolineBaucher

    Le rebout de la société le bout bout il boue d’impatience on va lui prendre un bout il en a conscience mais ce n’est pas un sujet tabou c’est juste une expérience car on va prendre un autre bout pour faire avancer la science est-ce que deux bouts, mis bout à bout ne forment qu’un ? mais le bout du premier bout craint que le bout du second bout ne voudra pas faire, avec lui un bout de chemin il faut dire, il a souvent été trainé dans la boue car il a du mal à joindre les deux bouts il voudrai tant être à bout portant avec un autre bout à bout touchant n’est –ce pas touchant se dit l’autre bout. Après ces tergiversations Le deux bouts finissent par s’endormir debout Normal, c’est une histoire à dormir debout ! Le sens profond de cette histoire : il est difficile de se faire admettre par les autres quand on a des soucis

    en cours de vérification

    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    Aux damoiselles paresseuses d'écrire a leurs amis Bonjour : et puis, quelles nouvelles ? N'en saurait-on de vous avoir? S'en bref ne m'en faites savoir, J'en ferai de toute nouvelles. Puisque vous êtes si rebelles, Bon vêpre, bonne nuit, bonsoir, Bonjour ! Mais si vous cueillez des groselles, Envoyez-m'en ; car, pour tout voir, Je suis gros, mais c'est de vous voir Quelque matin, mes damoiselles : Bonjour !

    en cours de vérification

    G

    Géo Norge

    @geoNorge

    Un sourire Des morts, encor des morts. Toujours cette fin noire. Changez-moi ce décor, Ces acteurs, cette foire. Je veux de francs feuillages. Et du son de flûtcau Qui passent dans mes âges Comme un printemps sur l'eau. Et je veux un sourire (O silence, ô moisson) Qu'aucun vent ne déchire De sa longue saison. Une douce figure Où poser cette gloire. Un visage qui dure. Plus beau que son histoire.

    en cours de vérification

    J

    Jackie Estacado

    @jackieEstacado

    Saint-Valentin Cela fait longtemps que je te cherchai J’ai parcourus bien des contrés Mon cœur s’est arrêté Le jour où je t’ai rencontré La première fois que je t’ai vu Je suis de venu fou Je me suis mis à nu On c’est de suite plu Bonne saint-valentin A toi : Mon lit

    en cours de vérification

    J

    Jacques Ceaux

    @jacquesCeaux

    Un rêve du monte-en-l'air !!! La lumière du jour pointe déjà. Il rentre rapidement dans ce vaste hôtel vide à cette heure là. La porte de la chambre refermée, il souffle profondément et retire lentement ses gants et son masque noirs. C'est la dernière fois ! il a décidé de raccrocher avant le coup de trop, celui qui a si souvent perdu même les plus marioles du métier. Finalement il n'y a pas de fatalité, ce soir son dernier casse c'est déroulé comme dans un livre; le chateau était désert, le vieux soupirail a cédé sans peine, les bijoux étaient là dans ce coffre suspendu à peine protégés. Un rêve du monte-en-l'air !!! Maintenant il faut ressortir faire le client qui vient de se réveiller.S'installer en terrasse pour prendre soleil et café et savourer le tout en homme riche et bronzé. Comble de la chance, la femme, brune et magique, qu'il a croisé plusieurs fois, est assise là comme si elle l'attendait. Son sourire illumine le ciel du matin. Il se joint à elle dans un faste de mondanités. Vantant tout à la fois ses yeux et la lumière de la Riviera. Devisant sur sa chance de vivre l'aube de ce jour nouveau en si merveilleuse compagnie. Mais au moment de poser ses lèvres pour un baise main -estocade du joli coeur dans le beau monde - deux pinces froides viennent fermement enserrer ses poignets. POLICE vous êtes en état d'arrestation!!! La belle a rangé son sourire, ses yeux se font acier, elle brandit maintenant arme et insignes : "vous avez le bonjour du capitaine de police Carole Dubon, Monsieur Pinlu"

    en cours de vérification

    J

    Jacques Chessex

    @jacquesChessex

    Le rire dans la faille Je suis un moine errant Comme le renard onirique erre sans errer Fuit sans fuir, rit dans le rayon nocturne Honore les morts d'avant et d'après Comme ce prince à la soyeuse mine Luit dans l'enchevêtrement des formes Court sans courir À la sagesse immobile des ancêtres Je suis un moine mendiant et questionnant Je demande aux gens qui sont les ancêtres Qui est le renard dans ses brumes Et quoi le rire dans la faille Mais poser ces questions me fatigue Je me fais trop de souci pour mon travail contemplatif et quémandeur Je suis un moine stupide Je m'enfuis et je reste planté sur la place Ce n'est pas tout de prendre intérieurement ses jambes à son cou Et de jouer au mort quand les filles passent En faisant bouger leurs seins comme des têtes De Jean Baptiste ou de Bouddha Mais je n'ai pas envie de ces boules excessives ou de ces crânes Je regarde vers les cages de l'air Je vois le soleil au fond de ma cave en os sous ma peau idiote ô désir J'erre sans hâte avec ces enfermements et ces lampes

