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Fleurs

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Fleurs

Poésies de la collection fleurs

    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Les esprits des fleurs Voyez-vous de l'or de ces urnes S'échapper ces esprits des fleurs, Tout trempés de parfums nocturnes, Tout vêtus de fraîches couleurs ? Ce ne sont pas de vains fantômes Créés par un art décevant, Pour donner un corps aux arômes Que nos gazons livrent au vent. Non : chaque atome de matière Par un esprit est habité ; Tout sent, et la nature entière N'est que douleur et volupté ! Chaque rayon d'humide flamme Qui jaillit de vos yeux si doux ; Chaque soupir qui de mon âme S'élance et palpite vers vous ; Chaque parole réprimée Qui meurt sur mes lèvres de feu, N'osant même à la fleur aimée D'un nom chéri livrer l'aveu ; Ces songes que la nuit fait naître Comme pour nous venger du jour, Tout prend un corps, une âme, un être, Visibles, mais au seul amour ! Cet ange flottant des prairies, Pâle et penché comme ses lis, C'est une de mes rêveries Restée aux fleurs que je cueillis. Et sur ses ailes renversées Celui qui jouit d'expirer, Ce n'est qu'une de mes pensées Que vos lèvres vont respirer.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Les fleurs Ô terre, vil monceau de boue Où germent d'épineuses fleurs, Rendons grâce à Dieu, qui secoue Sur ton sein ses fraîches couleurs ! Sans ces urnes où goutte à goutte Le ciel rend la force à nos pas, Tout serait désert, et la route Au ciel ne s'achèverait pas. Nous dirions : — À quoi bon poursuivre Ce sentier qui mène au cercueil ? Puisqu'on se lasse en vain à vivre, Mieux vaut s'arrêter sur le seuil. — Mais pour nous cacher les distances, Sur le chemin de nos douleurs Tu sèmes le sol d'espérances, Comme on borde un linceul de fleurs ! Et toi, mon cœur, cœur triste et tendre, Où chantaient de si fraîches voix ; Toi qui n'es plus qu'un bloc de cendre Couvert de charbons noirs et froids, Ah ! laisse refleurir encore Ces lueurs d'arrière-saison ! Le soir d'été qui s'évapore Laisse une pourpre à l'horizon. Oui, meurs en brûlant, ô mon âme, Sur ton bûcher d'illusions, Comme l'astre éteignant sa flamme S'ensevelit dans ses rayons !

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Les pavots Lorsque vient le soir de la vie, Le printemps attriste le cœur : De sa corbeille épanouie Il s'exhale un parfum moqueur. De toutes ces fleurs qu'il étale, Dont l'amour ouvre le pétale, Dont les prés éblouissent l'œil, Hélas ! il suffit que l'on cueille De quoi parfumer d'une feuille L'oreiller du lit d'un cercueil. Cueillez-moi ce pavot sauvage Qui croît à l'ombre de ces blés : On dit qu'il en coule un breuvage Qui ferme les yeux accablés. J'ai trop veillé ; mon âme est lasse De ces rêves qu'un rêve chasse. Que me veux-tu, printemps vermeil ? Loin de moi ces lis et ces roses ! Que faut-il aux paupières closes ? La fleur qui garde le sommeil !

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Fleur Solitaire À Madame de Bertha. Par un soir ténébreux de l'arrière-saison. Dans un coup de rafale une graine emportée, Tombant contre les murs d'une haute prison, Entre de vieux pavés mal joints s'est arrêtée. Dans ce lit de hasard elle dort tout l'hiver, Sous des blocs de granit froidement inhumée ; Mais quand au tiède avril le ciel bleu s'est ouvert, Elle tressaille et germe où le vent l'a semée. Alors, comme sortant d'un funèbre sommeil, Elle émerge à grand'peine et s'exhausse de terre, Et d'un suprême effort aspirant au soleil Elle frémit d'espoir, la pauvre solitaire. Puis, grâce à de longs jets flexibles et rampants, S'attachant par saut brusque ou par lente caresse, Comme la vigne vierge et les rosiers grimpants, Elle escalade enfin la haute forteresse. Quand elle arrive au bout de son rude chemin, Montant jusqu'au rebord d'une étroite fenêtre, Elle étale sa fleur près d'un visage humain Qu'elle a vu triste et pâle à la grille apparaître. À plein cœur exhalant son parfum printanier, La fleur s'épanouit... et meurt dans la soirée ; Mais elle s'est ouverte aux yeux du prisonnier, Qui seul a pu la voir, qui seul l'a respirée.

