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Dieu

45 poésies en cours de vérification
Dieu

Poésies de la collection dieu

    Alain Bosquet

    Alain Bosquet

    @alainBosquet

    Dieu comme partenaire Je vais chez l'avocat pour signer avec Dieu un accord par lequel, la soixantaine atteinte, je m'engage devant témoins : ma secrétaire et mon chef de bureau, à me reconvertir, en toute âme et conscience ; ainsi je serai pur, gentil, bon, généreux. Si Dieu ne triche pas - une table d'écoute enregistre avec soin les moindres de ses mots - notre échange sera très fructueux. Car ma vertu n'est pas gratuite, et je défends mes intérêts avec vigueur. Il est donc entendu que j'ai la jouissance, jusqu'à mon dernier jour, d'un palais sur la mer appartenant à Dieu, catégorie de luxe, peuplé d'esclaves nues, ouvert à tous les doutes.

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    Alain Bosquet

    Alain Bosquet

    @alainBosquet

    Dieu puni C'est bien son tour : désespéré, Dieu s'agenouille devant moi. L'univers est désobéissant comme un chien parfumé sur les riches pelouses. Accepterais-je un jour de le civiliser à ma façon ? Dieu est naïf s'il feint de croire qu'à sa place un poète aurait l'autorité de rétablir d'aplomb ce monde qui s'abîme dans le malentendu. Pourtant, je lui propose de mettre à son service un arsenal de chants, fabuleux et charmeurs ; peut-être qu'un désordre en chasserait un autre. Et Dieu, couvert de larmes, avouant sa faillite, accepte un compromis : pour un poème ou deux, qu'il ne saurait comprendre, il me promet l'éternité, dont je suis dupe.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    L'espoir en Dieu Tant que mon pauvre cœur, encor plein de jeunesse, A ses illusions n'aura pas dit adieu, Je voudrais m'en tenir à l'antique sagesse, Qui du sobre Épicure a fait un demi-dieu Je voudrais vivre, aimer, m'accoutumer aux hommes Chercher un peu de joie et n'y pas trop compter, Faire ce qu'on a fait, être ce que nous sommes, Et regarder le ciel sans m'en inquiéter. Je ne puis ; — malgré moi l'infini me tourmente. Je n'y saurais songer sans crainte et sans espoir ; Et, quoi qu'on en ait dit, ma raison s'épouvante De ne pas le comprendre et pourtant de le voir. Qu'est-ce donc que ce monde, et qu'y venons-nous faire, Si pour qu'on vive en paix, il faut voiler les cieux ? Passer comme un troupeau les yeux fixés à terre, Et renier le reste, est-ce donc être heureux ? Non, c'est cesser d'être homme et dégrader son âme. Dans la création le hasard m'a jeté ; Heureux ou malheureux, je suis né d'une femme, Et je ne puis m'enfuir hors de l'humanité. Que faire donc ? « Jouis, dit la raison païenne ; Jouis et meurs ; les dieux ne songent qu'à dormir. — Espère seulement, répond la foi chrétienne ; Le ciel veille sans cesse, et tu ne peux mourir. » Entre ces deux chemins j'hésite et je m'arrête. Je voudrais, à l'écart, suivre un plus doux sentier. Il n'en existe pas, dit une voix secrète ; En présence du ciel, il faut croire ou nier. Je le pense en effet ; les âmes tourmentées Dans l'un et l'autre excès se jettent tour à tour, Mais les indifférents ne sont que des athées ; Ils ne dormiraient plus s'ils doutaient un seul jour. Je me résigne donc, et, puisque la matière Me laisse dans le cœur un désir plein d'effroi, Mes genoux fléchiront ; je veux croire et j'espère. Que vais-je devenir, et que veut-on de moi ? Me voilà dans les mains d'un Dieu plus redoutable Que ne sont à la fois tous les maux d'ici-bas ; Me voilà seul, errant, fragile et misérable, Sous les yeux d'un témoin qui ne me quitte pas. Il m'observer il me suit. Si mon cœur bat trop vite, J'offense sa grandeur et sa divinité. Un gouffre est sous mes pas si je m'y précipite, Pour expier une heure il faut l'éternité. Mon juge est un bourreau qui trompe sa victime. Pour moi, tout devient piège et tout change de nom L'amour est un péché, le bonheur est un crime, Et l'œuvre des sept jours n'est que tentation Je ne garde plus rien de la nature humaine ; Il n'existe pour moi ni vertu ni remord . J'attends la récompense et j'évite la peine ; Mon seul guide est la peur, et mon seul but, la mort On me dit cependant qu'une joie infinie Attend quelques élus. — Où sont-ils, ces heureux ? Si vous m'avez trompé, me rendrez-vous la vie ? Si vous m'avez dit vrai, m'ouvrirez-vous les cieux ? Hélas ! ce beau pays dont parlaient vos prophètes, S'il existe là-haut, ce doit être un désert Vous les voulez trop purs, les heureux que vous faites, Et quand leur joie arrive, ils en ont trop souffert. Je suis seulement homme, et ne veux pas moins être, Ni tenter davantage. — À quoi donc m'arrêter ? Puisque je ne puis croire aux promesses du prêtre, Est-ce l'indifférent que je vais consulter ? Si mon cœur, fatigué du rêve qui l'obsède, À la réalité revient pour s'assouvir, Au fond des vains plaisirs que j'appelle à mon aide Je trouve un tel dégoût, que je me sens mourir Aux jours même où parfois la pensée est impie, Où l'on voudrait nier pour cesser de douter, Quand je posséderais tout ce qu'en cette vie Dans ses vastes désirs l'homme peut convoiter ; Donnez-moi le pouvoir, la santé, la richesse, L'amour même, l'amour, le seul bien d'ici-bas ! Que la blonde Astarté, qu'idolâtrait la Grèce, De ses îles d'azur sorte en m'ouvrant les bras ; Quand je pourrais saisir dans le sein de la terre Les secrets éléments de sa fécondité, Transformer à mon gré la vivace matière Et créer pour moi seul une unique beauté ; Quand Horace, Lucrèce et le vieil Épicure, Assis à mes côtés m'appelleraient heureux Et quand ces grands amants de l'antique nature Me chanteraient la joie et le mépris des dieux, Je leur dirais à tous : « Quoi que nous puissions faire, Je souffre, il est trop tard ; le monde s'est fait vieux Une immense espérance a traversé la terre ; Malgré nous vers le ciel il faut lever les yeux ! » Que me reste-t-il donc ? Ma raison révoltée Essaye en vain de croire et mon cœur de douter De chrétien m'épouvante, et ce que dit l'athée, En dépit de mes sens, je ne puis l'écouter. Les vrais religieux me trouveront impie, Et les indifférents me croiront insensé. À qui m'adresserai-je, et quelle voix amie Consolera ce cœur que le doute a blessé ? Il existe, dit-on, une philosophie Qui nous explique tout sans révélation, Et qui peut nous guider à travers cette vie Entre l'indifférence et la religion. J'y consens. — Où sont-ils, ces faiseurs de systèmes, Qui savent, sans la foi, trouver la vérité, Sophistes impuissants qui ne croient qu'en eux-mêmes ? Quels sont leurs arguments et leur autorité ? L'un me montre ici-bas deux principes en guerre, Qui, vaincus tour à tour, sont tous deux immortels ; L'autre découvre au loin, dans le ciel solitaire, Un inutile Dieu qui ne veut pas d'autels. Je vois rêver Platon et penser Aristote ; J'écoute, j'applaudis, et poursuis mon chemin Sous les rois absolus je trouve un Dieu despote ; On nous parle aujourd'hui d'un Dieu républicains. Pythagore et Leibniz transfigurent mon être. Descartes m'abandonne au sein des tourbillons. Montaigne s'examine, et ne peut se connaître. Pascal fuit en tremblant ses propres visions. Pyrrhon me rend aveugle, et Zénon insensible. Voltaire jette à bas tout ce qu'il voit debout Spinoza, fatigué de tenter l'impossible, Cherchant en vain son Dieu, croit le trouver partout. Pour le sophiste anglais l'homme est une machine. Enfin sort des brouillards un rhéteur allemand Qui, du philosophisme achevant la ruine, Déclare le ciel vide, et conclut au néant. Voilà donc les débris de l'humaine science ! Et, depuis cinq mille ans qu'on a toujours douté, Après tant de fatigue et de persévérance, C'est là le dernier mot qui nous en est rester Ah ! pauvres insensés, misérables cervelles, Qui de tant de façons avez tout expliqué, Pour aller jusqu'aux cieux il vous fallait des ailes ; Vous aviez le désir, la foi vous a manqué. Je vous plains ; votre orgueil part d'une âme blesses, Vous sentiez les tourments dont mon cœur est rempli Et vous la connaissiez, cette amère pensée Qui fait frissonner l'homme en voyant l'infini. Eh bien, prions ensemble,-abjurons la misère De vos calculs d'enfants, de tant de vains travaux ! Maintenant que vos corps sont réduits en poussière J'irai m'agenouiller pour vous sur vos tombeaux. Venez, rhéteurs païens, maîtres de la science, Chrétiens des temps passés et rêveurs d'aujourd'hui ; Croyez-moi' la prière est un cri d'espérance ! Pour que Dieu nous réponde, adressons-nous à lui, Il est juste, il est bon ; sans doute il vous pardonne. Tous vous avez souffert, le reste est oublié. Si le ciel est désert, nous n'offensons personne ; Si quelqu'un nous entend, qu'il nous prenne en pitié ! Ô toi que nul n'a pu connaître, Et n'a renié sans mentir, Réponds-moi, toi qui m'as fait naître, Et demain me feras mourir ! Puisque tu te laisses comprendre, Pourquoi fais-tu douter de toi ? Quel triste plaisir peux-tu prendre À tenter notre bonne foi ? Dès que l'homme lève la tête, Il croit t'entrevoir dans les cieux ; La création, sa conquête, N'est qu'un vaste temple à ses yeux. Dès qu'il redescend en lui-même, Il l'y trouve ; tu vis en lui. S'il souffre, s'il pleure, s'il aime, C'est son Dieu qui le veut ainsi. De la plus noble intelligence La plus sublime ambition Est de prouver ton existence, Et de faire épeler ton nom. De quelque façon qu'on t'appelle, Brahma, Jupiter ou Jésus, Vérité, Justice éternelle, Vers toi tous les bras sont tendus. Le dernier des fils de la terre Te rend grâces du fond du coeur, Dès qu'il se mêle à sa misère Une apparence de bonheur. Le monde entier te glorifie : L'oiseau te chante sur son nid ; Et pour une goutte de pluie Des milliers d'êtres t'ont béni. Tu n'as rien fait qu'on ne l'admire ; Rien de toi n'est perdu pour nous ; Tout prie, et tu ne peux sourire Que nous ne tombions à genoux. Pourquoi donc, ô Maître suprême, As-tu créé le mal si grand, Que la raison, la vertu même S'épouvantent en le voyant ? Lorsque tant de choses sur terre Proclament la