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Poésies de la collection dernières volontés

    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le volubilis Toi qui m'entends sans peur te parler de la mort, Parce que ton espoir te promet qu'elle endort Et que le court sommeil commencé dans son ombre S'achève au clair pays des étoiles sans nombre, Reçois mon dernier vœu pour le jour où j'irai Tenter seul, avant toi, si ton espoir dit vrai. Ne cultive au-dessus de mes paupières closes Ni de grands dahlias, ni d'orgueilleuses roses, Ni de rigides lis : ces fleurs montent trop haut. Ce ne sont pas des fleurs si fières qu'il me faut, Car je ne sentirais de ces raides voisines Que le tâtonnement funèbre des racines. Au lieu des dahlias, des roses et des lis, Transplante près de moi le gai volubilis Qui, familier, grimpant le long du vert treillage Pour denteler l'azur où ton âme voyage, Forme de ta beauté le cadre habituel Et fait de ta fenêtre un jardin dans le ciel. Voilà le compagnon que je veux à ma cendre : Flexible, il saura bien jusque vers moi descendre. Quand tu l'auras baisé, chérie, en me nommant, Par quelque étroite fente il viendra doucement, Messager de ton cœur, dans ma suprême couche, Fleurir de ton espoir le néant de ma bouche.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Coquetterie posthume Quand je mourrai, que l'on me mette, Avant de clouer mon cercueil, Un peu de rouge à la pommette, Un peu de noir au bord de l'oeil. Car je veux dans ma bière close, Comme le soir de son aveu, Rester éternellement rose Avec du kh'ol sous mon oeil bleu. Pas de suaire en toile fine, Mais drapez-moi dans les plis blancs De ma robe de mousseline, De ma robe à treize volants. C'est ma parure préférée ; Je la portais quand je lui plus. Son premier regard l'a sacrée, Et depuis je ne la mis plus. Posez-moi, sans jaune immortelle, Sans coussin de larmes brodé, Sur mon oreiller de dentelle De ma chevelure inondé. Cet oreiller, dans les nuits folles, A vu dormir nos fronts unis, Et sous le drap noir des gondoles Compté nos baisers infinis. Entre mes mains de cire pâle, Que la prière réunit, Tournez ce chapelet d'opale, Par le pape à Rome bénit : Je l'égrènerai dans la couche D'où nul encor ne s'est levé ; Sa bouche en a dit sur ma bouche Chaque Pater et chaque Ave.

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