    en cours de vérification

    Jacques Prévert

    Jacques Prévert

    @jacquesPrevert

    Définir l'humour Louable entreprise définir tout est là et le reste avec Il faut savoir à quoi s'en tenir Et il est grand temps que les entrepreneurs de définitions mettent l'humour au pied du mur c'est-à-dire à sa place là où on remet le maçon Depuis trop longtemps on prenait trop souvent l'humour à la légère il s'agit maintenant de le prendre à la lourde Alors messieurs définissez-le expliquez-le cataloguez-le contingentez-le prouvez-le par l'œuf disséquez-le encensez-le recensez-le engagez-le rempilez-le encagez-le dans la marine encadrez-le hiérarchisez-le arraisonnez-le béatifiez-le polissez-le sans cesse et repolissez-le Enfin attrapez-le sans oublier de mettre votre grain de sel s'il en a une sur sa queue Et quand voua en aurez fini aveo lui dé-fi-ni-ti-ve-ment c'est-à-dire prouvé didactiquement dialectiquement casuistiquement ostensiblement et naturellement poétiquement qu'il est nénarrable solite décis pondérable proviste commen8urable tempestif déniable et trépide et qu'il a son rôle historique à jouer dans l'histoire mais qu'il doit cesser de prêter à rire pour donner à penser Et de même que de remarquables érudits spécialistes ont prouvé que le marquis de Sade n'était que le modeste précurseur des chrétiens progressistes et votre Seigneur Jésus-Christ le premier des socialistes n'oubliez pas de démontrer ostensiblement que Jésus-Christ était surtout un enfant de l'humour Et grâce à cette consécration officielle la conscience universelle encore une fois pour quelques-unes si ce n'est pas pour toutes sera tranquille comme saint Jean-Baptiste Et cette conscience redeviendra encore pour un temps science des cons et la civilisation redeviendra militarisation et la révolution vérolution nationale Et vous pourrez tourner les manivelles des grandes orgues des très hauts lieux où souffle l'esprit critique Et décanter les cantiques des cantiques Quel beau jour quel touchant spectacle Tressaillons d'humour de bonheur Jésus sort de son tabernacle Et s'avance en triomphateur Refrain Humour Humour Humour à Jésus Humour Humour Humour à Jésus Variante Tout ça ne vaut pas l'humour la belle humour Sans oublier dans vos entonnoirs l'humour platonique l'humour sacré de la patrie et l'humour de l'art Et que l'on entende encore longtemps le cri du chœur des fouilleurs de tiroirs Pour l'humour de Dieu Ne plaisantez pas avec l'humour L'humour c'est sérieux ! P. S. Et comme je vous le disais dans ma dernière lettre que selon la formule consacrée vous n'avez pas reçue parce que je ne l'ai pas envoyée et que je n'ai pas envoyée parce que je ne l'ai pas écrite Pour ce qui est de mon pedigree permettez-moi d'avancer masqué comme en pareille occasion il sied et d'emprunter les feuilles de vigne roses du Petit Larousse illustré pour vous confier ceci sous le sceau du secret professionnel de ma vie privée