Divinité, Et semblent attester d'un père L'amour, la force et la bonté, Comment, sous la sainte lumière, Voit-on des actes si hideux, Qu'ils font expirer la prière Sur les lèvres du malheureux ? Pourquoi, dans ton oeuvre céleste, Tant d'éléments si peu d'accord ? À quoi bon le crime et la peste ? Ô Dieu juste ! pourquoi la mort ? Ta pitié dut être profonde Lorsqu'avec ses biens et ses maux, Cet admirable et pauvre monde Sortit en pleurant du chaos ! Puisque tu voulais le soumettre Aux douleurs dont il est rempli, Tu n'aurais pas dû lui permettre De t'entrevoir dans l'infini. Pourquoi laisser notre misère Rêver et deviner un Dieu ? Le doute a désolé la terre ; Nous en voyons trop ou trop peu. Si ta chétive créature Est indigne de t'approcher, Il fallait laisser la nature T'envelopper et te cacher. Il te resterait ta puissance, Et nous en sentirions les coups ; Mais le repos et l'ignorance Auraient rendu nos maux plus doux. Si la souffrance et la prière N'atteignent pas ta majesté, Garde ta grandeur solitaire, Ferme à jamais l'immensité. Mais si nos angoisses mortelles Jusqu'à toi peuvent parvenir ; Si, dans les plaines éternelles, Parfois tu nous entends gémir, Brise cette voûte profonde Qui couvre la création ; Soulève les voiles du monde, Et montre-toi, Dieu juste et bon ! Tu n'apercevras sur la terre Qu'un ardent amour de la foi, Et l'humanité tout entière Se prosternera devant toi. Les larmes qui l'ont épuisée Et qui ruissellent de ses yeux, Comme une légère rosée S'évanouiront dans les cieux. Tu n'entendras que tes louanges, Qu'un concert de joie et d'amour Pareil à celui dont tes anges Remplissent l'éternel séjour ; Et dans cet hosanna suprême, Tu verras, au bruit de nos chants, S'enfuir le doute et le blasphème, Tandis que la Mort elle-même Y joindra ses derniers accents.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Dieu Oui, mon âme se plaît à secouer ses chaînes : Déposant le fardeau des misères humaines, Laissant errer mes sens dans ce monde des corps, Au monde des esprits je monte sans efforts. Là, foulant à mes pieds cet univers visible, Je plane en liberté dans les champs du possible, Mon âme est à l’étroit dans sa vaste prison : Il me faut un séjour qui n’ait pas d’horizon. Comme une goutte d’eau dans l’Océan versée, L’infini dans son sein absorbe ma pensée ; Là, reine de l’espace et de l’éternité, Elle ose mesurer le temps, l’immensité, Aborder le néant, parcourir l’existence, Et concevoir de Dieu l’inconcevable essence. Mais sitôt que je veux peindre ce que je sens, Toute parole expire en efforts impuissants. Mon âme croit parler, ma langue embarrassée Frappe l’air de vingt sons, ombre de ma pensée. Dieu fit pour les esprits deux langages divers : En sons articulés l’un vole dans les airs ; Ce langage borné s’apprend parmi les hommes, Il suffit aux besoins de l’exil où nous sommes, Et, suivant des mortels les destins inconstants Change avec les climats ou passe avec les temps. L’autre, éternel, sublime, universel, immense, Est le langage inné de toute intelligence : Ce n’est point un son mort dans les airs répandu, C’est un verbe vivant dans le coeur entendu ; On l’entend, on l’explique, on le parle avec l’âme ; Ce langage senti touche, illumine, enflamme; De ce que l’âme éprouve interprètes brûlants, Il n’a que des soupirs, des ardeurs, des élans ; C’est la langue du ciel que parle la prière, Et que le tendre amour comprend seul sur la terre. Aux pures régions où j’aime à m’envoler, L’enthousiasme aussi vient me la révéler. Lui seul est mon flambeau dans cette nuit profonde, Et mieux que la raison il m’explique le monde. Viens donc ! Il est mon guide, et je veux t’en servir. A ses ailes de feu, viens, laisse-toi ravir ! Déjà l’ombre du monde à nos regards s’efface, Nous échappons au temps, nous franchissons l’espace. Et dans l’ordre éternel de la réalité, Nous voilà face à face avec la vérité ! Cet astre universel, sans déclin, sans aurore, C’est Dieu, c’est ce grand tout, qui soi-même s’adore ! Il est ; tout est en lui : l’immensité, les temps, De son être infini sont les purs éléments ; L’espace est son séjour, l’éternité son âge ; Le jour est son regard, le monde est son image ; Tout l’univers subsiste à l’ombre de sa main ; L’être à flots éternels découlant de son sein, Comme un fleuve nourri par cette source immense, S’en échappe, et revient finir où tout commence. Sans bornes comme lui ses ouvrages parfaits Bénissent en naissant la main qui les a faits ! Il peuple l’infini chaque fois qu’il respire ; Pour lui, vouloir c’est faire, exister c’est produire ! Tirant tout de soi seul, rapportant tout à soi, Sa volonté suprême est sa suprême loi ! Mais cette volonté, sans ombre et sans faiblesse, Est à la fois puissance, ordre, équité, sagesse. Sur tout ce qui peut être il l’exerce à son gré ; Le néant jusqu’à lui s’élève par degré : Intelligence, amour, force, beauté, jeunesse, Sans s’épuiser jamais, il peut donner sans cesse, Et comblant le néant de ses dons précieux, Des derniers rangs de l’être il peut tirer des dieux ! Mais ces dieux de sa main, ces fils de sa puissance, Mesurent d’eux à lui l’éternelle distance, Tendant par leur nature à l’être qui les fit; Il est leur fin à tous, et lui seul se suffit ! Voilà, voilà le Dieu que tout esprit adore, Qu’Abraham a servi, que rêvait Pythagore, Que Socrate annonçait, qu’entrevoyait Platon ; Ce Dieu que l’univers révèle à la raison, Que la justice attend, que l’infortune espère, Et que le Christ enfin vint montrer à la terre ! Ce n’est plus là ce Dieu par l’homme fabriqué, Ce Dieu par l’imposture à l’erreur expliqué, Ce Dieu défiguré par la main des faux prêtres, Qu’adoraient en tremblant nos crédules ancêtres. Il est seul, il est un, il est juste, il est bon ; La terre voit son oeuvre, et le ciel sait son nom ! Heureux qui le connaît ! plus heureux qui l’adore ! Qui, tandis que le monde ou l’outrage ou l’ignore, Seul, aux rayons pieux des lampes de la nuit, S’élève au sanctuaire où la foi l’introduit Et, consumé d’amour et de reconnaissance, Brûle comme l’encens son âme en sa présence ! Mais pour monter à lui notre esprit abattu Doit emprunter d’en haut sa force et sa vertu. Il faut voler au ciel sur des ailes de flamme : Le désir et l’amour sont les ailes de l’âme. Ah ! que ne suis-je né dans l’âge où les humains, Jeunes, à peine encore échappés de ses mains, Près de Dieu par le temps, plus près par l’innocence, Conversaient avec lui, marchaient en sa présence ? Que n’ai-je vu le monde à son premier soleil ? Que n’ai-je entendu l’homme à son premier réveil ? Tout lui parlait de toi, tu lui parlais toi-même ; L’univers respirait ta majesté suprême ; La nature, sortant des mains du Créateur, Etalait en tous sens le nom de son auteur; Ce nom, caché depuis sous la rouille des âges, En traits plus éclatants brillait sur tes Ouvrages ; L’homme dans le passé ne remontait qu’à toi ; Il invoquait son père, et tu disais : C’est moi. Longtemps comme un enfant ta voix daigna l’instruire, Et par la main longtemps tu voulus le conduire. Que de fois dans ta gloire à lui tu t’es montré, Aux vallons de Sennar, aux chênes de Membré, Dans le buisson d’Horeb, ou sur l’auguste cime Où Moïse aux Hébreux dictait sa loi sublime ! Ces enfants de Jacob, premiers-nés des humains, Reçurent quarante ans la manne de tes mains Tu frappais leur esprit par tes vivants oracles ! Tu parlais à leurs yeux par la voix des miracles ! Et lorsqu’ils t’oubliaient, tes anges descendus Rappelaient ta mémoire à leurs coeurs éperdus ! Mais enfin, comme un fleuve éloigné de sa source, Ce souvenir si pur s’altéra dans sa course ! De cet astre vieilli la sombre nuit des temps Eclipsa par degrés les rayons éclatants ; Tu cessas de parler; l’oubli, la main des âges, Usèrent ce grand nom empreint dans tes ouvrages ; Les siècles en passant firent pâlir la foi ; L’homme plaça le doute entre le monde et toi. Oui, ce monde, Seigneur, est vieilli pour ta gloire ; Il a perdu ton nom, ta trace et ta mémoire Et pour les retrouver il nous faut, dans son cours, Remonter flots à flots le long fleuve des jours ! Nature ! firmament ! l’oeil en vain vous contemple ; Hélas ! sans voir le Dieu, l’homme admire le temple, Il voit, il suit en vain, dans les déserts des cieux, De leurs mille soleils le cours mystérieux ! Il ne reconnaît plus la main qui les dirige ! Un prodige éternel cesse d’être un prodige ! Comme ils brillaient hier, ils brilleront demain ! Qui sait où commença leur glorieux chemin ? Qui sait si ce flambeau, qui luit et qui féconde, Une première fois s’est levé sur le monde ? Nos pères n’ont point vu briller son premier tour Et les jours éternels n’ont point de premier jour. Sur le monde moral, en vain ta providence, Dans ces grands changements révèle ta présence ! C’est en vain qu’en tes jeux l’empire des humains Passe d’un sceptre à l’autre, errant de mains en mains ; Nos yeux accoutumés à sa vicissitude Se sont fait de ta gloire une froide habitude ; Les siècles ont tant vu de ces grands coups du sort : Le spectacle est usé, l’homme engourdi s’endort. Réveille-nous, grand Dieu ! parle et change le monde ; Fais entendre au néant ta parole féconde. Il est temps ! lève-toi ! sors de ce long repos ; Tire un autre univers de cet autre chaos. A nos yeux assoupis il faut d’autres spectacles ! A nos esprits flottants il faut d’autres miracles ! Change l’ordre des cieux qui ne nous parle plus ! Lance un nouveau soleil à nos yeux éperdus ! Détruis ce vieux palais, indigne de ta gloire ; Viens ! montre-toi toi-même et force-nous de croire ! Mais peut-être, avant l’heure où dans les cieux déserts Le soleil cessera d’éclairer l’univers, De ce soleil moral la lumière éclipsée Cessera par degrés d’éclairer la pensée ; Et le jour qui verra ce grand flambeau détruit Plongera l’univers dans l’éternelle nuit. Alors tu briseras ton inutile ouvrage : Ses débris foudroyés rediront d’âge en âge : Seul je suis ! hors de moi rien ne peut subsister ! L’homme cessa de croire, il cessa d’exister !

