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Songes

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Songes

Poésies de la collection songes

    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Tu peux bien ne pas revenir Tu peux bien ne pas revenir Si c’est à présent ton envie ; Mais redoute mon souvenir, Qui, malgré toi, t’aura suivie Dans les songes des nuits d’été Des étoiles étaient écloses. Ton pied cher, sans but arrêté. A perdu le chemin des roses Il n’est de loin pas de retour. Les sources claires sont taries Où tu mirais ton pauvre amour... Les petites fleurs sont flétries !

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Blotti comme un Oiseau Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid, Les yeux sur ton profil, je songe à l'infini... Immobile sur les coussins brodés, j'évoque L'enchantement ancien, la radieuse époque, Et les rêves au ciel de tes yeux verts baignés ! Et je revis, parmi les objets imprégnés De ton parfum intime et cher, l'ancienne année Celle qui flotte encor dans ta robe fanée... Je t'aime ingénument. Je t'aime pour te voir. Ta voix me sonne au cœur comme un chant dans le soir. Et penché sur ton cou, doux comme les calices, J'épuise goutte à goutte, en amères délices, Pendant que mon soleil décroît à l'horizon Le charme douloureux de l'arrière-saison.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    En songe, souhait et pensée En songe, souhait et pensée, Vous vois chaque jour de semaine ; Combien qu'êtes de moi lointaine, Belle, très loyalement aimée. Pour ce qu'êtes le mieux parée De toute plaisance mondaine, En songe, souhait et pensée, Vous vois chaque jour de semaine. De tout vous ai l'amour donné ; Vous en pouvez être certaine, Ma seule dame souveraine, De mon las cœur moult désirée, En songe, souhait et pensée.

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    Le songe Quand autrefois dans cette arène, Où tout mortel suit son chemin, En coureur que la gloire entraîne, Je m'élançais, l'âme sereine, Un flambeau brillant à la main ; Des Muses belliqueux élève, Quand je rêvais nobles assauts, Couronne et laurier, lyre et glaive, Étendards poudreux qu'on enlève, Baisers cueillis sous des berceaux ; Partout vainqueur, amant, poète, Pensais-je, hélas ! que mon flambeau Au lieu de triomphe et de fête, N'éclairerait que ma défaite Et mes ennuis jusqu'au tombeau ? La destinée à ma jeunesse Semblait sourire avec amour ; J'aimais la vie avec ivresse, Ainsi qu'on aime une maîtresse Avant la fin du premier jour. Il a fui, mon rêve éphémère... Tel, d'un sexe encore incertain, Un bel enfant près de sa mère Poursuit la flatteuse chimère De son doux rêve du matin. Tout s'éveille, et, lui, dort encore ; Déjà pourtant il n'est plus nuit ; L'aube blanchit devant l'Aurore ; Sous l'œil du Dieu qui la dévore, L'Aurore rougit et s'enfuit. Il dort son sommeil d'innocence ; Avec l'aube son front blanchit ; Puis par degrés il se nuance Avec l'Aurore qui s'avance Et qui bientôt s'y réfléchit. Un voile couvre sa prunelle Et cache le ciel à ses yeux ; Maison songe le lui révèle ; En songe, son âme étincelle Des rayons qui peignent les cieux. Ô coule, coule, onde nouvelle, Suis mollement ton cours vermeil ! Peux-tu jamais couler plus belle Que sous la grotte maternelle, Aux premiers rayons du soleil ? Que j'aime ce front sans nuage, Qu'arrose un plus frais coloris ! Bel enfant, quel charmant présage Parmi les fleurs de ton visage Fait soudain éclore un souris ? Dans la vie encore ignorée As-tu cru voir un bonheur pur ? Un ange te l'a-t-il montrée Brillante, sereine, azurée, À travers ses ailes d'azur ? Ou quelque bonne fée Urgèle, Promettant palais et trésor Au filleul mis sous sa tutelle, Pour te promener t'aurait-elle Ravi sur son nuage d'or ? Mais le soleil suit sa carrière, Et voilà qu'un rayon lancé De l'enfant perce la paupière ; Ses yeux s'ouvrent à la lumière ; Il pleure... le songe est passé !

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Notre chef-d'œuvre Ce qu'on rêva toute sa vie Rarement on peut l'accomplir ; Ta meilleure et plus haute envie, Dans l'ombre du cœur doit vieillir : Travaille, attends, combats, espère, Avant qu'ait pris forme sur terre Ton plus beau songe, il faut mourir.

