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Déception amoureuse

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Déception amoureuse

Poésies de la collection déception amoureuse

    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Non, je ne te réclame rien Non, je ne te réclame rien ; Conserve de l'heure passée Tout ce que tu pris de mon bien : Mon cœur, hélas ! et ma pensée. Tu pourras en avoir besoin En ces tristes nuits sans délire Où l'on pleurerait dans un coin, Si l'on pouvait, au lieu de rire. Dans ton cœur à peine fermé Souffre que le regret s'attarde. — Le souvenir d'avoir aimé Te suive longtemps, et te garde !

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    S'il ne t'avait fallu que mon sang S'il ne t'avait fallu que mon sang et ma vie, S'il ne t'avait fallu que mes nuits et mes jours, Tu sais comme j'aurais noué nos deux amours : Par le bien, par le mal, mon cœur t'aurait suivie. S'il ne t'avait fallu, pour combler ton envie, Que poser devant tous et poser pour toujours Tes petits pieds tyrans sur ma tête asservie, Je ne les eusse point trouvés blessants ni lourds. Que te fallait-il donc ? Ma tête était pliée ; Mon âme, tu sais bien que tu l'avais liée Au fil d'or invisible, et qui ne rompt jamais. Je vais te dire. C'est, ô ma petite blonde, Une histoire, vois-tu, vieille comme le monde : Tu ne pouvais m'aimer, puisque, moi, je t'aimais.

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Ta bouche était la coupe ardente Ta bouche était la coupe ardente où je buvais ; Tes yeux étaient mon ciel, bleu comme l'autre, et vide. Ivre, j'avais laissé l'espérance candide Passer avec l'amour sur la route où je vais. Étant un amoureux, est-ce que je savais Comment vous nous creusez le front, ride par ride ? Que te fallait-il donc, ô bien-aimée avide ? Mon âme, ma raison, mes sens, tu les avais. Chère âme, au plus profond de mon cœur enchâssée ! Je t'avais tout donné, tout, jusqu'à ma pensée, Que le fatal serpent de l'amour enlaçait. Mais toi, trouvant encore trop riche ton poète, Tu me repris ton cœur, et détournas la tête, Rieuse, du côté d'un autre qui passait.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Rappelle toi Rappelle-toi, quand l’Aurore craintive Ouvre au Soleil son palais enchanté ; Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive Passe en rêvant sous son voile argenté ; A l’appel du plaisir lorsque ton sein palpite, Aux doux songes du soir lorsque l’ombre t’invite, Ecoute au fond des bois Murmurer une voix : Rappelle-toi. Rappelle-toi, lorsque les destinées M’auront de toi pour jamais séparé, Quand le chagrin, l’exil et les années Auront flétri ce coeur désespéré ; Songe à mon triste amour, songe à l’adieu suprême ! L’absence ni le temps ne sont rien quand on aime. Tant que mon coeur battra, Toujours il te dira Rappelle-toi. Rappelle-toi, quand sous la froide terre Mon coeur brisé pour toujours dormira ; Rappelle-toi, quand la fleur solitaire Sur mon tombeau doucement s’ouvrira. Je ne te verrai plus ; mais mon âme immortelle Reviendra près de toi comme une soeur fidèle. Ecoute, dans la nuit, Une voix qui gémit : Rappelle-toi.

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    Antoine-Vincent Arnault

    Antoine-Vincent Arnault

    @antoineVincentArnault

    À brunette À Brunette, le chien de Sophie Objet si cher à ma Sophie, Toi que nourrit sa belle main, Toi qui passes toute ta vie Entre ses genoux et son sein ; Que ton sort, heureuse Brunette, Hélas ! est différent du mien ! En amant elle traite un chien, En chien, c'est l'amant qu'elle traite. Et pourtant, cette préférence Qui peut te l'obtenir sur moi ? Ai-je moins de persévérance, Moins de fidélité que toi ? De mes fers loin que je m'échappe, Enchaîné sans aucuns liens, Toujours battu, toujours je viens Baiser cette main qui me frappe. Le pur sentiment qui m'enflamme Vaut ton instinct, s'il ne vaut mieux ; Et le feu qui brûle en mon âme Vaut le feu qui brille en tes yeux : Mais près de ma beauté suprême Je suis trop coupable en effet, Quand je hais tout ce qu'elle hait, De n'aimer pas tout ce qu'elle aime. Dans le dépit qui me transporte, Souvent je ne connais plus rien. Le grelot que Brunette porte Serait mieux à mon cou qu'au sien. Soins, constance, pleurs, sacrifice, Je vous crois perdus sans retour : Je n'espère plus de l'amour ; Mais j'espère encor du caprice. Écrit en 1792.