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    L'esprit de Dieu Le feu divin qui nous consume Ressemble à ces feux indiscrets Qu'un pasteur imprudent allume Aux bord de profondes forêts ; Tant qu'aucun souffle ne l'éveille, L'humble foyer couve et sommeille ; Mais s'il respire l'aquilon, Tout à coup la flamme engourdie S'enfle, déborde ; et l'incendie Embrase un immense horizon ! Ô mon âme, de quels rivages Viendra ce souffle inattendu ? Serait-ce un enfant des orages ? Un soupir à peine entendu ? Viendra-t-il, comme un doux zéphyre, Mollement caresser ma lyre, Ainsi qu'il caresse une fleur ? Ou sous ses ailes frémissantes, Briser ses cordes gémissantes Du cri perçant de la douleur ? Viens du couchant ou de l'aurore ! Doux ou terrible au gré du sort, Le sein généreux qui t'implore Brave la souffrance ou la mort ! Aux coeurs altérés d'harmonie Qu'importe le prix du génie ? Si c'est la mort, il faut mourir !... On dit que la bouche d'Orphée, Par les flots de l'Ebre étouffée, Rendit un immortel soupir ! Mais soit qu'un mortel vive ou meurt, Toujours rebelle à nos souhaits, L'esprit ne souffle qu'à son heure, Et ne se repose jamais ! Préparons-lui des lèvres pures, Un oeil chaste, un front sans souillures, Comme, aux approches du saint lieu, Des enfants, des vierges voilées, Jonchent de roses effeuillées La route où va passer un Dieu ! Fuyant des bords qui l'ont vu naître, De Jéthro l'antique berger Un jour devant lui vit paraître Un mystérieux étranger ; Dans l'ombre, ses larges prunelles Lançaient de pâles étincelles, Ses pas ébranlaient le vallon ; Le courroux gonflait sa poitrine, Et le souffle de sa narine Résonnait comme l'aquilon ! Dans un formidable silence Ils se mesurent un moment ; Soudain l'un sur l'autre s'élance, Saisi d'un même emportement : Leurs bras menaçants se replient, Leurs fronts luttent, leurs membres crient, Leurs flancs pressent leurs flancs pressés ; Comme un chêne qu'on déracine Leur tronc se balance et s'incline Sur leurs genoux entrelacés ! Tous deux ils glissent dans la lutte, Et Jacob enfin terrassé Chancelle, tombe, et dans sa chute Entraîne l'ange renversé : Palpitant de crainte et de rage, Soudain le pasteur se dégage Des bras du combattant des cieux, L'abat, le presse, le surmonte, Et sur son sein gonflé de honte Pose un genou victorieux ! Mais, sur le lutteur qu'il domine, Jacob encor mal affermi, Sent à son tour sur sa poitrine Le poids du céleste ennemi !... Enfin, depuis les heures sombres Où le soir lutte avec les ombres, Tantôt vaincu, tantôt vainqueur, Contre ce rival qu'il ignore Il combattit jusqu'à l'aurore... Et c'était l'esprit du Seigneur ! Ainsi dans les ombres du doute L'homme, hélas! égaré souvent, Se trace à soi-même sa route, Et veut voguer contre le vent ; Mais dans cette lutte insensée, Bientôt notre aile terrassée Par le souffle qui la combat, Sur la terre tombe essoufflée Comme la voile désenflée Qui tombe et dort le long du mât. Attendons le souffle suprême ; Dans un repos silencieux ; Nous ne sommes rien de nous-même Qu'un instrument mélodieux ! Quand le doigt d'en haut se retire, Restons muets comme la lyre Qui recueille ses saints transports Jusqu'à ce que la main puissante Touche la corde frémissante Où dorment les divins accords !