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    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    Amours De tout temps mes amours furent des songes vagues ; Je n'ai causé tout bas qu'aux nymphes, dans les bois, Et, sur le bord des mers, ces sirènes, les vagues, Me font seules vibrer aux accords de leur voix. Mon âme est fiancée à l'humble solitude : Son chaste baiser plaît à mon front sérieux ; Je connais de profonds ombrages où l'étude A des charmes plus doux pour l'esprit et les yeux. Je suis l'amant rêveur des récifs et des grèves, L'insatiable amant du grand ciel inconnu ; Je ne retrouverai la vierge de mes rêves Qu'en l'immortel pays d'où mon cœur est venu. La vertu de l'amour, l'homme en a fait un crime ! Je ne veux pas aimer comme on aime ici-bas, Et ce cœur, façonné pour un élan sublime, Tant qu'il pourra monter ne se posera pas ! J'ai pourtant vu passer dans le vol de mes stances De blanches visions, filles de mon désir, Mais je n'aime d'amour que mes jeunes croyances : Espoir dans le printemps, et foi dans l'avenir !

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Un plus savant que moi, Paschal, ira songer Un plus savant que moi, Paschal, ira songer Avecques l'Ascréan dessus la double cime : Et pour être de ceux dont on fait plus d'estime, Dedans l'onde au cheval tout nu s'ira plonger. Quant à moi, je ne veux, pour un vers allonger, M'accourcir le cerveau : ni pour polir ma rime, Me consumer l'esprit d'une soigneuse lime, Frapper dessus ma table ou mes ongles ronger. Aussi veux-je, Paschal, que ce que je compose Soit une prose en rime ou une rime en prose, Et ne veux pour cela le laurier mériter. Et peut-être que tel se pense bien habile, Qui trouvant de mes vers la rime si facile, En vain travaillera, me voulant imiter.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Les songes et les fleurs Viens, si tu veux rêver d'amour, Viens tresser ta couronne au fond de la campagne : Voici l'heure, hâtons-nous, ô ma jeune compagne ! Les songes dans les fleurs se cachent tout le jour. De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ; Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin : Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes, Les songes et les fleurs ne seront plus demain. Viens chercher le fragile espoir, L'amandier le balance en sa fleur argentée : Viens ! nous le saisirons sur la tige agitée ; Dans un rêve d'amour il est doux de le voir. De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ; Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin. Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes, Les songes et les fleurs ne seront plus demain. Ne pose jamais sur ton sein L'effroi du meurtrier, la sombre mandragore ; De sa tige brisée un cri s'échappe encore, Avec le rêve affreux qui poursuit l'assassin. De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ; Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin : Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes, Les songes et les fleurs ne seront plus demain. Cherchons celui qui vient des cieux ; Il console en dormant la douleur méprisée : Des larmes de la nuit la vanille arrosée Parfume son sourire et son vol gracieux. De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ; Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin : Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes, Les songes et les fleurs ne seront plus demain.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Quand en songeant ma folâtre j'acolle Quand en songeant ma folâtre j'acolle, Laissant mes flancs sur les siens s'allonger, Et que, d'un branle habilement léger, En sa moitié ma moitié je recolle ! Amour, adonc si follement m'affole, Qu'un tel abus je ne voudroi changer, Non au butin d'un rivage étranger, Non au sablon qui jaunoie en Pactole. Mon dieu, quel heur, et quel consentement, M'a fait sentir ce faux recollement, Changeant ma vie en cent métamorphoses ! Combien de fois, doucement irrité, Suis-je ore mort, ore ressuscité, Entre cent lis et cent merveilles roses !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Pensée perdue Elle est si douce, la pensée, Qu'il faut, pour en sentir l'attrait, D'une vision commencée S'éveiller tout à coup distrait. Le cœur dépouillé la réclame ; Il ne la fait point revenir, Et cependant elle est dans l'âme, Et l'on mourrait pour la finir. À quoi pensais-je tout à l'heure ? À quel beau songe évanoui Dois-je les larmes que je pleure ? Il m'a laissé tout ébloui. Et ce bonheur d'une seconde, Nul effort ne me l'a rendu ; Je n'ai goûté de joie au monde Qu'en rêve, et mon rêve est perdu.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Un songe Le laboureur m'a dit en songe : « Fais ton pain, Je ne te nourris plus, gratte la terre et sème. » Le tisserand m'a dit : « Fais tes habits toi-même. » Et le maçon m'a dit : « Prends ta truelle en main. » Et seul, abandonné de tout le genre humain Dont je traînais partout l'implacable anathème, Quand j'implorais du ciel une pitié suprême, Je trouvais des lions debout dans mon chemin. J'ouvris les yeux, doutant si l'aube était réelle : De hardis compagnons sifflaient sur leur échelle, Les métiers bourdonnaient, les champs étaient semés. Je connus mon bonheur et qu'au monde où nous sommes Nul ne peut se vanter de se passer des hommes ; Et depuis ce jour-là je les ai tous aimés.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Un songe (II) À Jules Guiffrey. J'étais, j'entrais au tombeau Où mes aïeux rêvent ensemble. Ils ont dit : « La nuit lourde tremble ; Est-ce l'approche d'un flambeau, « Le signal de la nouvelle ère Qu'attend notre éternel ennui ? — Non, c'est l'enfant, a dit mon père : Je vous avais parlé de lui. « Il était au berceau ; j'ignore S'il nous vient jeune ou chargé d'ans. Mes cheveux sont tout blonds encore, Les tiens, mon fils, peut-être blancs « — Non, père, au combat de la vie Bientôt je suis tombé vaincu, L'âme pourtant inassouvie : Je meurs et je n'ai pas vécu. « — J'attendais près de moi ta mère : Je l'entends gémir au-dessus ! Ses pleurs ont tant mouillé la pierre Que mes lèvres les ont reçus. « Nous fûmes unis peu d'années Après de bien longues amours ; Toutes ses grâces sont fanées... Je la reconnaîtrai toujours. « Ma fille a connu mon visage : S'en souvient-elle ? Elle a changé. Parle-moi de son mariage Et des petits-enfants que j'ai. « — Un seul vous est né. — Mais toi-même, N'as-tu pas de famille aussi ? Quand on meurt jeune, c'est qu'on aime : Qui vas-tu regretter ici ? « — J'ai laissé ma sœur et ma mère Et les beaux livres que j'ai lus ; Vous n'avez pas de bru, mon père ; On m'a blessé, je n'aime plus. « — De tes aïeux compte le nombre : Va baiser leurs fronts inconnus, Et viens faire ton lit dans l'ombre À côté des derniers venus. « Ne pleure pas ; dors dans l'argile En espérant le grand réveil. — O père, qu'il est difficile De ne plus penser au soleil ! »

