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Infini

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Infini

Poésies de la collection infini

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Blotti comme un Oiseau Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid, Les yeux sur ton profil, je songe à l'infini... Immobile sur les coussins brodés, j'évoque L'enchantement ancien, la radieuse époque, Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés ! Et je revis, parmi les objets imprégnés De ton parfum intime et cher, l'ancienne année Celle qui flotte encor dans ta robe fanée... Je t'aime ingénument. Je t'aime pour te voir. Ta voix me sonne au cœur comme un chant dans le soir. Et penché sur ton cou, doux comme les calices, J'épuise goutte à goutte, en amères délices, Pendant que mon soleil décroît à l'horizon Le charme douloureux de l'arrière-saison.

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Les infinis Vertigineux géant du désert qu'il écrase, La tête dans l'azur et le pied dans la mer, Le mont découpe, ardent, sous le dôme de l'air, Son farouche horizon de chaos en extase. Le vide où, par instants, des vents de feu circulent, Tend son gouffre comblé par son rutilement ; L'onde et la nue, ayant même bleuissement, Face à face vibrants, s'éblouissent et brûlent. Là, ce que la Nature a de plus éternel : L'Espace, l'Océan, la Montagne, le Ciel, Souffre pompeusement la lumière embrasée : Puis, la Nuit vient, gazant sous ses voiles bénis La Lune, spectre errant de ces quatre infinis Qui boivent les soupirs de son âme glacée.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    De loin Du bonheur qu'ils rêvaient toujours pur et nouveau Les couples exaucés ne jouissent qu'une heure. Moins ému, leur baiser ne sourit ni ne pleure ; Le nid de leur tendresse en devient le tombeau. Puisque l'œil assouvi se fatigue du beau, Que la lèvre en jurant un long culte se leurre, Que des printemps d'amour le lis, dès qu'on l'effleure, Où vont les autres lis va lambeau par lambeau, J'accepte le tourment de vivre éloigné d'elle. Mon hommage muet, mais aussi plus fidèle, D'aucune lassitude en mon cœur n'est puni ; Posant sur sa beauté mon respect comme un voile, Je l'aime sans désir, comme on aime une étoile, Avec le sentiment qu'elle est à l'infini.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le monde des âmes À R. Albaret. Newton, voyant tomber la pomme, Conçut la matière et ses lois : Oh ! surgira-t-il une fois Un Newton pour l'âme de l'homme ? Comme il est dans l'infini bleu Un centre où les poids se suspendent, Ainsi toutes les âmes tendent À leur centre unique, à leur Dieu. Et comme les sphères de flammes Tournent en s'appelant toujours, Ainsi d'harmonieux amours Font graviter toutes les âmes. Mais le baiser n'est pas permis Aux sphères à jamais lancées ; Les lèvres, les regards amis Joignent les âmes fiancées ! Qui sondera cet univers Et l'attrait puissant qui le mène ? Viens, ô Newton de l'âme humaine, Et tous les cieux seront ouverts !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Éther Quand on est sur la terre étendu sans bouger, Le ciel paraît plus haut, sa splendeur plus sereine ; On aime à voir, au gré d'une insensible haleine, Dans l'air sublime fuir un nuage léger ; Il est tout ce qu'on veut : la neige d'un verger, Un archange qui plane, une écharpe qui traîne, Ou le lait bouillonnant d'une coupe trop pleine ; On le voit différent sans l'avoir vu changer. Puis un vague lambeau lentement s'en détache, S'efface, puis un autre, et l'azur luit sans tache, Plus vif, comme l'acier qu'un souffle avait terni. Tel change incessamment mon être avec mon âge ; Je ne suis qu'un soupir animant un nuage, Et je vais disparaître, épars dans l'infini.

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