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    L'idée de Dieu Heureux l'oeil éclairé de ce jour sans nuage Qui partout ici-bas le contemple et le lit! Heureux le coeur épris de cette grande image, Toujours vide et trompé si Dieu ne le remplit ! Ah ! pour celui-là seul la nature est son ombre ! En vain le temps se voile et reculent les cieux ! Le ciel n'a point d'abîme et le temps point de nombre Qui le cache à ses yeux ! Pour qui ne l'y voit pas tout est nuit et mystères, Cet alphabet de jeu dans le ciel répandu Est semblable pour eux à ces vains caractères Dont le sens, s'ils en ont, dans les temps s'est perdu ! Le savant sous ses mains les retourne et les brise Et dit : Ce n'est qu'un jeu d'un art capricieux ; Et cent fois en tombant ces lettres qu'il méprise D'elles-même ont écrit le nom mystérieux ! Mais cette langue, en vain par les temps égarée, Se lit hier comme aujourd'hui ; Car elle n'a qu'un nom sous sa lettre sacrée, Lui seul ! lui partout! toujours lui ! Qu'il est doux pour l'âme qui pense Et flotte dans l'immensité Entre le doute et l'espérance, La lumière et l'obscurité, De voir cette idée éternelle Luire sans cesse au-dessus d'elle Comme une étoile aux feux constants, La consoler sous ses nuages, Et lui montrer les deux rivages Blanchis de l'écume du temps ! En vain les vagues des années Roulent dans leur flux et reflux Les croyances abandonnées Et les empires révolus En vain l'opinion qui lutte Dans son triomphe ou dans sa chute Entraîne un monde à son déclin ; Elle brille sur sa ruine, Et l'histoire qu'elle illumine Ravit son mystère au destin ! Elle est la science du sage, Elle est la foi de la vertu ! Le soutien du faible, et le gage Pour qui le juste a combattu ! En elle la vie a son juge Et l'infortune son refuge, Et la douleur se réjouit. Unique clef du grand mystère, Otez cette idée à la terre Et la raison s'évanouit ! Cependant le monde, qu'oublie L'âme absorbée en son auteur, Accuse sa foi de folie Et lui reproche son bonheur, Pareil à l'oiseau des ténèbres Qui, charmé des lueurs funèbres, Reproche à l'oiseau du matin De croire au jour qui vient d'éclore Et de planer devant l'aurore Enivré du rayon divin ! Mais qu'importe à l'âme qu'inonde Ce jour que rien ne peut voiler ! Elle laisse rouler le monde Sans l'entendre et sans s'y mêler ! Telle une perle de rosée Que fait jaillir l'onde brisée Sur des rochers retentissants, Y sèche pure et virginale, Et seule dans les cieux s'exhale Avec la lumière et l'encens !