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Aimons-nous et dormons Aimons-nous et dormons Sans songer au reste du monde ! Ni le flot de la mer, ni l'ouragan des monts, Tant que nous nous aimons Ne courbera ta tête blonde, Car l'amour est plus fort Que les Dieux et la Mort ! Le soleil s'éteindrait Pour laisser ta blancheur plus pure. Le vent, qui jusqu'à terre incline la forêt, En passant n'oserait Jouer avec ta chevelure, Tant que tu cacheras Ta tête entre mes bras ! Et lorsque nos deux cœurs S'en iront aux sphères heureuses Où les célestes lys écloront sous nos pleurs, Alors, comme deux fleurs Joignons nos lèvres amoureuses, Et tâchons d'épuiser La Mort dans un baiser !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Du songe universel Du songe universel notre pensée est faite ; Et le dragon était consulté du prophète, Et jadis, dans l'horreur des antres lumineux, Entr'ouvrant de leur griffe ou tordant en leurs noeuds D'effrayants livres pleins de sinistres passages, Les monstres chuchotaient à l'oreille des sages.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Elle est gaie et pensive Elle est gaie et pensive ; elle nous fait songer À tout ce qui reluit malgré de sombres voiles, Aux bois pleins de rayons, aux nuits pleines d'étoiles. L'esprit en la voyant s'en va je ne sais où. Elle a tout ce qui peut rendre un pauvre homme fou. Tantôt c'est un enfant, tantôt c'est une reine. Hélas ! quelle beauté radieuse et sereine ! Elle a de fiers dédains, de charmantes faveurs, Un regard doux et bleu sous de longs cils rêveurs, L'innocence, et l'amour qui sans tristesse encore Flotte empreint sur son front comme une vague aurore, Et puis je ne sais quoi de calme et de vainqueur ! Et le ciel dans ses yeux met l'enfer dans mon coeur !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Jeanne songeait Jeanne songeait, sur l'herbe assise, grave et rose ; Je m'approchai : - Dis-moi si tu veux quelque chose, Jeanne ? — car j'obéis à ces charmants amours, Je les guette, et je cherche à comprendre toujours Tout ce qui peut passer par ces divines têtes. Jeanne m'a répondu : — je voudrais voir des bêtes. Alors je lui montrai dans l'herbe une fourmi. — Vois ! Mais Jeanne ne fut contente qu'à demi. — Non, les bêtes, c'est gros, me dit-elle. Leur rêve, C'est le grand. L'océan les attire à sa grève, Les berçant de son chant rauque, et les captivant Par l'ombre, et par la fuite effrayante du vent ; Ils aiment l'épouvante, il leur faut le prodige. — Je n'ai pas d'éléphant sous la main, répondis-je. Veux-tu quelque autre chose ? ô Jeanne, on te le doit ! Parle. — Alors Jeanne au ciel leva son petit doigt. — Ça, dit-elle. — C'était l'heure où le soir commence. Je vis à l'horizon surgir la lune immense.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Mille chemins, un seul but Le chasseur songe dans les bois À des beautés sur l'herbe assises, Et dans l'ombre il croit voir parfois Danser des formes indécises. Le soldat pense à ses destins Tout en veillant sur les empires, Et dans ses souvenirs lointains Entrevoit de vagues sourires. Le pâtre attend sous le ciel bleu L'heure où son étoile paisible Va s'épanouir, fleur de feu, Au bout d'une tige invisible. Regarde-les, regarde encor Comme la vierge, fille d'Ève, Jette en courant dans les blés d'or Sa chanson qui contient son rêve ! Vois errer dans les champs en fleur, Dos courbé, paupières baissées, Le poète, cet oiseleur, Qui cherche à prendre des pensées. Vois sur la mer les matelots Implorant la terre embaumée, Lassés de l'écume des flots, Et demandant une fumée ! Se rappelant quand le flot noir Bat les flancs plaintifs du navire, Les hameaux si joyeux le soir, Les arbres pleins d'éclats de rire ! Vois le prêtre, priant pour tous, Front pur qui sous nos fautes penche, Songer dans le temple, à genoux Sur les plis de sa robe blanche. Vois s'élever sur les hauteurs Tous ces grands penseurs que tu nommes, Sombres esprit dominateurs, Chênes dans la forêt des hommes. Vois, couvant des yeux son trésor, La mère contempler, ravie, Son enfant, cœur sans ombre