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    La fleur des poètes Chacun, comme un trésor, garde au fond de son ame Le parfum préféré de quelque chère fleur, Et dans tous nos pensers, sur le plus sombre drame Ce souvenir lointain épanche sa fraîcheur. Au lilas, confident de sa longue douleur, Valmore de son chant suspend l'aile de flamme, Et sur la véronique, image de son cœur, Tastu laisse tomber le soupir de la femme. Le chaste amant d'Elvire au pied de l'amandier S'arrête pour cueillir une branche, et Nodier D'une grâce rêveuse a doué l'anémone ; Ah ! si parmi ces fleurs tu t'élevais un jour, Blanc jasmin qui jadis, par un beau soir d'au tomne, Reçus les larmes d'or de mon premier amour !

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Une fleur Hier, lorsqu'au matin sonnait la dixième heure, J'allais, et je ne sais comment il arriva Que je me retrouvai devant votre demeure, Je ne sais où j'allais, mais je me trouvai là. Et de tristes pensers dans mon sein murmurèrent, Tristesses que le cœur exhale en les chantant, Et ces pensers vers vous doucement s'élevèrent, Comme un parfum des bois qui s'épure en montant. Et j'avais une fleur, messagère odorante Des premières senteurs du printemps revenu, La porte était ouverte, et d'une main tremblante J'y jetai cette fleur, et m'enfuis tout ému. Va ! ton destin est beau, pauvre fleur printanière, Car peut-être sur toi son regard tombera ; Tes feuilles vont mourir éparses sur la terre, Mais peut-être, en passant, son pied te foulera.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Rêve Oh ! la fleur de lys ! La noble fleur blanche, La fleur qui se penche Sur nos fronts pâlis ! Son parfum suave Plus doux que le miel Raconte le ciel, Console l'esclave. Son luxe éclatant Dans la saison douce Pousse, pousse, pousse. Qui nous orne autant ? La rose est coquette ; Le glaïeul sanglant Mais le lys est blanc Pour la grande fête. Oh ! le temps des rois, Des grands capitaines, Des phrases hautaines Aux étrangers froids ! Le printemps s'apprête ; Les lys vont fleurir. Oh ! ne pas mourir Avant cette fête.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    À une tulipe Ô rare fleur, ô fleur de luxe et de décor, Sur ta tige toujours dressée et triomphante, Le Velasquez eût mis à la main d’une infante Ton calice lamé d’argent, de pourpre et d’or. Mais, détestant l’amour que ta splendeur enfante, Maîtresse esclave, ainsi que la veuve d’Hector, Sous la loupe d’un vieux, inutile trésor, Tu t’alanguis dans une atmosphère étouffante. Tu penses à tes sœurs des grands parcs, et tu peux Regretter le gazon des boulingrins pompeux, La fraîcheur du jet d’eau, l’ombrage du platane ; Car tu n’as pour amant qu’un bourgeois de Harlem, Et dans la serre chaude, ainsi qu’en un harem, S’exhalent sans parfum tes ennuis de sultane.

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    La violette Douce violette, Vierge humble et discrète, Fille de nos bois, Dis-moi dans quels songes Ainsi tu te plonges Sans joie et sans voix ? — Sans voix, non sans joie, Car Dieu m'en envoie : J'écoute un oiseau ; Son chant me fait fête, Et moi, fleur muette, Je me dis : c'est beau !

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    La rose Quand la rose s'entr'ouvre, heureuse d'être belle, De son premier regard elle enchante autour d'elle Et le bosquet natal et les airs et le jour. Dès l'aube elle sourit ; la brise avec amour Sur le buisson la berce, et sa jeune aile errante Se charge en la touchant d'une odeur enivrante ; Confiante, la fleur livre à tous son trésor. Pour la mieux respirer en passant on s'incline ; Nous sommes déjà loin, mais la senteur divine Se répand sur nos pas et nous parfume encor.