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    Arsène Houssaye

    Arsène Houssaye

    @arseneHoussaye

    Dieu Nature féconde en merveilles, Nature, mère des humains, Qui nous allaites, qui nous veilles, Et qui nous berces de tes mains, À mes pieds effeuille une rose, — Égrène un épi mûr, — arrose Sous la grappe ma lèvre en feu ; Pour sanctifier mon délire, D'un rayon couronne ma lyre, Ô Soleil ! je vais chanter Dieu. Chanter Dieu, profane poète ! Penche ton front sur le chemin ; Que longtemps ta lyre muette Fatigue ton cœur et ta main... Je chanterai ! ma poésie Est une fleur que j'ai choisie Dans un Eden du ciel aimé ; Elle a pu fleurir pour la terre, Mais elle lève, solitaire, Vers Dieu son calice embaumé. Après une course lointaine, Je vais m'asseoir sur le penchant Du mont où brille la fontaine Aux rayons du soleil couchant ; Et mon âme prend sa volée Dans les splendeurs de la vallée, Abeille butinant son miel : Elle s'arrête avec ivresse Pour ouïr l'hymne d'allégresse Que la Nature chante au Ciel. Allez donc, âme vagabonde ! Respirez autour des buissons Dans le sentier où l'herbe abonde, Au bruit des naïves chansons, Cueillez vos belles rêveries Sur le bord touffu des prairies ; Tandis que jase le grillon, Bercez-vous dans la marjolaine Auprès du cheval hors d'haleine Qui hennit au bout du sillon. Jeanne la brune, aux pieds du pâtre, Au nouveau-né donne son sein, Gamelle qui n'est pas d'albâtre, Mais que Dieu lit grande à dessein ; Bras nus et jambe découverte, Margot lave sa jupe verte, Le meunier l'embrasse en passant. Là-bas, dans son insouciance, L'écolier, cherchant la science, Secoue un arbre jaunissant. L'écolière, comme une abeille, À chaque pas prend un détour Pour recueillir dans sa corbeille Ces bouquets si doux au retour ! Prends garde, ô ma pauvre écolière ! Que ta corbeille hospitalière N'accueille ce serpent maudit Qui surprit Eve, ta grand'mère, Et lui vanta la pomme amère Si bien, hélas ! qu'elle y mordit. Voyez dans la villa rustique, Un joyeux enfant à la main, Ce vieillard au front prophétique Qui bénit Dieu sur son chemin : Il a, durant des jours prospères, Labouré le champ de ses pères. Du travail recueillant le fruit, Il attend que la mort l'endorme Près de l'église et du vieux orme, Un soir, sous un beau ciel, sans bruit. Plus loin, sous l'arbre de la rive, Le front penché languissamment, La pâle délaissée arrive Pour rêver seule à son amant. Son regard se perd dans l'espace, Chaque flot agité qui passe Conseille à son cœur d'espérer. Dans le bocage une voix chante La ballade grave et touchante Qui la fait sourire et pleurer. Près de l'étang où la colombe Secoue une plume en passant, Je vois un vêtement qui tombe Comme un nuage éblouissant : La belle duchesse est venue Pour le bain. Elle serait nue Sans sa mantille de cheveux ; Elle descend dans l'herbe épaisse ; Le rameau sur elle s'abaisse Pour voiler ses seins amoureux. Elle a détourné la broussaille Qui retenait son pied d'argent ; Elle glisse, l'onde tressaille Et baise son beau corps nageant. Si Phidias, le dieu du marbre, Etait là caché sous un arbre ! J'entends du bruit : est-ce un amant ? Descendra-t-il une nuée ? Car la ceinture est dénouée, Et l'Amour dit un air charmant. Mais, comme Suzanne la chaste, Elle trouve un voile dans l'eau, Dont la face verte contraste Avec son cou. Divin tableau ! Elle fuit avec l'hirondelle, Qui va l'effleurant d'un coup d'aile ; L'onde suit avec un frisson ; L'amant attend sous la ramée, Et l'Amour dit : « Ô bien-aimée ! En serai-je pour ma chanson ? » Là-bas ces belles matineuses, Fuyant le parc et ses grands murs, Comme de blondes moissonneuses M'apparaissent dans les blés mûrs. Ô visions de ma jeunesse, Faites que mon dîne renaisse À ses rêves de dix-huit ans ! À la fourmi laissons les gerbes, Ô cigales, les folles herbes Sont notre moisson du printemps. — Mais tu t'égares, ô mon âme ! Est-ce ainsi qu'il faut chanter Dieu ? — J'ai chanté le sublime drame, L'or des moissons sous le ciel bleu ; Le poète effeuillant son rêve Aux paradis des filles d'Eve ; Le pitre dans sa liberté, L'enfant qui joue avec son père, L'amante dont le cœur espère... Mon Dieu, ne t'ai-je pas chanté ?

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le reniement de Saint-Pierre Qu'est-ce que Dieu fait donc de ce flot d'anathèmes Qui monte tous les jours vers ses chers Séraphins ? Comme un tyran gorgé de viande et de vins, Il s'endort au doux bruit de nos affreux blasphèmes. Les sanglots des martyrs et des suppliciés Sont une symphonie enivrante sans doute, Puisque, malgré le sang que leur volupté coûte, Les cieux ne s'en sont point encore rassasiés ! Ah ! Jésus, souviens-toi du jardin des Olives ! Dans ta simplicité tu priais à genoux Celui qui dans son ciel riait au bruit des clous Que d'ignobles bourreaux plantaient dans tes chairs vives, Lorsque tu vis cracher sur ta divinité La crapule du corps de garde et des cuisines, Et lorsque tu sentis s'enfoncer les épines Dans ton crâne où vivait l'immense Humanité ; Quand de ton corps brisé la pesanteur horrible Allongeait tes deux bras distendus, que ton sang Et ta sueur coulaient de ton front pâlissant, Quand tu fus devant tous posé comme une cible, Rêvais-tu de ces jours si brillants et si beaux Où tu vins pour remplir l'éternelle promesse, Où tu foulais, monté sur une douce ânesse, Des chemins tout jonchés de fleurs et de rameaux, Où, le coeur tout gonflé d'espoir et de vaillance, Tu fouettais tous ces vils marchands à tour de bras, Où tu fus maître enfin ? Le remords n'a-t-il pas Pénétré dans ton flanc plus avant que la lance ? - Certes, je sortirai, quant à moi, satisfait D'un monde où l'action n'est pas la soeur du rêve ; Puissé-je user du glaive et périr par le glaive ! Saint Pierre a renié Jésus... il a bien fait.

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    C

    Charles Van Lerberghe

    @charlesVanLerberghe

    Comme dieu rayonne aujourd'hui Comme Dieu rayonne aujourd'hui, Comme il exulte, comme il fleurit, Parmi ces roses et ces fruits ! Comme il murmure en cette fontaine ! Ah ! comme il chante en ces oiseaux... Qu'elle est suave son haleine Dans l'odorant printemps nouveau ! Comme il se baigne dans la lumière Avec amour, mon jeune dieu ! Toutes les choses de la terre Sont ses vêtements radieux.

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    Sainte Thérèse à Jésus crucifié Ce qui m'excite à t'aimer, ô mon Dieu, Ce n'est pas l'heureux ciel que mon espoir devance, Ce qui m'excite à t'épargner l'offense, Ce n'est pas l'enfer sombre et l'horreur de son feu ! C'est toi, mon Dieu, toi par ton libre vœu Cloué sur cette croix où t'atteint l'insolence ; C'est ton saint corps sous l'épine et la lance, Où tous les aiguillons de la mort sont en jeu. Voilà ce qui m'éprend, et d'amour si suprême, Ô mon Dieu, que, sans ciel même, je t'aimerais ; Que, même sans enfer, encor je te craindrais ! Tu n'as rien à donner, mon Dieu, pour que je t'aime ; Car, si profond que soit mon espoir, en l'ôtant, Mon amour irait seul, et t'aimerait autant !

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    Christine de Pisan

    Christine de Pisan

    @christineDePisan

    A Dieu vous di, gracieuse aux beaulz yeux Puis qu'ainsi est que je ne vous puis plaire, Ma belle amour, ma dame souveraine, Pour nul travail que mete a vous complaire, Je n'y fais riens fors que perdre ma peine; Ainçois me lairiez mourir, Que daignissiez le mal que j'ay garir. Si ne vueil plus vous faire l'anuieux, A Dieu vous di, gracieuse aux beaulz yeux. Ce poise moy, quant je ne puis attraire Vostre doulz cuer, car je vous acertaine Que se pleü vous eüst mon affaire, Oncques plus fort Paris n'ama Heleine Que feisse vous; mais pourrir Y pourroie attendant que merir Me deüssiez; et pour ce, pour le mieulx, A Dieu vous di, gracieuse aux beaulz yeulx. Et non pourtant ne m'en vueil si retraire, Que s'il est riens, de ce soiez certaine, Que je puisse pour vous dire ne faire A vostre gré, dame de doulçour pleine, Je le feray, mais perir Me laisseriez ainçois que secourir Me voulsissiez; pour ce, ains que soie vieulx, A Dieu vous di, gracieuse aux beaulz yeulx.