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    Arsène Houssaye

    Arsène Houssaye

    @arseneHoussaye

    Ceux qui n'aiment plus Chanson. Qui l'a donc sitôt fauchée, La fleur des moissons ? Qui l'a donc effarouchée, La Muse aux chansons ? Je n'aime plus ! qu'on m'enterre, Le ciel s'est fermé. Je retomhe sur la terre, Le cœur abîmé. Te souviens-tu, ma maîtresse, Mon cœur s'en souvient ! Des aubes de notre ivresse ? Déjà la nuit vient. Faut-il que je te rappelle Les doux Alhambras Que nous bâtissions, ma belle, En ouvrant nos bras ? Ta bouche fraîche, ô ma mie ! Ne m'enivre plus, Déjà la vague endormie Est à son reflux. Quoi ! plus d'Eve qui m'enchante ! Plus de paradis ! Faut-il donc que mon cœur chante Son De profundis ? Elle est ouverte, ma tombe, Et va se fermer. Oui, j'en mourrai, ma colombe, Du doux mal d'aimer. Ou plutôt, pour cénotaphe, Je prendrai Martha, Qui mettra pour épitaphe : — Il ressuscita ! —

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    C

    Charles Le Goffic

    @charlesLeGoffic

    Confidence Je t'apporte un cœur bien las. Ne me dis plus que tu m'aimes ; Une autre m'a dit, hélas ! Les mêmes choses, les mêmes. C'était avec ses yeux d'or L'enfant la plus ingénue. Nous nous aimerions encor, Si tu n'étais pas venue. Mais tu m'as conquis d'un coup. Ton sourire exalte et grise. Aux doigts noués à mon cou Les tiens ont fait lâcher prise. Ce sont de douces amours. Mais je sens qu'aux mêmes heures Un remords trouble toujours Nos caresses les meilleures. Et je t'ai fait cet aveu, L'âme d'angoisse envahie, Pour que nous pleurions un peu Sur l'enfant que j'ai trahie.

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    À Madame *** Madame, il est donc vrai, vous n'avez pas voulu, Vous n'avez pas voulu comprendre mon doux rêve ; Votre voix m'a glacé d'une parole brève, Et vos regards distraits dans mes yeux ont mal lu. Madame, il m'est cruel de vous avoir déplu : Tout mon espoir s'éteint et mon malheur s'achève ; Mais vous, qu'en votre cœur nul regret ne s'élève, Ne dites pas : « Peut-être il aurait mieux valu... » Croyez avoir bien fait ; et, si pour quelque peine Vous pleurez, que ce soit pour un peigne d'ébène, Pour un bouquet perdu, pour un ruban gâté ! Ne connaissez jamais de peine plus amère ; Que votre enfant vermeil joue à votre côté, Et pleure seulement de voir pleurer sa mère !