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    Louise Colet

    Louise Colet

    @louiseColet

    Les fleurs que j'aime Fleurs arrosées Par les rosées Du mois de mai, Que je vous aime ! Vous que parsème L'air embaumé ! Par vos guirlandes, Les champs, les landes Sont diaprés : La marguerite Modeste habite Au bord des prés. Le bluet jette Sa frêle aigrette Dans la moisson ; Et sur les roches Pendent les cloches Du liseron. Le chèvrefeuille Mêle sa feuille Au blanc jasmin, Et l'églantine Plie et s'incline Sur le chemin. Coupe d'opale, Sur l'eau s'étale Le nénufar ; La nonpareille Offre à l'abeille Son doux nectar. Sur la verveine Le noir phalène Vient reposer ; La sensitive Se meurt, craintive, Sous un baiser. De la pervenche La fleur se penche Sur le cyprès ; L'onde qui glisse Voit le narcisse Fleurir tout près. Fleurs virginales, A vos rivales, Roses et lis, Je vous préfère, Quand je vais faire Dans les taillis Une couronne Dont j'environne Mes blonds cheveux, Ou que je donne A la Madone Avec mes vœux.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Les fleurs Oh ! de l'air ! des parfums ! des fleurs pour me nourrir ! Il semble que les fleurs alimentent ma vie ; Mais elles vont mourir.... Ah ! je leur porte envie : Mourir jeune, au soleil, Dieu ! que c'est bien mourir ! Pour éteindre une fleur il faut moins qu'un orage : Moi, je sais qu'une larme effeuille le bonheur. À la fleur qu'on va fuir qu'importé un long courage ? Heureuse, elle succombe à son premier malheur ! Roseaux moins fortunés, les vents, dans leur furie, Vous outragent longtemps sans briser votre sort ; Ainsi, roseau qui marche en sa gloire flétrie, L'homme achète longtemps le bienfait de la mort ! Et moi, je veux des fleurs pour appuyer ma vie ; A leurs frêles parfums j'ai de quoi me nourrir : Mais elles vont mourir.... Ah ! je leur porte envie ; Mourir jeune, au soleil, Dieu ! que c'est bien mourir !

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Fleurs d'aurore Comme au printemps de l'autre année, Au mois des fleurs, après les froids, Par quelque belle matinée, Nous irons encore sous bois. Nous y verrons les mêmes choses, Le même glorieux réveil, Et les mêmes métamorphoses De tout ce qui vit au soleil. Nous y verrons les grands squelettes Des arbres gris, ressusciter, Et les yeux clos des violettes À la lumière palpiter. Sous le clair feuillage vert tendre, Les tourterelles des buissons, Ce jour-là, nous feront entendre Leurs lentes et molles chansons. Ensemble nous irons encore Cueillir dans les prés, au matin, De ces bouquets couleur d'aurore Qui fleurent la rose et le thym. Nous y boirons l'odeur subtile, Les capiteux aromes blonds Que, dans l'air tiède et pur, distille La flore chaude des vallons. Radieux, secouant le givre Et les frimas de l'an dernier, Nos chers espoirs pourront revivre Au bon vieux soleil printanier. En attendant que tout renaisse, Que tout aime et revive un jour, Laisse nos rêves, ô jeunesse, S'envoler vers tes bois d'amour ! Chère idylle, tes primevères Éclosent en toute saison ; Elles narguent les froids sévères Et percent la neige à foison. Éternel renouveau, tes sèves Montent même aux coeurs refroidis, Et tes capiteuses fleurs brèves Nous grisent comme au temps jadis. Oh ! oui, nous cueillerons encore, Aussi frais qu'à l'autre matin, Ces beaux bouquets couleur d'aurore Qui fleurent la rose et le thym.