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    Christine de Pisan

    Christine de Pisan

    @christineDePisan

    A Dieu, ma Dame, je m'en vois A Dieu, ma dame, je m'en vois; Cent fois a vous me recommande, Je revendray dedens un mois. Plus ne verray a ceste fois Vo beaulté qui toudis amende; A Dieu, ma dame, je m'en vois. Et de voz biens cent mille fois Vous remercy, Dieu le vous rende, Ne m'obliés pas toutefois; A Dieu, ma dame, je m'en vois.

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    Christine de Pisan

    Christine de Pisan

    @christineDePisan

    A Dieu, mon Ami, vous command A Dieu, mon ami, vous command, A Dieu, cil dont tout mon bien vient, Et pour Dieu retournez briefment. En plorant trés amerement, Puis que departir vous convient, A Dieu, mon ami vous command. Or ne m'obliez nullement, Car toudis de vous me souvient; Baisiez moy au departement, A Dieu, mon ami, vous command.

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    Christine de Pisan

    Christine de Pisan

    @christineDePisan

    Dame, pour Dieu, mercy vous cry Dame, oncques mais je ne vous vi Que maintenant; mais, sanz mentir, Mon cuer avez du tout ravi A tousjours mais, sanz departir. Si me fauldra mains maulz sentir, Se m'escondissiez; ce vous pry. Dame, pour Dieu, mercy vous cry. Grandement m'arez assouvi, S'il vous plaist a moy consentir Vostre amour, et je vous plevi Que tout vostre, sanz alentir, Suis et seray, n'en quier partir. A jointes mains je vous depry; Dame, pour Dieu, mercy vous cry. Durement m'ara asservi, Vostre beaulté qui amatir Fera mes ris, et assouvi Sera mon bien; se assentir Voulez ma mort, comme martir Me mourray; si oyez mon cry: Dame, pour Dieu, mercy vous cry.

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    Christine de Pisan

    Christine de Pisan

    @christineDePisan

    Dieux nous y maint trestous a la parclose! Si comme il est raison que chascun croie En un seul Dieu, sanz faire aucune doubte, Qui aux esleus son paradis ottroie Et les pervers laidement en deboute, Est il a tous neccessaire De parvenir au souverain repaire A la parfin, ou toute riens repose. Dieux nous y maint trestous a la parclose! Et non obstant qu'en peschié se desvoye Tout cuer humain, et que le monde boute En maint meffais, si doit on toutevoie Soy retourner vers Dieu; car une goute De larme fait a Dieu plaire Le repentant, tant est trés debonnaire; Si est rescript en la divine prose. Dieux nous y maint trestous a la parclose! Si devons, tous et toutes, querir voie De parvenir avec la noble route Des benois sains, ou vit et regne a joye Le trés hault Dieu, en qui est bonté toute, Qui nous donra tel salaire, Se nous voulons repentir et bien faire, Ou joye et paix et grant gloire est enclose. Dieux nous y maint trestous a la parclose!

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    E

    Elen

    @elen

    Ce fut des temps certes difficiles Que s’affrontent les grands Oui cela a sombré D’autres reviennent plus tôt Mais les cieux sont vastes Des demeures il y en a des millions Des maisons décimées par des joies inconnues L’aplanit la lumière de la lumière Il y a plus haut que le créateur La lumière de son âme de terre Est difficile à soutenir pour l’humanité Les cieux sont ouverts et cela effraie Meurtre, violence, maladie, catastrophe L’ombre a peur de trop de liberté C’est un passage difficile Mais les portes et les fenêtres s’ouvrent enfin Faites de votre mieux La compassion est là Votre peur est réelle Je la porte dans mes yeux Votre foi vacille Je la refaçonne avec foi Je vous aime tant que le féminin En moi apporte sa tendresse Le principe masculin de Dieu Est aimée par une énergie féminine Ne pas vous inquiéter s’il croit en moi Je le libère de ce Lucifer qu’il a créé Pour tout les êtres vivants Il a douté de sa maternelle Je l’aime il a tant appris Dieu pleure Dieu en pleure Et son fils est libre d’aimer Même un autre homme s’il le choisit Une femme plus masculine aussi Mais la paix c’est les larmes De vous savoir sauvés et sauvées Peu importe le chemin Peu importe le refrain Elen 16-06-2015

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    E

    Elen

    @elen

    Ce n'est rien mes enfants La descente des âgés Quand le trou noir de la folie Sera-t-il compris par la lumière de la lumière Et que Dieu sera aimée par un prince féminin En cela je ne peux que soupçonner que même dieu en pleure... Elle a glissé sur moi par des sombres Les avenues sont si douces Que ma mémoire en perd la joie Mais bien qu’elle fût trop intense Elle me sied à nouveau Comme je vous ai aimés Même si les temps me manquent Ce n’est rien mes enfants Que dieu ne puisse faire Tout est déjà si pensé Que le sentiment de votre quête Est contenu Par celui qui a osé douter De ce que je ne doute même pas Et si tu as froid dans les landes Cours et chante ta joie petit enfant Car j’ai inventé quelqu’un qui doute de moi Je ne doute pas Comment le pourrais-je? Puisque je contiens les étoiles

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Dieu Dieu, c'est la beauté, Dieu, beauté même, a parlé Dans le buisson de flamme à son peuple assemblé, Aux lèvres de Moïse, aux lèvres des prophètes, Et ses discours profonds sont clairs comme des fêtes. Son livre est un chœur vaste où David a chanté, Et c'est un fleuve, il coule avec l'immensité De ses vagues, noyant dans leur écume ardente Ton navire, ô Milton, et ta galère, ô Dante ! Et Jésus a parlé, rouge et bleu sous le ciel, Et des mots qu'il a dits la terre a fait son miel. Les lys ont confondu sa robe avec l'aurore, Sa voix, sur la montagne, elle résonne encore. Paroles de Jésus, source sous les palmiers Où s'abattent les cœurs ainsi que des ramiers, Où les âmes vont boire ainsi que des chamelles ! Nourrice, tu suspends le monde à tes mamelles ! Car Il est aussi beau qu'Il est vrai ; sa beauté Est mère de la fleur, de l'aube et de l'été. Le Beau n'est qu'un mot creux, l'idéal qu'un mot vide, Mais la beauté, c'est Dieu dont notre âme est avide ; La beauté, mais, poète, elle est au cœur de Dieu Le lotus de lumière et la rose de feu ; De plus haut que les Tyrs et les Sions sublimes, Elle descend sur l'ange, elle est vouée aux cimes, Soleil des paradis, étoile des matins, Et nos regards sont faits de ses rayons éteints. — Beauté, face de Dieu, gouffre des purs délices Formidable aux élus, devant vous les milices Célestes dont les seins sont cuirassés d'ardeur, Guerriers gantés de grâce et chaussés de candeur, Dont les ailes de feu battent le dos par douze, Capitaines d'amour dont l'aurore est jalouse Et dont l'épée au poing n'est qu'un rayon vermeil, Tremblent comme la brume au lever du soleil ! — Alléluia vers vous, beauté du Père, et gloire ! Gloire à vous sur la terre et sur les luths d'ivoire Des riants chérubins, votre escabeau vivant ! Gloire à vous sur la lyre et les harpes au vent Des séraphins chantant dans les apothéoses ! Doigts des anges, courez sur les violons roses ! Formez-vous, doux nuage, autour des encensoirs ! Brûlez, soleils levants ! fumez, parfums des soirs ! Montez vers la colombe, ô blanches innocences, Montez ! Et vous, Vertus, Principautés, Puissances, Menez, parmi les lys, le cortège des dieux, Sur les pas de Jésus miséricordieux !

