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Suicide

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Suicide

Poésies de la collection suicide

    Louis Aragon

    Louis Aragon

    @louisAragon

    Programme Au rendez-vous des assassins Le sang et la peinture fraîche Odeur du froid On tue au dessert Les bougies n'agiront pas assez Nous aurons évidemment besoin de nos petits outils Le chef se masque Velours des abstractions Monsieur va sans doute au bal de l'Opéra Tous les crimes se passent à La Muette Et cœtera Ils ne voient que l'argent à gagner Opossum Ma bande réunit les plus grands noms de France Bouquets de fleurs Abus de confiance J'entraîne Paris dans mon déshonneur Course Coup de Bourse La perspective réjouit le cœur des complices Machine infernale au sein d'un coquelicot Ils ne s'enrichiront plus longtemps C'est à leur tour Étoile en journal des carreaux cassés Je connais les points faibles des vilebrequins mes camarades On arrive à ses fins par la délation sans yeux Le poison Bière mousseuse Ou la trahison. Celui-ci Pâture du cheval de bois Je le livre à la police Les autres se frottent les mains Vous ne perdez rien pour attendre Il y aura des sinistres sur mer cette nuit Des attentats Des préoccupations Sur les descentes de lit la mort coule en lacs rouges Encore deux amis avant d'arriver à mon frère Il me regarde en souriant et je lui montre aussi les dents Lequel étranglera l'autre La main dans la main Tirerons-nous au sort le nom de la victime L'agression nœud coulant Celui qui parlait trépasse Le meurtrier se relève et dit Suicide Fin du monde Enroulement des drapeaux coquillages Le flot ne rend pas ses vaisseaux Secrets de goudron Torches Fruit percé de trous Sifflet de plomb Je rends le massacre inutile et renie le passé vert et blanc pour le plaisir Je mets au concours l'anarchie dans toutes les librairies et gares.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Victorieusement fui le suicide Victorieusement fui le suicide beau Tison de gloire, sang par écume, or, tempête ! Ô rire si là-bas une pourpre s'apprête À ne tendre royal que mon absent tombeau. Quoi ! de tout cet éclat pas même le lambeau S'attarde, il est minuit, à l'ombre qui nous fête Excepté qu'un trésor présomptueux de tête Verse son caressé nonchaloir sans flambeau, La tienne si toujours le délice ! la tienne Oui seule qui du ciel évanoui retienne Un peu de puéril triomphe en t'en coiffant Avec clarté quand sur les coussins tu la poses Comme un casque guerrier d'impératrice enfant Dont pour te figurer il tomberait des roses.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Tristesse en mer Les mouettes volent et jouent ; Et les blancs coursiers de la mer, Cabrés sur les vagues, secouent Leurs crins échevelés dans l'air. Le jour tombe ; une fine pluie Eteint les fournaises du soir, Et le steam-boat crachant la suie Rabat son long panache noir. Plus pâle que le ciel livide Je vais au pays du charbon, Du brouillard et du suicide ; - Pour se tuer le temps est bon. Mon désir avide se noie Dans le gouffre amer qui blanchit ; Le vaisseau danse, l'eau tournoie, Le vent de plus en plus fraîchit. Oh ! je me sens l'âme navrée ; L'Océan gonfle, en soupirant, Sa poitrine désespérée, Comme un ami qui me comprend. Allons, peines d'amour perdues, Espoirs lassés, illusions Du socle idéal descendues, Un saut dans les moites sillons ! A la mer, souffrances passées, Qui revenez toujours, pressant Vos blessures cicatrisées Pour leur faire pleurer du sang ! A la mer, spectre de mes rêves, Regrets aux mortelles pâleurs Dans un coeur rouge ayant sept glaives, Comme la mère des douleurs. Chaque fantôme plonge et lutte Quelques instants avec le flot Qui sur lui ferme sa volute