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    N

    Nérée Beauchemin

    @nereeBeauchemin

    Fleurs d'hiver Au poète qui m'applaudit. Ton applaudissement, divin poète, inspire L'humble songeur dont l'âme impétueuse aspire Au lyrisme infini des cieux. Il m'exalte déjà, ce bravo qui m'honore. Ma strophe bat de l'aile et s'élance, sonore ; Son vol est plus harmonieux. Avais-je quelque droit à ta brillante estime ? Que t'offrir, en retour de cet accueil intime, Rival des immortels chanteurs ? Des roses ? Les frimas les ont ensevelies ; Je chercherais en vain leurs corolles pâlies Et leurs embaumantes senteurs. Que dis-je ? j'oubliais que la neige étincelle, Et que ce ciel, taché de nuages, recèle La grêle et le givre argentin. Le ciel est gris, la terre est froide. Les rafales Pour longtemps ont éteint les flammes triomphales, Les pourpres clartés du matin. Plus de fleurs à cueillir dans l'herbe des prairies ! Plus de vers à glaner au jardin de féeries Où la rime éclôt à foison. Pareils à ces oiseaux frileux qu'octobre chasse, Nos rêves ont quitté ce triste azur de glace Pour le bleu d'un autre horizon. Grelottant, dans l'air gris, le soleil de décembre Se couche, et déjà vient la brune, et, dans ma chambre, Comme dans un bois, il fait noir. Salut, petit soleil des hâtives veillées, Qui brilles, vague, pâle, aux vitres étoilées, Poétique lampe du soir ! À petit bruit, la neige, au dehors, tombe lente, En légers flocons fins, sous la lune tremblante, Comme une poudre de cristal. Oh ! quelle floconneuse avalanche argentée ! Oh ! parmi ces blancheurs d'aube diamantée Comme il est beau, le toit natal ! Te redirai-je à toi le poète, l'artiste, L'exquise impression, à la fois douce et triste, Que nous donne le coin du feu ? Te dirai-je les doux pensers que nous suggère Le logis où les fleurs de la verte étagère Évoquent l'été frais et bleu ! Oh ! que la chambre est bonne, et qu'il est bon d'y vivre, Malgré le froid, malgré le vent, malgré le givre, Dans le calme et l'apaisement ! Le piano frémit : une voix veloutée S'élève et sa douceur, dans mon âme hantée, A réveillé l'amour dormant. Là-haut, dans la mansarde, on se meurt de misère ; Ici, dans les salons, comme dans une serre, Le bonheur embaume et fleurit. La volupté blasphème au fond du bouge infâme. Au foyer, Dieu descend : la mère en pleurs se pâme Aux lèvres de l'ange qui rit ; Le chapelet aux doigts, l'aïeule s'agenouille. Et moi, je joins les mains, et mon regard se mouille, Et je te bénis, ô Dieu bon ! Par ton charme, ô foyer natal, par ta magie, L'hiver est sans frissons, sans deuil, sans nostalgie. Douce maison, douce maison ! Poète, en attendant que le printemps renaisse, Et redonne aux forêts leur robe de jeunesse Et leur éclatant voile vert ; En attendant qu'Avril ensoleille et colore Ces chaudes floraisons qu'un souffle fait éclore, Reçois ces pâles fleurs d'hiver.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    La fleur d'orange Madrigal. Du palais d'émeraude où la riche nature M'a fait naître et régner avecque majesté, Je viens pour adorer la divine beauté Dont le soleil n'est rien qu'une faible peinture. Si je n'ai point l'éclat ni les vives couleurs Qui font l'orgueil des autres fleurs, Par mes odeurs je suis plus accomplie, Et par ma pureté plus digne de Julie. Je ne suis point sujette au fragile destin De ces belles infortunées, Qui meurent dès qu'elles sont nées, Et de qui les appas ne durent qu'un matin ; Mon sort est plus heureux, et le ciel favorable Conserve ma fraîcheur et la rend plus durable. Ainsi, charmant objet, rare présent des cieux, Pour mériter l'honneur de plaire à vos beaux yeux, J'ai la pompe de ma naissance, Je suis en bonne odeur en tout temps, en tous lieux ; Mes beautés ont de la constance, Et ma pure blancheur marque mon innocence. J'ose donc me vanter, en vous offrant mes vœux, De vous faire moi seule une riche couronne, Bien plus digne de vos cheveux Que les plus belles fleurs que Zéphire vous donne : Mais, si vous m'accusez de trop d'ambition, Et d'aspirer plus haut que je ne devrais faire, Condamnez ma présomption, Et me traitez en téméraire ; Punissez, j'y consens, mon superbe dessein Par une sévère défense De m'élever plus haut que jusqu'à votre sein ; Et ma punition sera ma récompense.

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    Pierre Corneille

    Pierre Corneille

    @pierreCorneille

    La tulipe Madrigal Au soleil. Bel astre à qui je dois mon être et ma beauté, Ajoute l’immortalité A l’éclat non pareil dont je suis embellie ; Empêche que le temps n’efface mes couleurs : Pour trône donne-moi le beau front de Julie ; Et, si cet heureux sort à ma gloire s’allie, Je serai la reine des fleurs.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    La bouture Au temps où les plaines sont vertes, Où le ciel dore les chemins, Où la grâce des fleurs ouvertes Tente les lèvres et les mains, Au mois de mai, sur sa fenêtre, Un jeune homme avait un rosier ; Il y laissait les roses naître Sans les voir ni s'en soucier ; Et les femmes qui d'aventure Passaient près du bel arbrisseau, En se jouant, pour leur ceinture Pillaient les fleurs du jouvenceau. Sous leurs doigts, d'un précoce automne Mourait l'arbuste dévasté ; Il perdit toute sa couronne, Et la fenêtre sa gaîté ; Si bien qu'un jour, de porte en porte, Le jeune homme frappa, criant : « Qu'une de vous me la rapporte, La fleur qu'elle a prise en riant ! » Mais les portes demeuraient closes. Une à la fin pourtant s'ouvrit : « Ah ! Viens, dit en montrant des roses Une vierge qui lui sourit ; Je n'ai rien pris pour ma parure ; Mais sauvant le dernier rameau, Vois ! J'en ai fait cette bouture, Pour te le rendre un jour plus beau. »