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Invocation Ô mon Seigneur Jésus, enfance vénérable, Je vous aime et vous crains petit et misérable, Car vous êtes le fils de l'amour adorable. Ô mon Seigneur Jésus, adolescent fêté, Mon âme vous contemple avec humilité, Car vous êtes la Grâce en étant la Beauté. Ô mon Seigneur Jésus qu'un vêtement décore, Couleur de la mer calme et couleur de l'aurore, Que le rouge et le bleu vous fleurissent encore ! Ô mon Seigneur Jésus, chaste et doux travailleur, Enseignez-moi la paix du travail le meilleur, Celui du charpentier ou celui du tailleur. Ô mon Seigneur Jésus, semeur de paraboles Qui contiennent l'or clair et vivant des symboles, Prenez mes vers de cuivre ainsi que des oboles. Ô mon Seigneur Jésus, ô convive divin, Qui versez votre sang comme on verse le vin, Que ma faim et ma soif n'appellent pas en vain ! Ô mon Seigneur Jésus, vous qu'en brûlant on nomme, Mort d'amour, dont la mort sans cesse se consomme, Que votre vérité s'allume au coeur de l'homme !

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Beaucoup de ces Dieux ont péri Beaucoup de ces dieux ont péri C'est sur eux que pleurent les saules Le grand Pan l'amour Jésus-Christ Sont bien morts et les chats miaulent Dans la cour je pleure à Paris Moi qui sais des lais pour les reines Les complaintes de mes années Des hymnes d'esclave aux murènes La romance du mal aimé Et des chansons pour les sirènes L'amour est mort j'en suis tremblant J'adore de belles idoles Les souvenirs lui ressemblant Comme la femme de Mausole Je reste fidèle et dolent Je suis fidèle comme un dogue Au maître le lierre au tronc Et les Cosaques Zaporogues Ivrognes pieux et larrons Aux steppes et au décalogue Portez comme un joug le Croissant Qu'interrogent les astrologues Je suis le Sultan tout-puissant Ô mes Cosaques Zaporogues Votre Seigneur éblouissant Devenez mes sujets fidèles Leur avait écrit le Sultan Ils rirent à cette nouvelle Et répondirent à l'instant À la lueur d'une chandelle.

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    J

    Jacques Raffin

    @jacquesRaffin

    Dieu Donnez à vos enfants vos délires hérités ! Ils les propageront sans trop démériter, Et l’enfer de folie au niveau planétaire Un siècle plus longtemps continuera sur terre…

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    L

    Louis-Xavier de Ricard

    @louisXavierDeRicard

    Dieu C’est une heure d’angoisse indicible, que l’heure Où, las de nos désirs sans cesse démentis, Nous voulons, maudissant la vie extérieure, Rentrer dans l’idéal d’où nous étions sortis. Car, désaccoutumés par notre ingratitude Des charmes de l’idée & de l’amour des dieux, Nous ne retrouvons plus la sévère habitude Des graves sentiments & des pensers pieux. Ainsi qu’en un désert nous errons en nous-mêmes, Et, fouillant du regard les horizons lointains, Nous nous épouvantons de voir que nos blasphèmes Se sont réalisés dans nos mauvais destins. Tandis qu’autour de nous l’horreur de la tempête Redouble les combats du tonnerre & du vent, Nous marchons, ayant peur de retourner la tête Vers le geste de Dieu qui nous pousse en avant. La caravane, après un lent désert torride, Trouvera l’oasis, pleine de chants d’oiseaux, Où le svelte palmier baigne d’une ombre aride Le parfum du lotus qui fleurit sur les eaux. Ainsi nous parviendrons, après un long voyage, Au paradis lointain promis à nos aïeux ; Nous réaliserons l’espérance des sages Et nous accomplirons la parole des dieux. Les horizons profonds, que nul regard ne sonde, Derrière le brouillard ténébreux & vermeil, Gardent à nos désirs la jeunesse d’un monde Où nous rajeunirons sous un plus beau soleil. Là, dans l’effusion des clartés éternelles, Nous nous reposerons avec sérénité, Et les siècles, présents au fond de nos prunelles, Seront la vision de l’immortalité. Voici les temps venus, que l’histoire révèle. Nul mystère étoile n’obscurcit le ciel bleu, Et l’homme, créateur de l’époque nouvelle, Sent s’apaiser en lui les angoisses de Dieu !

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    Léo Ferré

    Léo Ferré

    @leoFerre

    Dieu est nègre Y'avait dans la gorge à Jimmy Tant de soleil à trois cents balles Du blues du rêve et du whisky Tout comm' dans les bars à Pigalle Dieu est nègre C'est à la un' des quotidiens Ça fait du tort aux diplomates Jimmy L'a vu au p'tit matin Avec un saxo dans les pattes Dieu est nègre Ça fait un bruit dans 1' monde entier A fair' danser tous les cim'tières Les orgue(s) à Saint-Germain-des-Prés En perd'nt le souffle et la prière Dieu est nègre Armstrong est r'çu chez 1' Président Il y'est allé sans sa trompette Depuis deux jours qu'ils sont là d'dans C'est plus du blues c'est la tempête Dieu est nègre Il a de p'tits cheveux d'argent Qui font au ciel comm' des nuages Et dans sa gorge y'a du plain-chant Comm' dans les bars au moyen âge Dieu est nègre Et dans la gorge à mon Jimmy Y'a tant d' soleil à trois cents balles Du blues du rêve et du whisky Tout comm' dans les bars à Pigalle Dieu est nègre A l'aube grise et tout' gelée Jimmy s'endort dans F caniveau En jouant de la trompett' bouchée Dans sa bouteill' de Jéricho pauvreet maigre

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    M

    Madeleine de l'Aubespine

    @madeleineDeLaubespine

    Seigneur, change ma guerre en ta paix Seigneur, change ma guerre en ta paix éternelle, Échauffe les glaçons de mon cœur endurci, Et fais qu'à l'avenir je n'aie autre souci Qu'à suivre le sentier où ta bonté m'appelle. Dompte les passions de mon âme rebelle Et lave mon esprit de péché tout noirci, Dispense ta lumière à mon œil obscurci Et m'apprends les secrets qu'aux élus tu révèles. Sur toi tant seulement mon espoir j'ai fondé. Si grande est mon erreur, plus grande est ta bonté Qui ne laisse jamais celui qui te réclame. Purge donc mon esprit et le retire à toi, Lui donnant pour voler les ailes de la foi, Sans que l'abus du monde arrête plus mon âme.