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    À mon ami Ulric Guttinguer Depuis que de mon Dieu la bonté paternelle Baigna mon cœur enfant de tendresse et de pleurs, Alluma le désir au fond de ma prunelle, Et me ceignit le front de pudiques couleurs ; Et qu'il me dit d'aller vers les filles des hommes Comme une mère envoie un enfant dans un pré Ou dans un verger mûr, et des fleurs ou des pommes Lui permet de cueillir la plus belle à son gré ; Bien souvent depuis lors, inconstant et peu sage. En ce doux paradis j'égarais mes amours ; À chaque fruit charmant qui tremblait au passage, Tenté de le cueillir, je retardais toujours. Puis, j'en voyais un autre et je perdais mémoire : C'étaient des seins dorés et plus blonds qu'un miel pur ; D'un front pâli j'aimais la chevelure noire ; Des yeux bleus m'ont séduit à leur paisible azur. J'ai, changeant tour-à-tour de faiblesse et de flamme, Suivi bien des regards, adoré bien des pas, Et plus d'un soir, rentrant, le désespoir dans l'âme, Un coup-d'œil m'atteignit que je ne cherchais pas. Caprices ! vœux légers ! Lucile, Natalie, Toi qui mourus, Emma, fantômes chers et doux. Et d'autres que je sais et beaucoup que j'oublie, Que de fois pour toujours je me crus tout à vous ! Mais comme un Ilot nouveau chasse le flot sonore, Comme passent des voix dans un air embaumé, Comme l'aube blanchit et meurt à chaque aurore. Ainsi rien ne durait... et je n'ai point aimé. Non jamais, non l'amour, l'amour vrai, sans mensonge. Ses purs ravissements en un cœur ingénu, Et l'unique pensée où sa vertu nous plonge, Et le choix éternel.... je ne l'ai pas connu ! Et si, trouvant en moi cet ennui que j'évite, Retombé dans le vide et las des longs loisirs, Pour dévorer mes jours et les tarir plus vite, J'ai rabaissé mon âme aux faciles plaisirs ; Si, touché des cris sourds de la chair qui murmure. Sans attendre, ô mon Dieu, le fruit vermeil et frais, J'ai mordu dans la cendre et dans la pourriture, Comme un enfant glouton, pour m'assoupir après ; Pardonne à mon délire, à l'affreuse pensée D'une mort sans réveil et d'une nuit sans jour, À mon vœu de m'éteindre en ma joie insensée ; Pardonne. — Tout cela, ce n'était pas l'amour. Mais, depuis quelques soirs et vers l'heure où l'on rêve, Je rencontre en chemin une blanche beauté ; Elle est là quand je passe, et son front se relève, Et son œil sur le mien semble s'être arrêté. Comme un jeune Asphodèle, au bord d'une eau féconde, Elle penche à la brise et livre ses parfums ; Sa main, comme un beau lys, joue à sa tête blonde ; Sa prunelle rayonne à travers des cils bruns. Comme sur un gazon, sur sa tempe bleuâtre Les flots de ses cheveux sont légers à couler ; Dans le vase, à travers la pâleur de l'albâtre, On voit trembler la lampe et l'âme étinceler. Souvent en vous parlant, quelque rêveuse image Tout-à-coup sur son front et dans ses yeux voilés Passe, plus prompte à fuir qu'une ombre de nuage, Qui par un jour serein court aux cimes des blés. Ses beaux pieds transparents, nés pour fouler la rose, Plus blancs que le satin qui les vient enfermer, Plus doux que la senteur dont elle les arrose, Je les ai vus.... Mon Dieu, fais que je puisse aimer ! Aimer, c'est croire en toi, c'est prier avec larmes Pour l'angélique fleur éclose en notre nuit, C'est veiller quand tout dort et respirer ses charmes, Et chérir sur son front ta grâce qui reluit ; C'est, quand autour de nous le genre humain en troupe S'agite éperdument pour le plaisir amer. Et sue, et boit ses pleurs dans le vin de sa coupe. Et se rue à la mort comme un fleuve à la mer, C'est trouver en soi seul ces mystiques fontaines, Ces torrents de bonheur qu'a chantés un saint Roi ; C'est passer du désert aux régions certaines, Tout entiers l'un à l'autre, et tous les deux dans toi : C'est être chaste et sobre, et doux avec courage ; C'est ne maudire rien quand ta main a béni ; C'est croire au ciel serein, à l'éclair dans l'orage ; C'est vouloir qu'ici bas tout ne soit pas fini ; C'est, lorsqu'au froid du soir, aux approches de l'ombre, Le couple voyageur s'est assis pour gémir, Et que la mort sortant, comme un hôtelier sombre, Au plus lassé des deux a crié de dormir ; C'est, pour l'inconsolé qui poursuit solitaire, Être mort et dormir dans le même tombeau ; Plus que jamais c'est vivre au-delà de la terre, C'est voir en songe un ange avec un saint flambeau. Juillet 1819.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    À un lilas Je vois fleurir, assis à ma fenêtre, L'humble lilas de mon petit jardin, Et son subtil arome qui pénètre Vient jusqu'à moi dans le vent du matin. Mais je suis plein d'une colère injuste, Car ma maîtresse a cessé de m'aimer, Et je reproche à l'innocent arbuste D'épanouir ses fleurs et d'embaumer. Tout enivré de soleil et de brise, Ce favori radieux du printemps, Pourquoi fait-il à mon cœur qui se brise Monter ainsi ses parfums insultants ? Ne sait-il pas que j'ai cueilli pour elle Les seuls rameaux dont il soit éclairci ? Est-ce pour lui chose si naturelle Qu'en plein avril elle me laisse ainsi ? – Mais non, j'ai tort, car j'aime ma souffrance. A nos amours jadis tu te mêlas ; Au jardin vert, couleur de l'espérance, Fleuris longtemps, frêle et charmant lilas ! Les doux matins qu'embaume ton haleine, Les clairs matins du printemps sont si courts ! Laisse-moi croire, encore une semaine, Qu'on ne m'a pas délaissé pour toujours. Et si, malgré mes espoirs pleins d'alarmes, Je ne dois plus avoir la volupté De reposer mes yeux brûlés de larmes Sur la fraîcheur de sa robe d'été ; Si je ne dois plus revoir l'infidèle, J'y penserai, tant que tu voudras bien, Devant ces fleurs qui me virent près d'elle, Dans ce parfum qui rappelle le sien.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    La première Ce n'est pas qu'elle fût bien belle ; Mais nous avions tous deux vingt ans, Et ce jour-là, – je me rappelle, – Était un matin de printemps. Ce n'est pas qu'elle eût l'air bien grave ; Mais je jure ici que jamais Je n'ai rien osé de plus brave Que de lui dire que j'aimais. Ce n'est pas qu'elle eût le cœur tendre ; Mais c'était si délicieux De lui parler et de l'entendre Que les pleurs me venaient aux yeux. Ce n'est pas qu'elle eût l'âme dure ; Mais pourtant elle m'a quitté, Et, depuis, ma tristesse dure, Et c'est pour une éternité.