    en cours de vérification

    J

    Jean Villard-Gilles

    @jeanVillardGilles

    La venoge On a un bien joli canton : des veaux, des vaches, des moutons, du chamois, du brochet, du cygne ; des lacs, des vergers, des forêts, même un glacier, aux Diablerets ; du tabac, du blé, de la vigne, mais jaloux, un bon Genevois m’a dit, d’un petit air narquois : – Permettez qu’on vous interroge : Où sont vos fleuves, franchement ? Il oubliait tout simplement la Venoge Un fleuve ? En tout cas, c’est de l’eau qui coule à un joli niveau. Bien sûr, c’est pas le fleuve Jaune mais c’est à nous, c’est tout vaudois, tandis que ces bons Genevois n’ont qu’un tout petit bout du Rhône. C’est comme : «Il est à nous le Rhin !» ce chant d’un peuple souverain, c’est tout faux ! car le Rhin déloge, il file en France, aux Pays-Bas, tandis qu’elle, elle reste là, la Venoge ! Faut un rude effort entre nous pour la suivre de bout en bout ; tout de suite on se décourage, car, au lieu de prendre au plus court, elle fait de puissants détours, loin des pintes, loin des villages. Elle se plaît à traînasser, à se gonfler, à s’élancer – capricieuse comme une horloge – elle offre même à ses badauds des visions de Colorado ! la Venoge ! En plus modeste évidemment. Elle offre aussi des coins charmants, des replats, pour le pique-nique. Et puis, la voilà tout à coup qui se met à fair’ des remous comme une folle entre deux criques, rapport aux truites qu’un pêcheur guette, attentif, dans la chaleur, d’un œil noir comme un œil de doge. Elle court avec des frissons. Ça la chatouille, ces poissons, la Venoge ! Elle est née au pied du Jura, mais, en passant par La Sarraz, elle a su, battant la campagne, qu’un rien de plus, cré nom de sort ! elle était sur le versant nord ! grand départ pour les Allemagnes ! Elle a compris ! Elle a eu peur ! Quand elle a vu l’Orbe, sa sœur – elle était aux premières loges – filer tout droit sur Yverdon vers Olten, elle a dit : «Pardon !» la Venoge ! «Le Nord, c’est un peu froid pour moi. J’aime mieux mon soleil vaudois et puis, entre nous : je fréquente !» La voilà qui prend son élan en se tortillant joliment, il n’y a qu’à suivre la pente, mais la route est longue, elle a chaud. Quand elle arrive, elle est en eau – face aux pays des Allobroges – pour se fondre amoureusement entre les bras du bleu Léman, la Venoge ! Pour conclure, il est évident qu’elle est vaudoise cent pour cent ! Tranquille et pas bien décidée. Elle tient le juste milieu, elle dit : «Qui ne peut ne peut !» mais elle fait à son idée. Et certains, mettant dans leur vin de l’eau, elle regrette bien – c’est, ma foi, tout à son éloge – que ce bon vieux canton de Vaud n’ait pas mis du vin dans son eau… la Venoge !

    en cours de vérification

    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    L'habit d'Arlequin Vous connaissez ce quai nommé de la Ferraille, Où l'on vend des oiseaux, des hommes et des fleurs. A mes fables souvent c'est là que je travaille ; J'y vois des animaux, et j'observe leurs moeurs. Un jour de mardi gras j'étais à la fenêtre D'un oiseleur de mes amis, Quand sur le quai je vis paraître Un petit arlequin leste, bien fait, bien mis, Qui, la batte à la main, d'une grâce légère, Courait après un masque en habit de bergère. Le peuple applaudissait par des ris, par des cris. Tout près de moi, dans une cage, Trois oiseaux étrangers, de différent plumage, Perruche, cardinal, serin, Regardaient aussi l'arlequin. La perruche disait : "J'aime peu son visage, Mais son charmant habit n'eut jamais son égal. Il est d'un si beau vert ! - Vert ! dit le cardinal ; Vous n'y voyez donc pas, ma chère ? L'habit est rouge assurément : Voilà ce qui le rend charmant. - Oh ! pour celui-là, mon compère, Répondit le serin, vous n'avez pas raison, Car l'habit est jaune-citron ; Et c'est ce jaune-là qui fait tout son mérite. - Il est vert. - Il est jaune. - Il est rouge morbleu!" Interrompt chacun avec feu ; Et déjà le trio s'irrite. "Amis, apaisez-vous, leur crie un bon pivert ; L'habit est jaune, rouge et vert. Cela vous surprend fort ; voici tout le mystère : Ainsi que bien des gens d'esprit et de savoir, Mais qui d'un seul côté regardent une affaire, Chacun de vous ne veut y voir Que la couleur qui sait lui plaire."

    en cours de vérification

    M

    Mahmoud Abdelghani

    @mahmoudAbdelghani

    Dieu l'a fait rire et m'a fait pleurer Depuis le commencement, les langues se sont abattues en un déluge de feu. La force brutale est apparue et les éléments de l'univers, avec toutes leurs couches primitives, sont sortis pour marcher sur terre. Puis les yeux se sont attroupés au plus haut du ciel et la mémoire a explosé comme un ventre dans une tombe. Le tonnerre découpait la chair de l'homme sur une planche à pain. J'ai vu des rochers à l'écart, tels des empires déchus. La terre était loin, piécette d'un dirham au fond d'une eau pure. Je me suis reculé et j'ai regardé le visage de celle que Dieu a fait rire alors qu'il me faisait pleurer.

    en cours de vérification

    M

    Michel Deguy

    @michelDeguy

    Sourire Quand je la croise sur son visage Sur son visage comme sur les nôtres Sur leurs visages il y a Des restes de la rencontre précédente

    en cours de vérification

    M

    Mohammed Dib

    @mohammedDib

    Le rire Ces murmures perdus. Cette lumière, cet or. De trop dans le vent. L'enfant dit : peut-être En sortirait-il un monstre. Mais pourquoi le dire ? Un monstre très beau. Peut-être serait-on heureux. Si beau, dit-il. Il y eut juste un rire. Mais si beau et ça une fois Et ne se reproduisit plus. Si on sait tout, dit-il Que resterait-il à savoir ? Il entendit pleurer.