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    S

    Sophie d'Arbouville

    @sophieDarbouville

    Pétition d'une fleur Pauvre fleur, qu'un rayon du soleil fit éclore, Pauvre fleur, dont les jours n'ont qu'une courte aurore, Il me faut, au printemps, le soleil du bon Dieu, Et quand l'hiver arrive, un asile et du feu. On m'a dit — j'en frémis ! — qu'au foyer de la serre Je n'aurai plus ma place, et mourrai sur la terre Au jour où l'hirondelle, en fuyant les frimas, Vole vers les pays où l'hiver ne vient pas. Et moi, qui de l'oiseau n'ai pas l'aile légère, Sur toi, contre le froid, j'avais compté, ma mère ! Pourquoi m'abandonner ? Pauvre petite fleur, Ne t'ai-je pas offert l'éclat de ma couleur, Mon suave parfum, jusqu'aux jours de l'automne ? Ne t'ai-je pas donné ce que le ciel me donne ? Si tu savais, ma mère, il est dans ce vallon, Non loin de ton domaine, un jeune papillon Qui versera des pleurs, et mourra de sa peine, En ne me voyant plus à la saison prochaine. Des sucs des autres fleurs ne voulant se nourrir, Fidèle à son amie, il lui faudra mourir !... Puis une abeille aussi, sur mon destin, s'alarme : Sur ses ailes j'ai vu briller plus d'une larme ; Elle m'aime, et m'a dit que jamais, sous le ciel, Jeune fleur dans son sein n'avait eu plus doux miel. Souvent une fourmi, contre le vent d'orage, Vient chercher vers le soir l'abri de mon feuillage. Te parlerai-je aussi de l'insecte filant, Qui, sur mes verts rameaux s'avançant d'un pas lent, De son réseau léger appuyé sur ma tige, À tout ce qui dans l'air ou bourdonne ou voltige, Tend un piège adroit, laborieux labeur Que ta main va détruire en détruisant ma fleur ? Et puis, quand vient la nuit, un petit ver qui brille Me choisit chaque soir, et son feu qui scintille, Lorsque mes sœurs n'ont plus pour elles que l'odeur, Me permet de montrer l'éclat de ma couleur. Tu vois, je suis aimée ! et cette heureuse vie, Me serait, à l'hiver, par tes ordres ravie ?... C'est ton or qui m'a fait quitter mon beau pays, Où, des froids ouragans je n'avais nuls soucis ; Aussi je pleurais bien au moment du voyage... — L'exil est un malheur qu'on comprend à tout âge ! Mais une vieille fleur, estimée en tous lieux, M'a dit qu'auprès de toi mon sort serait heureux ; Qu'elle avait souvenir, jusques en sa vieillesse, D'avoir fleuri pour toi du temps de sa jeunesse ; Qu'aussitôt qu'on te voit, t'aimer est un devoir, Qu'aimer paraît bien doux quand on vient de te voir ; Que tu n'as pas un cœur qui trompe l'espérance, Que les amis te sont plus chers dans la souffrance, Et que petite fleur, flétrie et sans odeur, Trouverait à l'hiver pitié pour son malheur ; Que tout ce qui gémit, s'incline, souffre et pleure, Cherche, sans se tromper, secours dans ta demeure ; Que, tes soins maternels éloignant les autans, Auprès de toi toujours on se croit au printemps ! Allons, construis pour nous une heureuse retraite, Et Dieu te bénira... car c'est lui qui m'a faite, Et simple fleur des champs, quoique bien loin des cieux, Comme le chêne altier, trouve place à ses yeux.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Les fleurs Des avalanches d’or du vieil azur, au jour Premier et de la neige éternelle des astres Jadis tu détachas les grands calices pour La terre jeune encore et vierge de désastres, Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin, Et ce divin laurier des âmes exilées Vermeil comme le pur orteil du séraphin Que rougit la pudeur des aurores foulées, L’hyacinthe, le myrte à l’adorable éclair Et, pareille à la chair de la femme, la rose Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair, Celle qu’un sang farouche et radieux arrose ! Et tu fis la blancheur sanglotante des lys Qui roulant sur des mers de soupirs qu’elle effleure A travers l’encens bleu des horizons pâlis Monte rêveusement vers la lune qui pleure ! Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs, Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes ! Et finisse l’écho par les célestes soirs, Extase des regards, scintillement des nimbes ! Ô Mère qui créas en ton sein juste et fort, Calices balançant la future fiole, De grandes fleurs avec la balsamique Mort Pour le poète las que la vie étiole.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    La petite fleur rose Du haut de la montagne, Près de Guadarrama, On découvre l'Espagne Comme un panorama. A l'horizon sans borne Le grave Escurial Lève son dôme morne, Noir de l'ennui royal ; Et l'on voit dans l'estompe Du brouillard cotonneux, Si loin que l'oeil s'y trompe, Madrid, point lumineux ! La montagne est si haute, Que ses flancs de granit N'ont que l'aigle pour hôte, Pour maison que son nid ; Car l'hiver pâle assiège Les pics étincelants, Tout argentés de neige, Comme des vieillards blancs. J'aime leur crête pure, Même aux tièdes saisons D'une froide guipure Bordant les horizons ; Les nuages sublimes, Ainsi que d'un turban Chaperonnant leurs cimes De pluie et d'ouragan ; Le pin, dont les racines, Comme de fortes mains, Déchirent les ravines Sur le flanc des chemins, Et l'eau diamantée Qui, sous l'herbe courant, D'un caillou tourmentée, Chuchote un nom bien grand ! Mais, avant toute chose, J'aime, au coeur du rocher, La petite fleur rose, La fleur qu'il faut chercher !