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Chanson (II) Est-ce à jamais, folle Espérance, Que tes infidèles appas Empêcheront la délivrance Que me propose le trépas ? La raison veut, et la nature, Qu'après le mal vienne le bien : Mais en ma funeste aventure Leurs règles ne servent de rien. C'est fait de moi, quoi que je fasse. J'ai beau plaindre et beau soupirer, Le seul remède en ma disgrâce, C'est qu'il n'en faut point espérer. Une résistance mortelle Ne m'empêche point son retour ; Quelque Dieu qui brûle pour elle Fait cette injure à mon amour. Ainsi trompé de mon attente, Je me consume vainement ; Et les remèdes que je tente Demeurent sans événement. Toute nuit enfin se termine ; La mienne seule a ce destin, Que d'autant plus qu'elle chemine, Moins elle approche du matin. Adieu donc, importune peste À qui j'ai trop donné de foi. Le meilleur avis qui me reste, C'est de me séparer de toi. Sors de mon âme, et t'en va suivre Ceux qui désirent de guérir. Plus tu me conseilles de vivre, Plus je me résous de mourir.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Une amoureuse flamme Une amoureuse flamme Consume mes beaux jours ; Ah ! la paix de mon âme A donc fui pour toujours ! Son départ, son absence Sont pour moi le cercueil ; Et loin de sa présence Tout me paraît en deuil. Alors, ma pauvre tête Se dérange bientôt ; Mon faible esprit s'arrête, Puis se glace aussitôt. Une amoureuse flamme Consume mes beaux jours ; Ah ! la paix de mon âme A donc fui pour toujours ! Je suis à ma fenêtre, Ou dehors, tout le jour, C'est pour le voir paraître, Ou hâter son retour. Sa marche que j'admire, Son port si gracieux, Sa bouche au doux sourire, Le charme de ses yeux ; La voix enchanteresse Dont il sait m'embraser, De sa main la caresse, Hélas ! et son baiser... D'une amoureuse flamme Consumant mes beaux jours ; Ah ! la paix de mon âme A donc fui pour toujours ! Mon coeur bientôt se presse, Dès qu'il le sent venir ; Au gré de ma tendresse Puis-je le retenir ? Ô caresses de flamme ! Que je voudrais un jour Voir s'exhaler mon âme Dans ses baisers d'amour !

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    In memoriam (I) J'aime à changer de cieux, de climat, de lumière. Oiseau d'une saison, je fuis avec l'été, Et mon vol inconstant va du rivage austère Au rivage enchanté. Mais qu'à jamais le vent bien loin du bord m'emporte Où j'ai dans d'autres temps suivi des pas chéris, Et qu'aujourd'hui déjà ma félicité morte Jonche de ses débris ! Combien ce lieu m'a plu ! non pas que j'eusse encore Vu le ciel y briller sous un soleil pâli ; L'amour qui dans mon âme enfin venait d'éclore L'avait seul embelli. Hélas ! avec l'amour ont disparu ses charmes ; Et sous ces grands sapins, au bord des lacs brumeux, Je verrais se lever comme un fantôme en larmes L'ombre des jours heureux. Oui, pour moi tout est plein sur cette froide plage De la présence chère et du regard aimé, Plein de la voix connue et de la douce image Dont j'eus le cœur charmé. Comment pourrais-je encor, désolée et pieuse, Par les mêmes sentiers traîner ce cœur meurtri, Seule où nous étions deux, triste où j'étais joyeuse, Pleurante où j'ai souri ? Painswick, Glocestershire, août 1850.