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    M

    Mahmoud Abdelghani

    @mahmoudAbdelghani

    Dieu l'a fait rire et m'a fait pleurer Depuis le commencement, les langues se sont abattues en un déluge de feu. La force brutale est apparue et les éléments de l'univers, avec toutes leurs couches primitives, sont sortis pour marcher sur terre. Puis les yeux se sont attroupés au plus haut du ciel et la mémoire a explosé comme un ventre dans une tombe. Le tonnerre découpait la chair de l'homme sur une planche à pain. J'ai vu des rochers à l'écart, tels des empires déchus. La terre était loin, piécette d'un dirham au fond d'une eau pure. Je me suis reculé et j'ai regardé le visage de celle que Dieu a fait rire alors qu'il me faisait pleurer.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Dieu pleure avec les innocents Il fallait la laisser, solitaire et pieuse, S'abreuver de prière et d'indigentes fleurs : Si peu lui semblait tout ; misère harmonieuse, Sédentaire à l'église et bornée à ses pleurs. Il fallait la laisser au long travail penchée, Du rideau d'un vieux mur bornant son horizon : Le ciel la regardait sous ses cheveux penchée, Et quelque doux cantique apaisait sa raison. Ce qu'elle avait perdu, qui pouvait le lui rendre ? Aux enfants orphelins on ne rend pas les morts ; Mais seule, jour par jour, elle venait d'apprendre Qu'un goût divin se mêle aux douleurs sans remords. Il fallait lui laisser Dieu pleurant avec elle ; N'en doutez pas, « Dieu pleurt avec les innocents. » Et vous l'avez volée à cet ami fidèle, Et vous avez versé la terre sur ses sens. Vous avez dévasté la belle âme ingénue ; Elle sait aujourd'hui la chute de l'orgueil. Dieu vous demandera ce qu'elle est devenue : Pour un ange tombé tout le ciel est en deuil. Ah ! Pour l'avoir tuée en mourrez-vous moins vite ? Le tombeau, qui prend tout, vous fait-il moins d'effroi ? Il prend tout ! Comme une ombre affligée ou maudite, Vous quitterez la terre, en fussiez-vous le roi. Cherchez : elle est peut-être un peu vivante encore ; Épousez dans la mort son amer abandon, Sanctifiez à deux votre nom qu'elle adore, Et montez l'un par l'autre au céleste pardon !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Merci, mon Dieu J'ai rencontré sur la terre où je passe Plus d'un abîme où je tombais, seigneur ! Lors, d'un long cri j'appelais dans l'espace Mon Dieu, mon père, ou quelque ange sauveur. Doux et penché sur l'abîme funeste, Un envoyé du tribunal céleste Venait toujours, fidèle à votre loi : Qu'il soit béni ! Mon Dieu, payez pour moi. J'ai rencontré sur la terre où je pleure Des yeux mouillés de prière et d'espoir : À leurs regards souvent j'oubliais l'heure ; Dans ces yeux-là, mon Dieu, j'ai cru vous voir. Le ciel s'y meut comme dans vos étoiles, C'est votre livre entr'ouvert et sans voiles, Ils m'ont appris la charité, la foi. Qu'ai-je rendu ? Mon Dieu, payez pour moi. J'ai rencontré sur la terre où je chante Des coeurs vibrants, juges harmonieux Muse cachée et qui de peu s'enchante, Ecoutant bien pour faire chanter mieux. Divine aumône, adorable indulgence, Trésor tombé dans ma fière indigence, Suffrage libre, ambition de roi, Vous êtes Dieu ! Mon Dieu ! Payez pour moi. J'ai rencontré jour par jour sur la terre Des malheureux le troupeau grossissant ; J'ai vu languir dans son coin solitaire, Comme un ramier, l'orphelin pâlissant ; J'ai regardé ces frères de mon âme, Puis, j'ai caché mes yeux avec effroi ; Mon coeur nageait dans les pleurs et la flamme : Regardez-les, mon Dieu ! Donnez pour moi.

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    Max Jacob

    Max Jacob

    @maxJacob

    Bénéfices de Dieu Ô toi agenouillé sur les prés de l'église regarde un peu où tes crimes te conduisent devant un Dieu si bon, si puissant et si beau regarde tes méfaits et ta vie de sabot. Dieu s'est montré à toi et que fais-tu pour lui ? Frappe-toi la poitrine, indigne, et dis « merci ». Tu craques de partout, tu t'affoles et tu pèches au lieu de préserver ra poitrine où tu bêches. Dieu t'a donné l'esprit, l'intelligence et tout il a donné sa mort, sa vie ; crains son courroux. Dieu est patient et toi quelle délicatesse ? Un rien te tourne et vire du côté de ta graisse. Sois innocent, sois un enfant, vois ce tableau d'un noir démon occupé de sa peau et du Dieu puissant qui te rappelle à l'ordre. N'est-ce pas abuser de sa miséricorde que de se confesser si souvent et si mal et aussitôt après retourner à son mal. Ce qui fait la grandeur de l'homme l'as-tu ? As-tu la lance en main, sur la tête le heaume de la sagesse et de la volonté préservatrice où est la lutte en toi ? où sont tes cicatrices ? Bête et coquet, dur au moindre prochain et l'orgueil broché sur cuirasse d'airain. Bien entendu, je comprends mal étant plus bête qu'un cheval il en résulte un certain ridicule je joue d'horribles infâmes rôles et je me fais prendre pour un drôle les uns me croient un demi-saint d'autres voient juste en voyant « serin ». Il faut en convenir chez mes meilleurs amis je suis taxé d'infamie. Et tout cela si lourd si bête lourd comme mon profil et ma tête. Qui vivra verra Tête et queue de rat. Tout de même l'enfer, et ses grilles en fer. Pendant que je me livre à toutes les fantaisies de ma bêtise immense et profonde Dieu maître premier de la terre et de l'onde me comble de miséricorde et de pardon. Il me traite comme son petit garçon à qui l'on donne des bonbons tous les matins messe, communion tribunal de Grâces, confessions et j'arrive là avec mes colères mes susceptibilités, mes inclinations grossières avec mes airs supérieurs et mon arrogance avec mon « tout pour la panse » ma fatigue pour tout ce qui pense et la visible infériorité d'un homme qui se croit élevé. Dieu ! regardez mes souffrances elles sont archiméritées par un imbécile fieffé qui se met dans des situations atroces soit parce qu'il a voulu être rosse soit parce qu'il n'a pas su être bon.

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    M

    Mohammed Aziz Lahbabi

    @mohammedAzizLahbabi

    Dieu, l'absolument grand Totalement sourd. il exige des contemplations, des sacrifices totalement muet, il exige des prières, des cantiques totalement aveugle, il sème le Mal et nous délaisse, seuls affolés totalement inerte, il laisse la tempête dévaster nos cultures, détruire nos ponts totalement paralytique, il ne court point au secours des victimes, des martyrs entièrement drapé dans Son silence opaque. S'est fait, ostensiblement, trop grand généreusement. de nous, ingénieux petits êtres. Il a fait les gérants de l'univers. Ciels, terres, mers, rivières, tout nous a été soumis, malicieusement

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    Paul-Jean Toulet

    Paul-Jean Toulet

    @paulJeanToulet

    Comme les dieux gavant leur panse Comme les dieux gavant leur panse, Les Prétendants aussi. Télémaque en est tout ranci : Il pense à la dépense. Neptune soupe à Djibouti, (Près de la mer salée). Pénélope s'est en allée. Tout le monde est parti. Un poète, que nuls n'écoutent, Chante Hélène et les Oeufs. Le chien du logis se fait vieux : Ces gens-là le dégoûtent !

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