Et l'engloutit dans un sanglot. Lest de l'âme, pesant bagage, Trésors misérables et chers, Sombrez, et dans votre naufrage Je vais vous suivre au fond des mers. Bleuâtre, enflé, méconnaissable, Bercé par le flot qui bruit, Sur l'humide oreiller du sable Je dormirai bien cette nuit ! ... Mais une femme dans sa mante Sur le pont assise à l'écart, Une femme jeune et charmante Lève vers moi son regard, Dans ce regard, à ma détresse La Sympathie à bras ouverts Parle et sourit, soeur ou maîtresse, Salut, yeux bleus ! bonsoir, flots verts ! Les mouettes voient et jouent ; Et les blancs coursiers de la mer, Cabrés sur les vagues, secouent Leurs crins échevelés dans l'air.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Certes, une telle mort, ignorée ou connue Certes, une telle mort, ignorée ou connue, N'importe pas au siècle, et rien n'en diminue ; On n'en parle pas même et l'on passe à côté. Mais lorsque, grandissant sous le ciel attristé, L'aveugle suicide étend son aile sombre, Et prend à chaque instant plus d'âmes sous son ombre ; Quand il éteint partout, hors des desseins de Dieu, Des fronts pleins de lumière et des cœurs pleins de feu ; Quand Robert, qui voilait, peintre au pinceau de flamme, Sous un regard serein l'orage de son âme, Rejette le calice avant la fin du jour Dès qu'il en a vidé ce qu'il contient d'amour ; Quand Castlereagh, ce taon qui piqua Bonaparte, Cet anglais mélangé de Carthage et de Sparte, Se plonge au cœur l'acier et meurt désabusé, Assouvi de pouvoir, de ruses épuisé ; Quand Rabbe de poison inonde ses blessures ; Comme un cerf poursuivi d'aboyantes morsures, Lorsque Gros haletant se jette, faible et vieux, Au fleuve, pour tromper sa meute d'envieux ; Quand de la mère au fils et du père à la fille Partout ce vent de mort ébranche la famille ; Lorsqu'on voit le vieillard se hâter au tombeau Après avoir longtemps trouvé le soleil beau, Et l'épouse quittant le foyer domestique, Et l'écolier lisant dans quelque livre antique, Et tous ces beaux enfants, hélas ! trop tôt mûris, Qui ne connaissaient pas les hommes, qu'à Paris Souvent un songe d'or jusques au ciel enlève, Et qui se sont tués quand du haut de leur rêve De gloire, de vertu, d'amour, de liberté, Ils sont tombés le front sur la société ! Alors le croyant prie et le penseur médite ! Hélas ! l'humanité va peut-être trop vite. Où tend ce siècle ? où court le troupeau des esprits ? Rien n'est encor trouvé, rien n'est encor compris, Car beaucoup ici-bas sentent que l'espoir tombe, Et se brisent la tête à l'angle de la tombe Comme vous briseriez le soir sur le pavé Un œuf où rien ne germe et qu'on n'a pas couvé ! Mal d'un siècle en travail où tout se décompose ! Quel en est le remède et quelle en est la cause ? Serait-ce que la foi derrière la raison Décroît comme un soleil qui baisse à l'horizon ? Que Dieu n'est plus compté dans ce que l'homme fonde ? Et qu'enfin il se fait une nuit trop profonde Dans ces recoins du cœur, du monde inaperçus, Que peut seule éclairer votre lampe, ô Jésus ! Est-il temps, matelots mouillés par la tempête, De rebâtir l'autel et de courber la tête ? Devons-nous regretter ces jours anciens et forts Où les vivants croyaient ce qu'avaient cru les morts, Jours de piété grave et de force féconde, Lorsque la Bible ouverte éblouissait le monde ! Amas sombre et mouvant de méditations ! Problèmes périlleux ! obscures questions Qui font que, par moments s'arrêtant immobile, Le poète pensif erre encor dans la ville À l'heure où sur ses pas on ne rencontre plus Que le passant tardif aux yeux irrésolus Et la ronde de nuit, comme un rêve apparue, Qui va tâtant dans l'ombre à tous les coins de rue ! Le 4 septembre 1835.

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