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Le départ Il est donc vrai ? Je garde en quittant la patrie, Ô profonde douleur ! un cœur indifférent. Pas de regard aimé, pas d'image chérie, Dont mon œil au départ se détache en pleurant. Ainsi partent tous ceux que le désespoir sombre Dans quelque monde à part pousse à se renfermer, Qui, voyant l'homme faible et les jours remplis d'ombre, Ne se sont pas senti le courage d'aimer. Pourtant, Dieu m'est témoin, j'aurais voulu sur terre Rassembler tout mon cœur autour d'un grand amour, Joindre à quelque destin mon destin solitaire, Me donner sans regret, sans crainte, sans retour. Aussi ne croyez pas qu'avec indifférence Je contemple s'éteindre, au plus beau de mes jours, Des bonheurs d'ici-bas la riante espérance : Bien que le cœur soit mort, on en souffre toujours.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    La fleur renvoyée Adieu, douce pensée, Image du plaisir ! Mon âme est trop blessée, Tu ne peux la guérir. L'espérance légère De mon bonheur Fut douce et passagère, Comme ta fleur. Rien ne me fait envie, Je ne veux plus te voir. Je n'aime plus la vie, Qu'ai-je besoin d'espoir ? En ce moment d'alarme Pourquoi t'offrir ? Il ne faut qu'une larme Pour te flétrir. Par toi, ce que j'adore Avait surpris mon cœur ; Par toi, veut-il encore Égarer ma candeur ? Son ivresse est passée ; Mais, en retour, Qu'est-ce qu'une pensée Pour tant d'amour ?

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    La séparation Il le faut, je renonce à toi ; On le veut, je brise ta chaîne. Je te rends tes serments, ta foi : Sois heureux, quitte-moi sans peine. Séparons-nous... attends, hélas ! Mon cœur encor ne se rend pas ! Toi qui fus mes seules amours, Le charme unique de ma vie, Une autre fera tes beaux jours, Et je le verrai sans envie. Séparons-nous... attends, hélas ! Mon cœur encor ne se rend pas. Reprends-le ce portrait charmant Où l'amour a caché ses armes ; On n'y verra plus ton serment, Il est effacé par mes larmes ! Séparons-nous... attends, hélas ! Mon cœur encor ne se rend pas.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le vase brisé À Albert Decrais. Le vase où meurt cette verveine D'un coup d'éventail fut fêlé ; Le coup dut effleurer à peine : Aucun bruit ne l'a révélé. Mais la légère meurtrissure, Mordant le cristal chaque jour, D'une marche invisible et sûre En a fait lentement le tour. Son eau fraîche a fui goutte à goutte, Le suc des fleurs s'est épuisé ; Personne encore ne s'en doute ; N'y touchez pas, il est brisé. Souvent aussi la main qu'on aime, Effleurant le cœur, le meurtrit ; Puis le cœur se fend de lui-même, La fleur de son amour périt ; Toujours intact aux yeux du monde, Il sent croître et pleurer tout bas Sa blessure fine et profonde ; Il est brisé, n'y touchez pas.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Les chaînes J'ai voulu tout aimer, et je suis malheureux, Car j'ai de mes tourments multiplié les causes ; D'innombrables liens frêles et douloureux Dans l'univers entier vont de mon âme aux choses. Tout m'attire à la fois et d'un attrait pareil : Le vrai par ses lueurs, l'inconnu par ses voiles ; Un trait d'or frémissant joint mon cœur au soleil, Et de longs fils soyeux l'unissent aux étoiles. La cadence m'enchaîne à l'air mélodieux, La douceur du velours aux roses que je touche ; D'un sourire j'ai fait la chaîne de mes yeux, Et j'ai fait d'un baiser la chaîne de ma bouche. Ma vie est suspendue à ces fragiles nœuds, Et je suis le captif des mille êtres que j'aime : Au moindre ébranlement qu'un souffle cause en eux Je sens un peu de moi s'arracher de moi-même.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Trop tard Nature, accomplis-tu tes œuvres au hasard, Sans raisonnable loi ni prévoyant génie ? Ou bien m'as-tu donné par cruelle ironie Des lèvres et des mains, l'ouïe et le regard ? Il est tant de saveurs dont je n'ai point ma part, Tant de fruits à cueillir que le sort me dénie ! Il voyage vers moi tant de flots d'harmonie, Tant de rayons qui tous m'arriveront trop tard ! Et si je meurs sans voir mon idole inconnue, Si sa lointaine voix ne m'est point parvenue, À quoi m'auront servi mon oreille et mes yeux ? À quoi m'aura servi ma main hors de la sienne ? Mes lèvres et mon cœur, sans qu'elle m'appartienne ? Pourquoi vivre à demi quand le néant vaut mieux ?