encor, Vase que remplira la vie ! Tous, dans la joie ou dans l'affront, Portent, sans nuage et sans tache, Un mot qui rayonne à leur front, Dans leur âme un mot qui se cache. Selon les desseins du Seigneur, Le mot qu'on voit pour tous varie ; – L'un a : Gloire ! l'autre a : Bonheur ! L'un dit : Vertu ! l'autre : Patrie ! Le mot caché ne change pas. Dans tous les cœurs toujours le même ; Il y chante ou gémit tout bas ; Et ce mot, c'est le mot suprême ! C'est le mot qui peut assoupir L'ennui du front le plus morose ! C'est le mystérieux soupir Qu'à toute heure fait toute chose ! C'est le mot d'où les autres mots Sortent comme d'un tronc austère, Et qui remplit de ses rameaux Tous les langages de la terre ! C'est le verbe, obscur ou vermeil, Qui luit dans le reflet des fleuves, Dans le phare, dans le soleil, Dans la sombre lampe des veuves ! Qui se mêle au bruit des roseaux, Au tressaillement des colombes ; Qui jase et rit dans les berceaux, Et qu'on sent vivre au fond des tombes ! Qui fait éclore dans les bois Les feuilles, les souffles, les ailes, La clémence au cœur des grands rois, Le sourire aux lèvres des belles ! C'est le nœud des prés et des eaux ! C'est le charme qui se compose Du plus tendre cri des oiseaux, Du plus doux parfum de la rose ! C'est l'hymne que le gouffre amer Chante en poussant au port des voiles ! C'est le mystère de la mer, Et c'est le secret des étoiles ! Ce mot, fondement éternel De la seconde des deux Romes, C'est Foi dans la langue du ciel, Amour dans la langue des hommes ! Aimer, c'est avoir dans les mains Un fil pour toutes les épreuves, Un flambeau pour tous les chemins, Une coupe pour tous les fleuves ! Aimer, c'est comprendre les cieux. C'est mettre, qu'on dorme ou qu'on veille, Une lumière dans ses yeux, Une musique en son oreille ! C'est se chauffer à ce qui bout ! C'est pencher son âme embaumée Sur le côté divin de tout ! Ainsi, ma douce bien-aimée, Tu mêles ton cœur et tes sens, Dans la retraite où tu m'accueilles, Aux dialogues ravissants Des flots, des astres et des feuilles ! La vitre laisse voir le jour ; Malgré nos brumes et nos doutes, Ô mon ange ! à travers l'amour Les vérités paraissent toutes ! L'homme et la femme, couple heureux, À qui le cœur tient lieu d'apôtre, Laissent voir le ciel derrière eux, Et sont transparents l'un pour l'autre. Ils ont en eux, comme un lac noir Reflète un astre en son eau pure, Du Dieu caché qu'on ne peut voir Une lumineuse figure ! Aimons ! prions ! les bois sont verts, L'été resplendit sur la mousse, Les germes vivent entr'ouverts, L'onde s'épanche et l'herbe pousse ! Que la foule, bien loin de nous Suive ses routes insensées. Aimons, et tombons à genoux, Et laissons aller nos pensées ! L'amour, qu'il vienne tôt ou tard, Prouve Dieu dans notre âme sombre. Il faut bien un corps quelque part Pour que le miroir ait une ombre. Le 23 mai 1839.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Vieille chanson du jeune temps Je ne songeais pas à Rose ; Rose au bois vint avec moi ; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. J'étais froid comme les marbres ; Je marchais à pas distraits ; Je parlais des fleurs, des arbres Son oeil semblait dire : " Après ? " La rosée offrait ses perles, Le taillis ses parasols ; J'allais ; j'écoutais les merles, Et Rose les rossignols. Moi, seize ans, et l'air morose ; Elle, vingt ; ses yeux brillaient. Les rossignols chantaient Rose Et les merles me sifflaient. Rose, droite sur ses hanches, Leva son beau bras tremblant Pour prendre une mûre aux branches Je ne vis pas son bras blanc. Une eau courait, fraîche et creuse, Sur les mousses de velours ; Et la nature amoureuse Dormait dans les grands bois sourds. Rose défit sa chaussure, Et mit, d'un air ingénu, Son petit pied dans l'eau pure Je ne vis pas son pied nu. Je ne savais que lui dire ; Je la suivais dans le bois, La voyant parfois sourire Et soupirer quelquefois. Je ne vis qu'elle était belle Qu'en sortant des grands bois sourds. " Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle. Depuis, j'y pense toujours. Paris, juin 1831.