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Le pot de fleurs Parfois un enfant trouve une petite graine Et tout d'abord, charmé de ses vives couleurs, Pour la planter il prend un pot de porcelaine Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs. Il s'en va. La racine en couleuvres s'allonge, Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ; Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge, Tant qu'il fasse éclater le ventre du vaisseau. L'enfant revient ; surpris, il voit la plante grasse Sur les débris du pot brandir ses verts poignards ; Il la veut arracher, mais la tige est tenace ; Il s'obstine, et ses doigts s'ensanglantent aux dards. Ainsi germa l'amour dans mon âme surprise ; Je croyais ne semer qu'une fleur de printemps : C'est un grand aloès dont la racine brise Le pot de porcelaine aux dessins éclatants.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Le spectre de la rose Soulève ta paupière close Qu'effleure un songe virginal ; Je suis le spectre d'une rose Que tu portais hier au bal. Tu me pris encore emperlée Des pleurs d'argent de l'arrosoir, Et parmi la fête étoilée Tu me promenas tout le soir. Ô toi qui de ma mort fus cause, Sans que tu puisses le chasser Toute la nuit mon spectre rose A ton chevet viendra danser. Mais ne crains rien, je ne réclame Ni messe, ni De Profundis ; Ce léger parfum est mon âme Et j'arrive du paradis. Mon destin fut digne d'envie : Pour avoir un trépas si beau, Plus d'un aurait donné sa vie, Car j'ai ta gorge pour tombeau, Et sur l'albâtre où je repose Un poète avec un baiser Ecrivit : Ci-gît une rose Que tous les rois vont jalouser.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    La pauvre fleur La pauvre fleur disait au papillon céleste — Ne fuis pas ! Vois comme nos destins sont différents. Je reste, Tu t'en vas ! Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes Et loin d'eux, Et nous nous ressemblons, et l'on dit que nous sommes Fleurs tous deux ! Mais, hélas ! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne. Sort cruel ! Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine Dans le ciel ! Mais non, tu vas trop loin ! — Parmi des fleurs sans nombre Vous fuyez, Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre À mes pieds ! Tu fuis, puis tu reviens, puis tu t'en vas encore Luire ailleurs. Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore Toute en pleurs ! Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles, Ô mon roi, Prends comme moi racine, ou donne-moi des ailes Comme à toi !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Les paupières des fleurs Les paupières des fleurs, de larmes toujours pleines, Ces visages brumeux qui, le soir, sur les plaines Dessinent les vapeurs qui vont se déformant, Ces profils dont l'ébauche apparaît dans le marbre, Ces yeux mystérieux ouverts sur les troncs d'arbre, Les prunelles de l'ombre et du noir firmament Qui rayonnent partout et qu'aucun mot ne nomme, Sont les regards de Dieu, toujours surveillant l'homme, Par le sombre penseur entrevus vaguement.

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