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    Dieu des amours Élégie IV. Dieu des amours, le plus puissant des dieux, Le seul du moins qu'adora ma jeunesse ; Il m'en souvient, dans ce moment heureux Où je fléchis mon ingrate maîtresse, Mon cœur crédule et trompé par vous deux Mon faible cœur jura d'aimer sans cesse. Mais je révoque un serment indiscret. Assez longtemps tu tourmentas ma vie, Amour, amour, séduisante folie ! Je t'abandonne, et même sans regret. Loin de Paphos la raison me rappelle, Je veux la suivre et ne veux suivre qu'elle. Pour t'obéir je semblais être né : Vers tes autels dès l'enfance entraîné, Je me soumis sans peine à ta puissance. Ton injustice a lassé ma constance : Tu m'as puni de ma fidélité. Ah ! j'aurais dû, moins tendre et plus volage, User des droits accordés au jeune âge. Oui, moins soumis, tu m'aurais mieux traité. Bien insensé celui qui près des belles Perd en soupirs de précieux instants ! Tous les chagrins sont pour les cœurs fidèles ; Tous les plaisirs sont pour les inconstants.

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    À Éléonore (III) Ah ! si jamais on aima sur la terre, Si d'un mortel on vit les dieux jaloux, C'est dans le temps où, crédule et sincère, J'étais heureux, et l'étais avec vous. Ce doux lien n'avait point de modèle : Moins tendrement le frère aime sa sœur, Le jeune époux son épouse nouvelle, L'ami sensible un ami de son cœur. Ô toi, qui fus ma maîtresse fidèle, Tu ne l'es plus ! Voilà donc ces amours Que ta promesse éternisait d'avance ! Ils sont passés ; déjà ton inconstance En tristes nuits a changé mes beaux jours. N'est-ce pas moi de qui l'heureuse adresse Aux voluptés instruisit ta jeunesse ? Pour le donner, ton cœur est-il à toi ? De ses soupirs le premier fut pour moi, Et je reçus ta première promesse. Tu me disais : « Le devoir et l'honneur Ne veulent point que je sois votre amante. N'espérez rien ; si je donnais mon cœur, Vous tromperiez ma jeunesse imprudente On me l'a dit, votre sexe est trompeur. » Ainsi parlait ta sagesse craintive ; Et cependant tu ne me fuyais pas ; Et cependant une rougeur plus vive Embellissait tes modestes appas ; Et cependant tu prononçais sans cesse Le mot d'amour qui causait ton effroi ; Et dans ma main la tienne avec mollesse Venait tomber pour demander ma foi. Je la donnais, je te la donne encore. J'en fais serment au seul dieu que j'adore, Au dieu chéri par toi-même adoré ; De tes erreurs j'ai causé la première ; De mes erreurs tu seras la dernière. Et si jamais ton amant égaré Pouvait changer, s'il voyait sur la terre D'autre bonheur que celui de te plaire, Ah ! puisse alors le ciel, pour me punir, De tes faveurs m'ôter le souvenir ! Bientôt après, dans ta paisible couche Par le plaisir conduit furtivement, J'ai malgré toi recueilli de ta bouche Ce premier cri si doux pour un amant ! Tu combattais, timide Eléonore ; Mais le combat fut bientôt terminé : Ton cœur ainsi te l'avait ordonné. Ta main pourtant me refusait encore Ce que ton cœur m'avait déjà donné. Tu sais alors combien je fus coupable ! Tu sais comment j'étonnai ta pudeur ! Avec quels soins au terme du bonheur Je conduisis ton ignorance aimable ! Tu souriais, tu pleurais à la fois ; Tu m'arrêtais dans mon impatience ; Tu me nommais, tu gardais le silence : Dans les baisers mourut ta faible voix. Rappelle-toi nos heureuses folies. Tu médisais en tombant dans mes bras : Aimons toujours, aimons jusqu'au trépas. Tu le disais ! je t'aime, et tu m'oublies.

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