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    Le songe Le sommeil a touché ses yeux ; Sous des pavots délicieux Ils se ferment, et son cœur veille, À l'erreur ses sens sont livrés. Sur son visage, par degrés, La rose devient plus vermeille ; Sa main semble éloigner quelqu'un ; Sur le duvet elle s'agite ; Son sein impatient palpite, Et repousse un voile importun. Enfin, plus calme et plus paisible, Elle retombe mollement ; Et de sa bouche lentement S'échappe un murmure insensible. Ce murmure plein de douceur Ressemble au souffle de Zéphyre, Quand il passe de fleur en fleur ; C'est la volupté qui soupire ; Oui, ce sont les gémissements D'une vierge de quatorze ans, Qui, dans un songe involontaire, Voit une bouche téméraire Effleurer ses appas naissants, Et qui dans ses bras caressants, Presse un époux imaginaire. Le sommeil doit être charmant, Justine, avec un tel mensonge ; Mais plus heureux encor l'amant Qui peut causer un pareil songe !

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    Le songe (I) Corrigé par tes beaux discours J'avais résolu d'être sage, Et dans un accès de courage Je congédiais les amours Et les chimères du bel âge. La nuit vint ; un profond sommeil Ferma mes paupières tranquilles ; Tous mes songes étaient faciles ; Je ne craignais point le réveil. Mais quand l'aurore impatiente, Blanchissant l'ombre de la nuit, À la nature renaissante Annonça le jour qui la suit : L'amour vint s'offrir à ma vue ; Le sourire le plus charmant Errait sur sa bouche ingénue ; Je le reconnus aisément. Il s'approcha de mon oreille. Tu dors, me dit-il doucement, Et tandis que ton cœur sommeille, L'heure s'écoule incessamment. Ici bas tout se renouvelle, L'homme seul vieillit sans retour ; Son existence n'est qu'un jour Suivi d'une nuit éternelle, Mais encor trop long sans amour. À ces mots j'ouvris la paupière ; Adieu sagesse, adieu projets ; Revenez, enfants de Cythère, Je suis plus faible que jamais.

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