    en cours de vérification

    M

    Mohammed Dib

    @mohammedDib

    Le sourire Un dieu est mon frère. Dit l'enfant. Je m'assieds. Il me caresse les cheveux. Je me lève. Il n'y est plus. Où parti ? Sait-on, faire tout. Ce qu'un dieu peut faire. Des mots restent entre nous. Il reviendra. Je ne sais quand. Je le saurai quand il reviendra. Si l'air a un sourire muet, C'est lui. Et moi pas loin J'écoute avec mes yeux.

    en cours de vérification

    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le rire Les bêtes, qui n'ont point de sublimes soucis, Marchent, dès leur naissance, en fronçant les sourcils, Et ce rigide pli, jusqu'à la dernière heure, Signe mystérieux de sagesse y demeure. Les énormes lions qui rôdent à grands pas, Libres et tout-puissants, ne se dérident pas ; Les aigles, fils de l'air et de l'azur, sont graves ; Et les hommes, qui vont saignant de mille entraves, Enchaînés au plaisir, enchaînés au devoir, Sous la loi de chercher et ne jamais savoir, De ne rien posséder sans acheter et vendre, De ne pouvoir se fuir ni ne pouvoir s'entendre, D'appréhender la mort et de gratter leur champ, Les hommes ont un rire imbécile et méchant ! Certes le rire est beau comme la joie est belle, Quand il est innocent et radieux comme elle ! Vous, les petits enfants, pleins de naïf désir, Qui des mains écartez vos langes pour saisir Les brillantes couleurs, ces mensonges des choses, Vous pouvez, au-devant des drapeaux et des roses, Vous pour qui tout cela n'est que du rouge encor, Pousser vos rires frais qui font un bruit d'essor ! Vous pouviez rire aussi, même en un siècle pire, Vous, nos rudes aïeux qui ne saviez pas lire, Et ne pouviez connaître, au bout de l'univers, Tous les forfaits commis et tous les maux soufferts : Quand avait fui la peste avec les hommes d'armes, C'était pour vous la fin de l'horreur et des larmes, Et peut-être, oublieux de ces fléaux lointains, Vous aviez des soirs gais et d'allègres matins. Mais nous, du monde entier la plainte nous harcèle : Nous souffrons chaque jour la peine universelle, Car sur toute la terre un messager subtil Relie à tous les maux tous les cœurs par un fil. Ah ! L'oubli maintenant ne nous est plus possible ! Se peut-on faire une âme à ce point insensible D'apprendre, sans frémir, de partout à la fois, Tous les coups du malheur et tous les viols des lois : Les maîtres plus hardis, les âmes plus serviles, L'atrocité sans nom des tourmentes civiles, Et les pactes sans foi, la guerre, les blessés Râlant cette nuit même au revers des fossés, L'honneur, le droit trahis par la volonté molle, Et Christ, épouvanté des fruits de sa parole, Un diadème en tête et le glaive à la main, Ne sachant plus s'il sauve ou perd le genre humain ! N'est-ce pas merveilleux qu'on puisse rire encore ! Mais nous sommes ainsi ; tel un vase sonore Au moindre choc du doigt se réveille et frémit, Tandis qu'il tremble à peine et vaguement gémit Du tonnerre éloigné qui roule dans la nue, Telle, au moindre soupir dont l'oreille est émue, Nous sentons la pitié dans nos cœurs tressaillir, Et pour les cris lointains lâchement défaillir ; Trop pauvres pour donner des pleurs à tous les hommes, Nous ne plaignons que ceux qui souffrent où nous sommes. Quand nos foyers sont doux et sûrs, nous oublions Malgré nous, près du feu, les grelottants haillons, Et le bruit des canons, le fauve éclair des lames, Dans les yeux des enfants et dans la voix des femmes ; Ou, nous-mêmes sujets au sort des malheureux, Nous tournons nos regards sur nous plus que sur eux. Ah ! Si nos cœurs bornés que distrait ou resserre Leur félicité même ou leur propre misère, À tant de maux si grands ne se peuvent ouvrir, Qu'ils aient honte du moins de n'en pas plus souffrir !

    en cours de vérification

    Tristan Corbière

    Tristan Corbière

    @tristanCorbiere

    Petit mort pour rire Va vite, léger peigneur de comètes! Les herbes au vent seront tes cheveux; De ton œil béant jailliront les feux Follets, prisonniers dans les pauvres têtes... Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes Foisonneront plein ton rire terreux... Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes... Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes Pour les croque-morts sont de simples jeux, Boîtes à violon qui sonnent le creux... Ils te croiront mort — Les bourgeois sont bêtes — Va vite, léger peigneur de comètes !

    en cours de vérification

  • 1